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Critique de Charybde2


Entre les mystérieuses boîtes new-yorkaises de Joseph Cornell et l'horreur toujours oubliée – incarnée ici en Tchétchénie -, conduire avec obstination l'interrogation sur les places que nous pouvons, voulons et devons donner à l'art et à ses mécanismes magico-analytiques.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/05/18/note-de-lecture-hotel-andromeda-gabriel-josipovici/

Comme Patrick Beurard-Valdoye cherchant et trouvant le mécanisme technique et formel pour rendre compte intimement du collage sériel et insulaire de Kurt Schwittersle narré des îles Schwitters », 2007) et bien que ne surgissant pas du tout du même horizon poétique, Gabriel Josipovici attache toujours, me semble-t-il, une importance fondamentale à la manière dont son écriture, pour un ouvrage donné, se met au diapason (sonore ou non) de la matière humaine et artistique qui l'imprègne. On se souvient ainsi avec forte émotion de l'activation d'un mode musical classique (« Goldberg : Variations », 2002) ou contemporain (« Infini : L'histoire d'un moment », 2012), d'un mode discursif itinérant (« Moo Pak », 1994), voire d'un mode silencieux presque cloîtré (« Tout passe », 2006), pour ne citer que quelques exemples de cette fusion artistique et littéraire très résolue.

Dans « Hotel Andromeda » (2014), traduit en français en 2021 chez Quidam par Vanessa Guignery – sa deuxième belle réussite avec Gabriel Josipovici, après « Dans le jardin d'un hôtel » (1993) en 2017, depuis que le si regretté Bernard Hoepffner nous a quittés -, pour établir cette correspondance avec les boîtes si spéciales de Joseph Cornell, il a fallu à l'auteur trouver à la fois des matériaux simples, réputés sans noblesse et sans héroïsme, bribes de quotidien et conversations en apparence anodines comme reflets subtils du bric et du broc infra-ordinaire inscrit dans les boîtes, et du carburant souverain, en écho au précieux insolite pouvant surgir des brocantes new-yorkaises, véhiculé par l'irruption de l'horreur tchétchène (renvoyée pour nous normalement au bruit de fond de l'Occident) dans les mots fiévreux et pourtant calmes d'un mystérieux photo-reporter digne du grand Stanley Greene. Par le patient truchement de la critique d'art Helena, et dans le mouvement même de ses interrogations (et de cette scansion unique construite par les « dit-elle / dit-il » de Gabriel Josipovici, telle qu'elle avait pu être discutée lors d'une mémorable soirée à la librairie Charybde en 2014, ici, avant celles de 2016 et de 2017), il se poursuit ici, plus belle que jamais, cette constante investigation à propos de ce qui constitue l'art pour nous, de ce qui le rend largement irréductible aux algorithmes de l'intelligence artificielle développée par Ian Soliane dans son « Basqu.I.A.t », par exemple, et de ce qui peut résonner en nous du monde, de ses images transformées en mots et en pensées poétiques.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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