Pierre Jourde et son frère Bernard, accompagnés de l'épouse de ce dernier, Martine, embarquent en camionnette vers lʹAuvergne dans un road-movie où la thérapie familiale, lʹérudition ironique et les anecdotes vont prendre tout autant de place que le canapé-lit.
Les souvenirs affluent tout au long du chemin, avec un savant mélange du passé et du présent, reconstituant une histoire familiale banale dans ses malentendus et ses haines aussi héréditaires qu'inexplicables
Le huis-clos de la cabine de la camionnette est propice aux blagues parfois potaches mais aussi de réflexions profondes - le tout dans un style extrêmement soigné. C'est en effet l'occasion pour l'auteur de laisser libre court à son ironie, parfois mordante, et à l'autodérision.
Cette perception désenchantée du monde n'est pas sans rappeler le style d'auteurs comme
Fabrice Caro ou encore
Alexandre Labruffe.
le voyage du canapé-lit est un récit drôlatique, grinçant mais également et surtout, profond et émouvant. Tout en pudeur,
Pierre Jourde se livre sur ses fêlures intimes ou ses grandes douleurs sous un vernis d'humour caustique.
La fin d'ouvrage en est la meilleure illustration : en deux courtes phrases, il rappelle que sa mère est morte huit mois après son petit-fils Gabriel. Émouvant !
Il en reste pas moins que l'auteur-narrateur est antipathique par bien des aspects. S'il est indéniable que
Pierre Jourde a le sens de la formule, certaines saillies restent inutilement méchantes (ses pairs en font les frais, à commencer par
Christine Angot). Il se tacle un peu lui même mais pas trop... il ne faudrait pas exagérer et quand il le fait il met son frère dans le même bateau…ça fait moins mal. Dommage car cette autodérision offre les meilleurs extraits.
Lien :
https://www.instagram.com/p/..