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Critique de colka


Pourquoi me suis-je lancée dans la lecture de : le voyage du canapé-lit de Pierre Jourde ? L'idée de départ m'avait plu : celle de convoyer le monstrueux canapé-lit d'une grand-mère détestée, de la région parisienne jusqu'à Lussaud dans le Cantal, berceau de la famille Jourde.
Qui n'a pas, d'une façon plus ou moins proche fait l'expérience d'un héritage familial parfois encombrant ou carrément malvenu ?
Le début du récit est drôle : portrait au vitriol de cette mémé dont "la réputation de méchanceté, de duplicité et d'avarice incarnée font l'unanimité." Savoureuse évocation avec un souvenir fortement marquant pour le narrateur : celui du "parfum au jasmin des chiottes bleus de mémé" et qui le renvoie encore des années après à un sidérant no mans' land affectif et émotionnel. Evocations très justement bien vues des tribulations de certains attachement familiaux pas toujours en droite ligne généalogique comme celle qui va unir le narrateur et son frère Bernard à une grand-mère par alliance et qui sera leur "vraie mémé"...
Beaucoup d'humour, de tact et de doigté dans le récit des mille et une surprises que va causer la distorsion entre le modèle éducatif familial parental et l'évolution de "deux garnements" dont les aventures et mésaventures vont plus d'une fois mettre à rude épreuve l'amour parental !
Mais les anecdotes qui jalonnent le début du récit et qui sont drôles ne sauraient faire oublier d'indéniables faiblesses, comme le recours trop fréquent à des poncifs ou des formules du genre : "Ah c'est vrai, je vous l'avais pas raconté, celle-là..." La structure du livre se prête à ce type d'accrochage très artificiel car elle repose sur un entrelacs de conversations familiales qui accompagnent le voyage et les souvenirs d'anecdotes qui ont jalonné la vie de l'auteur. Mais l'auteur, dans la deuxième partie du récit, perd de vue cette visée pour s'égarer dans des digressions littéraires qui n'ont rien à voir avec l'histoire familiale et sont l'occasion de décocher des flèches empoisonnées à ses inimitiés confrériales, comme celle qu'il voue tout particulièrement à Christine Angot. Souvent les anecdotes dont il rebat les oreilles de Bernard et de sa belle-soeur Martine deviennent un simple prétexte pour évoquer ses rancoeurs, ses déceptions littéraires d'auteur de "seconde zone" c'est en tout cas ce qu'il laisse entendre avec un mélange de lucidité, de bonne foi calculée et d'auto-dérision. Difficile de faire la part des choses. Quid alors du canapé-lit et du voyage familial ?
J'avoue que j'ai donc été heureuse d'arriver à Lussaud avec le débarquement du "canapé-lit de mémé" qui va se révéler, dans une scène finale, à se tenir les côtes, comme un objet du Diable et se transformer en Robocoop destructeur, accumulant les ravages autour de lui !
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