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Critique de MarianneL


Sous-titré « Triptyque d'après Pierre Bonnard », ce récit, composé des monologues de la fille puis de l'épouse de Bonnard, suivie d'une lettre du peintre inspirée de la correspondance entre Bonnard et Matisse, renforce l'admiration pour le talent de Josipovici et l'invention formelle dont il fait preuve à chaque livre.

«Un bras. Un dossier de chaise. Tout est une question de relation, dit-il. Il s'agit de les mettre en rapport. de trouver le point par où ils se tiennent.» Voici ce que dit Bonnard parlant de sa peinture, paroles qui épousent exactement le propos de ce livre.

Dans «Contre-jour», Gabriel Josipovici donne corps à l'épouse de Pierre Bonnard, et à sa fille fantôme, rend compte des relations entre elles, et avec le peintre, et du manque absolu de fiabilité de ces personnages qui ne sont que mirages, quand le seul le créateur reste lui bien réel. Et en exergue, on peut lire ceci : «Il y a une formule qui convient parfaitement à la peinture : beaucoup de petits mensonges pour une grande vérité.» (Pierre Bonnard)

Le monologue de la fille - ayant disparu de la maison familiale, exclue par une mère folle et par un père absent, toujours dans sa peinture- précède celui de la mère totalement dépressive, voulant protéger le grand homme, cherchant à s'effacer en passant ses journées dans son bain, à flotter dans l'eau et à se frotter la peau.

« Tu restes assise dans le noir à ruminer, m'as-tu dit une fois. Tu restes là dans ton appartement à regarder par la fenêtre et tout ce que tu vois c'est ton image dans la vitre. »

Ces deux personnages sont comme deux images qui cherchent à se dissoudre face à un créateur, qui ne cherche pas la gloire mais qui, dans son face à face quotidien avec sa propre insuffisance, n'a pas d'autre choix que de continuer à travailler.

Ayant pour seul sujet la relation entre le créateur et son oeuvre, ce récit contemporain de Vies minuscules fait évidemment penser à Pierre Michon et il permet de mieux comprendre la continuité de l'oeuvre de Josipovici, plus de dix ans avant "Tout passe" et "Moo Pak". Et il renforce l'envie de lire tout Josipovici.
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