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Critique de Unhomosapiens


Difficile dans une relation de voyage au Japon de ne pas tomber dans les lieux communs et les clichés. Christine Jordis le reconnait elle-même : "J'ai tenté d'éviter les quelques pièges tendus au débutant, à l'étranger : ces évidences que profèrent tant de voyageurs extasiés ou même les vieux routiers du Japon. le côté naïf, plaisant sans doute, que je revendiquais au début de ce récit, aujourd'hui, alors que j'en atteins la fin, me séduit moins." peut-on lire en conclusion de son livre. Pourtant l'idée de suivre la vie du moine Kukai est très judicieuse. Car, à travers ce prisme, l'auteure nous entraîne à Kyoto et dans les environs, où le moine a vécu et développé sa vision du bouddhisme ésotérique Shingon. Elle nous emmène également dans le temps, au 9e siècle, cette époque de tensions, troublée par les guerres, où le bouddhisme commençait à bien s'implanter dans l'archipel. On y apprend une foule de choses sur ce moine hors du commun et la secte Shingon qu'il a créée. On appréciera ici la large documentation et les recherches qu'elle a dû effectuer. Pourtant, là encore, on reste à la surface car, comme elle l'avoue elle-même, elle n'est pas spécialiste du bouddhisme. le lecteur la suit donc dans ses découvertes de profane, comme peut-être, il le ferait lui-même, ce qui est à mon avis un peu mince pour un récit de voyage.
Il manque à ce livre une dimension. Elle fait souvent référence à Nicolas Bouvier, à Roland Barthes ou à Paul Claudel pour étayer son propos, mais on reste un peu sur sa faim. Heureusement que le choix du parcours de vie de Kukai comme fil narratif est là pour éveiller notre intérêt. j'ai été particulièrement sensible au passage du Mont Koya, me rappelant des souvenirs personnels de voyage, comme l'obscurité sur les temples au clair de lune, dans un silence extatique. Je comprends plus facilement son émotion et ses élans bouddhistes sur le temps qui s'efface, dans la contemplation. C'est une expérience spirituelle et ce n'est pas rien.
En résumé, ce qui sauve le livre est certainement cet aveu de faiblesse, ce côté naïf assumé de profane qui découvre le Japon et le bouddhisme. On pourra regretter en revanche un certain manque de profondeur.
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