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Critique de ithaque


Dans ce livre scandaleusement trop court, l'auteur saisit avec fourberie le lecteur aux tripes, sans préambule ni scrupules. Contrairement à certaines écritures aux semelles de plomb, celle de Gaëlle Josse infuse intégralement sous la peau de ses personnages, ils prennent vie sous nos yeux, gorgés de vie intérieure en quelques lignes. La main de l'auteur disparait au profit de ses personnages, dans une transfusion de sève parfaitement réussie.
Deux destins de femmes russes qui se superposent à un siècle d'écart, gonflés d ‘une nostalgie et d'une attente qui semblent traverser les temps, collant aux basques de l'espèce humaine, voire au-delà, du premier blues de l'amibe précambrienne jusqu'à celui de l'androïde recyclé. On ressent comme un fil de brume traversant tout le livre, une nappe mêlant spleen et désir, unifiant les existences de tous les personnages, et faisant sourdre d'obscures couches phréatiques entremêlées : carence d'amour maternel, espérances ardentes, nostalgies à vif, peur d'une réalité qui jamais ne coïnciderait avec nos besoins les plus profonds.
Aristocratie contre misère, disgrâce contre beauté, les hasards opiniâtres de la naissance séparent ces deux femmes, mais un même vague à l'âme les réunit, une même solitude extrême aussi, au moment de choix cruciaux. Des choix, qui, par ricochets, ravageront sur leur passage d'autres existences, transformant leur vie en destin.
Par moments, en contrepoint, le corps s'abandonne, il se coule dans le chaud, il cède au moelleux, dans une torpeur délicieuse où tout ce qui a jamais été bon se rejoint. Avec l'espérance avide que, demain, s'ouvre une appartenance à l'autre qui ne soit pas une fermeture mais un lieu de complet bien-être.
Si belle écriture, dosage parfait du raffinement de la langue et de légèreté du récit, dans un rythme élégant où le lecteur se sent acteur à part entière. On fait soi même les arrêts sur images pour déployer les scènes, les atmosphères, pulsées par le pouvoir d'évocation de l'auteur.
J'ai adoré ce livre (même s'il était cruel de le faire si court !).
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