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Critique de saigneurdeguerre


2006 – Jour 1 + 4 heures.

Le commissaire Guillaume Lavallée sort de son sommeil. Violemment ! La sonnerie de son téléphone hurle. A l'autre bout du fil, un policier. Un corps vient d'être découvert dans une forêt des Ardennes belges, à deux pas de la frontière française, du côté de Vresse-sur-Semois.
A force de dormir tout habillé, les vêtements du commissaire ne sont pas très frais. Lui non plus !
Arrivé sur les lieux, il constate qu'un autre commissaire est présent : Brissack !
La zone où le corps a été découvert a déjà été délimitée par les policiers présents sur place. Les deux commissaires, chacun d'un côté, effectuent « le tour du propriétaire ». Un bras dépasse. Soudain, Brissack ordonne à Guillaume de ne plus avancer en direction du cadavre… Comme on dit à Bruxelles, il y a un stuuut ! Un gros problème, quoi ! le corps est celui de Françoise ! Quelle Françoise ? Mais l'épouse du commissaire Lavallée, bien sûr !

Critique :

Pour son premier roman, Christian Joosten s'en va assassiner une pauvre femme dont il dissimule le corps dans la forêt, dans la splendide région de Vresse-sur-Semois qui jouxte les Ardennes françaises, au point que la plus grande ville du coin est… Charleville-Mézières, ville de la région du Grand Est. Cela commence plutôt mal pour le commissaire Guillaume Lavallée, héros de ce roman que tout semble désigner comme un coupable parfait. C'est vrai, quoi ! le bougre avait de bonnes raisons de se séparer d'une façon, un peu radicale, mais définitive, de celle qui fut son épouse et à qui il avait quelques reproches à adresser, autres qu'une vaisselle mal lavée.
Reconnaissez que monsieur Joosten semble déjà en avoir marre de son héros puisque celui-ci est, a priori, destiné à devenir un personnage récurent de la série Noir Corbeau, comme l'est déjà Stanislas Barberian, de l'écrivain Francis Groff. Alors, lui coller une cible dans le dos « coupable » dans une des régions les moins peuplées de Belgique où tout le monde connaît tout le monde, c'est pratiquement le condamner aux galères. (Oui, je sais, il n'y a jamais eu de galériens en Belgique. C'est juste une expression. Oh ! Cessez de m'interrompre tout le temps ! C'est barbant à la fin !) Alors, Guillaume Lavallée va-t-il atteindre des sommets dans une enquête seul contre tous (jeu de mots subtil pour vérifier si vous suivez… Lavallée ! Sommets ! Ok ! Laissez tomber !). C'est ce que vous découvrirez en lisant « le Roi de la Forêt ». Faut tout de même que je précise que Françoise était l'épouse de Guillaume, que d'après le légiste, à vue de nez, elle serait morte étranglée depuis environ deux semaines… Et qu'elle a quitté le domicile conjugal voilà neuf jours selon les dires du commissaire Lavallée, époux de la défunte. Et non, elle n'a pas quitté la maison pour se livrer à quelques emplettes, mais bien pour aller rejoindre Guillaume ne sait qui ni où… Avouez que le petit Guillaume fait tout de même « suspect idéal », non ? D'ailleurs, son supérieur, le chef du secteur, Gaston Herault, rien qu'aux regards qu'il lui lance, laisse clairement supposer que Lavallée est coupable ! Faut dire, braves gens, que Lavallée aurait très bien pu occuper le poste de Herault… Sauf que Herault joue au tennis, avec les bonnes personnes, celles qui comptent… Et puis, Herault a tiré… C'est un héros, lui !
Ah, oui, petit détail ! du trou où se trouvait le cadavre de sa femme, on extrait un squelette ! Ouille ! On passe d'un simple meurtre, probablement « passionnel », à une affaire de « serial killer » …

Vous voulez mon avis ? … Non ? … Je vous le donne quand même ! Christian Joosten vient enrichir la collection Noir Corbeau en visitant un coin de Belgique qui n'avait pas encore eu les honneurs d'un polar de cette géniale collection et en apportant un personnage de flic assez « courant », le genre mec pas très frais, un peu négligé, faut dire que la séparation d'avec sa femme a laissé quelques traces. Il fume. (Va tout de même falloir penser à créer des personnages de flics non-fumeurs, parce que ceux qui ne se feront pas descendre par des voyous vont tous développer un cancer du poumon, c'est sûr ! A moins que ce ne soit celui de la gorge, de l'oesophage ou des intestins !) Son flic n'est pas vraiment du genre héros, si vous voyez ce que je veux dire. C'est plutôt un mec un peu lâche. Mais gentil ! Il fait son possible dès son arrivée à Vresse-sur-Semois pour se faire apprécier par les habitants qui sont des gens un peu rudes comme l'est le climat dans ce coin-là.

Et le style de l'auteur ? Il est plutôt poétique. Christian Joosten se livre à de belles métaphores qui transforment les Ardennes, y compris une vieille station-service, en des lieux magiques. C'est très agréable à lire, et si trucidés il y a, monsieur Joosten évite de nous plonger dans de longues, lourdes et pénibles descriptions de cadavres. Il y a juste ce qu'il faut comme larves et autres insectes pour contribuer au recyclage biologique d'un corps essentiellement composé d'eau et de carbone. (Cette page culturelle est offerte gracieusement aux trois lecteurs qui daigneront lire cette critique.)

Acheté aujourd'hui et lu en quelques heures (Non ! Ne m'applaudissez pas, s'il vous plaît ! J'ai le triomphe modeste !) ce court roman de 175 pages vous tiendra en haleine sans même qu'il n'y ait eu une seule explosion, tout au plus quelques coups de feu pour la forme.

Christian Joosten est un homme de goût puisqu'il rend hommage au très regretté fabuleux auteur Philip Kerr dans son polar. Retrouverez-vous les subtiles allusions dans le roman ?
A quand de nouvelles aventures de Guillaume Lavallée ? Y en aura-t-il seulement un jour ?
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