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Critique de Tlivrestarts


Si en littérature, je cherche les instants de rupture, ces moments aussi fugaces que soudains qui font que l'ensemble des repères sont subitement mis à mal pour donner lieu à autre chose, avec le nouveau roman de Gaëlle JOSSE, j'ai été gâtée.

Deux événements avec des impacts psychologiques extrêmes, c'est l'effondrement.

Ce qui m'a fascinée dans ce roman, c'est l'approche de l'environnement, celui de l'intime, du clos, du familial, du privé, du logement, de l'intérieur, opposé à celui de l'ouvert, du professionnel, du public, du monde, de l'extérieur.

Quand Clara chute, il en est fini des apparences, du rayonnement, place au champ domestique et ses tâches, la préparation des repas, l'entretien du linge, le ménage. La vie de la jeune femme, coupée du monde, ne repose plus que sur l'essentiel, la satisfaction de ses besoins vitaux. le parcours n'en est pas pour autant à l'abri d'accidents, à l'image de ce bol d'oeufs battus tombé au sol dans la cuisine ou de la mort du chien de Cécile, son amie.

Ce qui m'a frappée, c'est l'absence quasi totale de porosité entre les deux sphères, publique et privée, alors que la jeune femme est au plus profond du gouffre.

"Ce matin-là" devient un roman social dans ce qu'il témoigne d'une époque et des conditions de travail pratiquées dans le domaine bancaire du début du 21ème siècle, avec tout ce qu'elles comportent d'avilissant pour les individus.

Mais plus encore, ce qui est éprouvant dans ce roman, c'est l'approche du corps et de ses soubresauts. Celui de Clara vit un burn-out. Il sur(réagit) et prend le pouvoir avec des comportements que seul lui maîtrise.

Mais ce roman serait profondément triste s'il ne s'agissait que de décrire un corps et une âme meurtris.

Non, Clara a la volonté de sortir la tête de l'eau. Elle connaît ses faiblesses, elle sait aussi pouvoir compter sur sa capacité à se reconstruire. "Ce matin-là" devient alors le roman d'une certaine forme de résilience.

Dans sa relation aux autres, elle s'attache à identifier ceux qui la tireraient vers le creux de la vague et les évince, pour le moment, de son itinéraire. Elle choisit de ne miser que sur ceux qui peuvent la sauver du naufrage.

Dans ce roman, Gaëlle JOSSE fait de la vie un objet littéraire et, par le jeu de l'écriture, la décline dans toutes les dimensions, depuis le singulier jusqu'au pluriel, depuis l'indéfini jusqu'au déterminé, depuis le particulier jusqu'à l'universel :

"Une vie, sa vie, notre vie, une vie..."

Dans ce même registre, j'ai été séduite par ses usages du verbe "apprivoiser", tantôt dans sa forme transitive, tantôt pronominale, montrant la complémentarité des deux pour retrouver un juste équilibre.

Je me suis délectée, une nouvelle fois, de la sensibilité de Gaëlle JOSSE, sa manière très singulière d'explorer les âmes, et plus précisément, les états d'âme.

Elle le fait dans une plume éminemment poétique.

Les mots sont empreints d'humanité, les phrases sont belles, le livre est lumineux. Quelle plus belle leçon de vie que de VIVRE.




Lien : http://tlivrestarts.over-blo..
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