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Critique de Albina


Albina
26 septembre 2021
Je cite p140 « Ce n'est pas le sujet qui compte, c'est la manière. » Soit.
D'autre part, l'auteur logiquement se contrefout du lecteur puisque selon lui « un livre existe sans lecteur. »
Ce qui importe, c'est donc l'acte d'écrire et le plaisir qu'on y prend. Pourquoi pas ?
Cela pourrait sembler cohérent si Jourde ne prenait en permanence son lecteur à partie et ne perdait pas une occasion de faire la roue.
Il montre qu'il sait faire une phrase longue, « un exploit » dont il s'autocongratule avec un brin d'humour pour faire passer la chose. Plus loin, il déroule une métaphore, non sans en avoir pris soin d'en avertir le lecteur au cas où celui-ci ne l'aurait pas remarqué : « à chaque fois un petit objet, un détail matériel stupide se coince dans l'engrenage de la vie, philosophé-je par métaphore ». Idem pour le subjonctif imparfait. Il n'hésite pas à nous faire enfourner des passages grandiloquents sans oublier ceux où il fait un étalage copieux de mots savants :
« La route, en effet, était couverte d'un troupeau mêlé de mastodontes plus lents et plus volumineux les uns que les autres, brachypotéres de tôles, deinotheriums à roulettes, daeodons, oxydactylus, hypsiops, teleoceras, astrapotherium et autres platybelodons, semblant fuir quelque grand cataclysme à la Cuvier comme dans l'âge de glace. »

Il s'agissait juste d'un troupeau de moutons qui bloquait la route!

Les détails scatologiques ne nous seront pas épargnés à grand renfort d'arguments d'autorité puisque des écrivains célèbres ne s'en sont pas privés.
Le lecteur aura même droit à son entrée à l'Académie française (des fois qu'on ait oublié qu'il y a été reçu) avec une description au vitriol des académiciens comparés à des morts-vivants et à des zombies ; vieillards cacochymes et autres épithètes gratifiantes comme si la vieillesse était une tare. Il est lui-même pris à son propre piège puisque ce jour mémorable, après avoir ingurgité une tasse de thé, il est saisi d'une irrépressible envie de pisser qui va lui donner des sueurs froides. Il en conclura qu'il a fait du Proust inversé !
Bref, moi qui avais apprécié "la littérature sans estomac", je ne m'attendais pas à un tel déballage autocentré : complaisance dans l'autofiction et narcissisme à outrance, avec une abondance de détails sans intérêt qui parfois font sourire, mais la plupart du temps frisent le ridicule.
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