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sur 1180 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Harold Fry sexagénaire à la retraite depuis peu reçoit une lettre d'une ancienne collègue de travail Queenie Hennessy. Alors qu'ils ne sont pas vus depuis vingt ans, elle lui annonce qu'elle souffre d'un cancer en phase terminale et qu'elle est hospitalisée en soin palliatifs. Harold lui écrit en retour mais sans donner aucune explication à son épouse Maureen, il décide d'aller donner sa lettre à Queenie en main propre. le voilà parti dans une marche de plus de huit cent kilomètres sur les routes d'Angleterre.

En se mettant en chemin, Harold pense à Queenie. Ils n'étaient pas proches et il se demande pourquoi elle lui écrit. Harold se fait la promesse que Queenie doit vivre. Cette marche revêt un cheminement intérieur pour Harold et Maureen également. Harold et Maureen sont devenus des étrangers l'un pour l'autre et contrairement à sa femme, Harold n'a plus de contact avec son fils David. Ce parcours le mène à revisiter sa vie : souvenirs de l'époque où il travaillait, les moments de bonheur mais surtout la solitude et la souffrance. Au fil de son parcours, Harold rencontre différentes personnes à qui il raconte son but, il trouve une hospitalité, un toit pour dormir. Au fil des jours, certains veulent se joindre à sa marche. Pour Harold, tout ce qui compte est d'arriver à destination. de leur domicile, Maureen suit son parcours, leur couple semble se ressouder alors qu'ils sont éloignés physiquement. Ces mois de marche permettent à Harold d'effectuer une introspection, de se délester de certains poids et de changer.

la suite sur : http://fibromaman.blogspot.fr/2013/01/rachel-joyce-la-lettre-qui-allait.html
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Je suis désolée de ne pas emboîter totalement le pas aux critiques favorables à ce livre, et je le regrette bien, car la campagne anglaise doit être magnifique.
Mon intérêt a commencé à se réveiller quand l'auteur apporte en contre-point à l'avalanche de bons sentiments, la description de la récupération par les médias d'un évènement engendrant l'arrivée d'une nuée de personnes dont le seul intérêt est de dévier la lumière sur eux et de régler leurs problèmes existentiels, et qui, une fois le soufflé retombé, quittent le navire comme des rats.
Pour moi c'est la question de l'origine qui motive toute action à priori louable qui fait l'intérêt de ce livre.
C'est sans doute un joli conte moderne, mais j'avoue m'être souvent ennuyée. Est-ce dû à la traduction ? au format radiophonique auquel est habituée l'auteur qui multiplie les répétitions ? Mais peut-être est-ce aussi et plus probablement, le fait que je n'avais pas mis les bonnes chaussures ce jour là.
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Mon avis : En effet, la lettre que va revecoir Harold Fry un mardi, va bouleverser et changer le destin de ce jeune retraité . C'est Queenie Hennessi, une ancienne collègue de travail qui lui écrit depuis Berwick où elle est hospitalisée en phase terminale d'un cancer. Elle lui écrit un mot d'adieu et le remercie d'avoir été toujours là pour elle.

Harold lui répond et décide d'aller poster immédiatement la lettre mais arrivant à la boite aux lettres et trouvant que sa promenade n'est pas assez longue, il décide d'aller à la prochaine, puis la suivante. La faim l'arrête finalement dans une station service où il goûte un hamburger pour la première fois de sa vie; à ce moment là, séparé de toute contrainte et libre, il décide d'aller voir Quennie et de lui donner cette lettre en main propre. le voilà parti pour 87 jours et 1000 kilomètres de marche.

Tout au long de son périple, il va faire le point sur sa vie. Son couple n'en est plus un, Maureen et Harold se sont perdus, déchirés, on comprend rapidement que les relations avec leur fils n'ont pas été de tout repos et que de fil en aiguille Maureen a déserté la chambre conjugale et rentré dans un mutisme : ils se sont depuis longtemps perdus.

De son côté Maureen est complétement abasourdie, Harold est parti, sans équipement, sans téléphone et avec ses chaussures bateau !! puis elle se dit que c'est normal car elle ne lui a pas facilité la vie.

Donc à tour de rôle, nous allons suivre leur évolution, Harold dans son pélerinage qui va au fur et à mesure attirer les badauds, les profiteurs de sa soudaine notoriété, les vrais écorchés ... et Maureen qui sent que son mari lui échappe . On assiste à une vraie introspection des deux personnages.

Harold va faire des rencontres et il va vite se rendre compte que chacun traine des casseroles, des soucis. Cette marche va devenir vitale pour continuer à vivre.

J'ai passé un bon moment de lecture, c'est un livre facile à lire, divertissant et sympathique. Les chapitres sont courts, ce qui donne du rythme à ces rencontres pourtant cela n'a pas suffi à gommer certaines longueurs.

L'histoire est quand même un peu cousue de fil blanc : aucune mauvaise rencontre, aucun problème de santé majeur même si Harold est perclus de courbatures, d'ampoules au pied, il continue son grand voyage en quête de redemption.
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Rien de plus simple que de vivre au même endroit avec la même personne pendant des décennies. Rien de plus simple que de laisser passer le temps. Et se taire. Et s'ignorer.
Et rien de plus simple, rien de plus banal, que de recevoir une lettre. Et rien de plus simple que de marcher. Il suffit de mettre un pied devant l'autre.
Tout dans ce roman est excessivement simple et banal. Et c'est en cela que cette histoire est touchante. C'est justement à cause de cette simplicité qu'Harold Fry parvient à nous entraîner avec lui sur les routes d'Angleterre. Son existence éteinte, son manque d'ambition, de courage, l'insignifiance de ses journées, son amertume, son désoeuvrement, ce sont un peu les nôtres. Et une fois qu'il commence à marcher, nous retrouvons encore des échos de nos propres vies : les rencontres qu'il fait au long de son périple (personnages simples et banals eux aussi), ce sont un peu des reflets de nous-mêmes. Ils sont fragiles, blessés, déprimés ou au contraire terriblement enjoués (ce qui, dans certains cas, n'est qu'un moyen de taire des peines plus profondes) ; et ils se prennent tous d'enthousiasme pour cet homme qui marche – cet homme qui bouge, qui sort de sa vie à l'horizon étroit, cet homme qui ose.
Evidemment, si l'on s'identifie à l'un ou l'autre des seconds rôles de ce roman, il y en a d'autres que l'on ne voudrait pas être pour tout l'or du monde. Mais ils sont dépeints avec une telle justesse, une telle simplicité (eh oui, encore ce mot !) qu'on ne peut s'empêcher de se dire qu'on a connu ou que l'on connait encore l'un de leurs semblables.
Tout serait-il donc si simple dans ce roman ? Eh bien non. Car il y a tout de même la folie du défi que se lance Harold Fry (ou dans lequel il se trouve emporté sans vraiment s'en rendre compte) : parcourir mille kilomètres à pied, sans entraînement, sans équipement, alors qu'il serait si facile (et beaucoup plus raisonnable) de prendre un train ou une voiture. Et pourquoi faire tout ce chemin ? Pour guérir Queenie, celle qui lui a écrit cette fameuse lettre. Une femme qu'il n'a plus vue depuis vingt ans. Oui, une vraie folie. Mais on y croit. On veut qu'il arrive. On veut arriver avec lui. Même si, comme Harold, on craint d'arriver, de connaître la fin de l'histoire.
Ce roman est vraiment très émouvant, par bien des aspects. Et il parvient aussi à être prenant, à donner envie de tourner les pages, comme on met un pied devant l'autre. Des qualités qui en font un moment de lecture à la fois agréable et porteur de réflexion.
Alors, pour faire bonne mesure, je vais quand même signaler quelques défauts : des petites étrangetés dans la traduction, qui donnent des phrases un peu absconses (mais on passe dessus) ; des comparaisons à but sans doute poétique mais qui s'avèrent finalement très maladroites (comme le fait de comparer les mouvements des fleurs des champs au mouvement de fleurs en papier… Bizarre) et, un peu avant la fin, des révélations qui n'en sont pas vraiment, puisqu'elles nous exposent des évènements qu'on avait imaginés depuis un bon moment.
Mais (car il y a un grand mais !) on oublie tous ces petits défauts quand on lit les derniers chapitres. L'auteur touche là le summum de la simplicité, avec des scènes d'une grande tendresse, élégantes et pudiques, des scènes difficiles mais vraies, très simples et très banales, elles aussi. Des scènes qui nous concernent tous. Et c'est là la grande force de ce roman : nous pousser à réfléchir à ces petits riens qui font nos vies, ces petits riens qui, selon ce qu'on en fait, nous entraînent vers l'ennui, l'isolement, la tristesse ; ou ces petits riens qui, au contraire, peuvent nous mettre en marche.
Il suffit de mettre un pied devant l'autre.
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Vous marchez, vous ?

Mais qu'est-ce qui lui prend, à Harold Fry ? Anglais respectable, retraité modèle, propriétaire modèle, voisin modèle, époux modèle, il semble comme mort au monde. Et voilà qu'à 60 ans passés il décide de se sauver. En marchant.

Une lettre, un tout petit courrier, au contenu sinistre, le fait basculer cul par dessus tête. Il prend la tangente, Harold, emporté par des forces obscures, qui le propulsent sur la route ; des portes condamnées de sa mémoire s'agitent tout à coup : la cocotte minute de son passé est en ébullition.

Alors il part. A pied. Une décision incompréhensible. Et pourtant on le comprend, on comprend son geste, son besoin d'agir, de se débattre. Et puis on l'envie aussi, on envie sa force soudaine, sa folie douce d'entreprendre cet invraisemblable pèlerinage, son entêtement à espérer, à croire qu'il peut sauver, qu'il peut se sauver. Nos vies se transforment si souvent en prisons que nous gardons bien closes, coûte que coûte. Rares sont ceux qui se sauvent eux-même et échappent aux ornières qu'ils ont longuement creusées – les bonnes raisons sont si nombreuses. Et quand tombe du ciel un grain de sable, un petit quelque chose qui pourrait fait dérailler la machine insatiable du quotidien, combien savent lâcher prise, se laisser emporter, et survivre à la vague des bouleversements ? Harold est de ceux-là. Il trouve son issue de secours dans quelques mots alignés sur du papier rose et le long des routes anglaises. Bouleversé, il s'abandonne à ses émotions, et fausse compagnie à sa vie trop rangée. Il marche, marche, marche sans cesse, mais pas sans but : il a une mission, sauver Queenie, comme un phare au loin. Il marche contre la raison, contre toute raison.

Vous l'aurez compris, ce premier roman est une sorte de roman d'apprentissage. Je l'ai lu en deux jours à peine : je me suis laissé prendre par le suspens de fond : qui est Queenie ? Qu'y a-t-il dans le passé d'Harold ? Son étrange fuite en avant est aussi un long retour en arrière, ce qui souligne son décalage avec le monde qu'il traverse, l'Angleterre d'aujourd'hui. J'ai bien aimé ce changement de perspective dans les tribulations d'Harold, son regard qui bascule du passé douloureux à un présent envahissant et un peu incompréhensible.

La narration est portée par un style sensible, plutôt dépouillé. Et les dialogues font mouche. Si je n'ai pas été complètement pris par le livre, c'est d'abord que le traitement des émotions est un peu frontal pour mon goût, comme un peinture trop précise quand j'aurai préféré plus de flous. Et puis les ressorts de l'histoire sont parfois un peu prévisibles, ou plutôt : aucun n'est aussi étonnant que le tout premier, la transformation d'Harold Fry en pèlerin.

En résumé, j'ai bien aimé ce premier roman de Rachel Joyce. Et je remercie Babélio et les éditions XO de m'avoir proposé de le lire et de vous raconter ça.
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Harold Fry, à la retraite depuis quelques mois, ne sort pratiquement plus de chez lui. Pourtant, un matin, une lettre reçue d'une ancienne collègue, et amie, le pousse jusqu'à la boîte aux lettres pour lui poster sa réponse. Il est remué par l'état de Queenie qui lui écrit qu'elle est dans un établissement de soins palliatifs. Harold, ne sachant trop que répondre, et remâchant des souvenirs, prend la route, sans préparation, sans équipement, pour parcourir les huit cents kilomètres qui le séparent de Queenie. du sud au nord de l'Angleterre, il longe les routes qu'il parcourait autrefois pour son travail, s'éloigne de sa femme Maureen, de son fils David, de l'absence de communication qui règne dans son foyer. Au fur et à mesure du chemin parcouru, il réfléchit, se souvient, change, tout en restant attaché à ce qui l'a accompagné dans les premiers jours de marche, comme ses chaussures de bateau bien peu taillées pour la route. Même si on est d'emblée persuadé qu'il atteindra son but, c'est plus le parcours intérieur que l'odyssée d'Harold Fry qui est intéressant.
J'ai été un peu partagée tout au long de la lecture de ce livre. Agacée par les bons sentiments, les rencontres qui s'accumulent gentiment, les personnages qui évoluent comme on s'y attendait, je ronchonnais intérieurement sur les ficelles un peu trop grosses. En même temps enveloppée par la chaleur et la tranquille obstination d'Harold Fry, je n'ai pas pu lâcher le livre avant de l'avoir terminé. Ce roman ne changera pas la face du monde, ni celle de la littérature, mais si vous avez envie de passer un bon moment avec des personnages attachants, pourquoi pas ?
Lien : http://lettresexpres.wordpre..
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Voila, je viens de quitter Harold et j'avoue une pointe de nostalgie.
Plutôt éloigné de mes lectures habituelles le livre de Rachel Joyce a su me séduire même si mon avis reste partagé.
C'est Harold qui m'a séduite surtout. Cet homme de 65 ans qui porte le livre sur ses épaules, écrasé sous le poids des souvenirs et de la culpabilité, nous offre un voyage au coeur de l'Angleterre mais surtout au coeur de sa vie d'homme ordinaire, sa « petite vie » de retraité, soudainement bouleversée par cette fameuse lettre…
Harold, tout humilité et délicatesse envers l'autre, cet Harold qui se sent obligé d'acheter quelque chose s'il rentre dans un magasin ou qui remercie l'horloge parlante avant de raccrocher, celui-là même que la conscience qu'il a de ses faiblesses rend si attachant, va parcourir mille kilomètres à pieds, chargé de ses seuls souvenirs et regrets, et de ses espoirs renaissants.
Le temps et l'espace vont se mêler pour lui permettre une liberté non pas retrouvée mais enfin trouvée. Celle que l'on découvre lorsqu' on arrive à s'affranchir du regard ou de l'opinion des autres, lorsqu' on s'aperçoit qu'il n'est finalement peut-être pas trop tard. Lorsqu'un horizon s'offre à soi alors qu'on se croyait pour toujours prisonnier. de son couple et du silence, du temps qui passe, de l'ennui et de l'impossible retour en arrière.
Lorsqu'on retrouve enfin la foi, et peu importe en quoi l'on croit si ça nous fait avancer… J'ai beaucoup aimé l'universalité du propos. Cette impression que j'ai eu tout au long de ma lecture que chacun de nous avait un peu d'Harold ou de Maureen, au fond de soi. Que qui que l'on soit, où que l'on vive, rien n'était jamais enraciné au point de nous ensevelir vivant dans le remord et le doute.
Harold dans toute sa vulnérabilité puis dans toute sa force, nous offre donc un parcours libérateur. Où peu à peu tout reprend le goût d'une première fois.
Beaucoup d'émotion tout au long de cette lecture, et un petit quelque chose de plus, que j'ai eu du mal à identifier. Une pointe de nostalgie venue se glisser là, comme un vague à l'âme, les souvenirs heureux enfuis et leur résurgence au fil des pages.

Alors, quand même, un sentiment partagé malgré cette empathie née de l'écriture simple et limpide de l'auteur, des mots justes…
J'ai eu du mal avec ces multiples rencontres, trop nombreuses pour qu'elles ne paraissent pas répétitives, faisant souffrir l'ensemble d'une certaine redondance.
Tous les épisodes concernant les pèlerins m'ont paru un peu ennuyeux. Je n'ai pas vraiment accroché avec cette partie du récit. Les différents personnages rencontrés ici étant à peine esquissés, j'ai eu du mal à m'y intéresser. Même si on comprend bien où l'auteur veut en venir, j'ai trouvé ça maladroit. Peut-être mal amené.
Maladroite aussi cette énumération de lieux parcourus devenant une simple liste de noms par moments.

Dans l'ensemble donc, une lecture agréable. Et surtout une belle rencontre avec un homme terriblement attachant… Une belle histoire d'amour, d'amitié… Un chemin difficile vers la paix de l'âme.

Merci à Babelio et aux éditions XO pour cette découverte.
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Si Babelio ne m'avait pas envoyé ce livre contre l'engagement d'une critique dans le cadre d'une opération spéciale "masse critique", je pense que je ne l'aurais jamais entamé. Car jamais les livres « vendus » à grand renfort de publicité radiophonique comme étant « le roman de l'année » ne me tentent. Au contraire. Et, une fois avoir tourné la dernière page, je ne sais toujours pas si j'aurais eu tort ou pas.

C'est une histoire en forme de parabole. Harold est un retraité qui toute sa vie fut un homme dépassé. Sa mère a plaqué son père quand il avait treize ans, il ne l'a jamais revue. Son père buvait et, lorsqu'il eut seize ans, il lui offrit un manteau et le chassa de la maison pour continuer à s'enivrer en compagnie de « tantes ». Il s'est marié très jeune avec Maureen, ils ont eu un enfant unique et surdoué, qui a été diplômé de Cambridge, mais a disparu. Harold et Maureen, mariés depuis 47 ans, ne se parlent plus depuis longtemps car ils n'ont plus de mots. Ce livre est aussi celui de la solitude.

Un mardi, Harold reçoit une lettre d'une de ses anciennes collègues qu'il n'a pas revue depuis vingt ans. Queenie lui apprend qu'elle se meurt d'un cancer dans une unité de soins palliatifs de Berwick-upon-Tweed. Harold écrit une réponse maladroite et sort pour la mettre à la boîte. Et puis, tant il sait que cette lettre n'exprime pas tout ce qu'il aurait à dire, il se met en chemin, tel qu'il est, en chaussures de bateau, avec sa cravate et sa chemise de retraité. Il marche, laisse tout en plan pour rejoindre Queenie avec la folle espérance que tout le temps que durera le trajet, elle s'abstiendra de mourir, elle l'attendra. Il n'a pas de carte, pas de boussole, pas de sac à dos, juste sa parka. En chemin, il renverra à Maureen sa carte de crédit et son portefeuille, vivra de cueillette et de dons.

Car le chemin de Kingsbridge (côte sud de l'Angleterre) à Berwick (Ecosse) va durer 87 jours, et, avec les erreurs de parcours, environ 1000 kilomètres. Harold souffre, mais il continue. Il fait des rencontres, parfois bienfaisantes, parfois assommantes, son histoire fait la une des journaux, des disciples s'agglutinent. Il repense à sa vie, à ses échecs, à sa femme, à son fils … « Si on ne pète pas les plombs une fois dans sa vie, c'est sans espoir » (p.45). Ce voyage est une expiation : jamais il n'a apporté d'aide à personne, surtout pas à son fils qu'il n'a pas su comprendre. Ce voyage, c'est une manière de racheter les fautes commises, et d'accepter les bizarreries des autres.

Avec la description de ses doutes, ses crises de découragement, ses renoncements successifs, ses élans irrationnels, Harold livre une allégorie de la foi, sans jamais parler de religion. « Moins de raison, plus de foi. »(p.226). C'est surtout une très belle histoire d'amour entre deux êtres blessés, Maureen et Harold. Car il n'y a jamais rien eu entre Harold et Queenie, juste un secret, une lâcheté de la part d'Harold, une trahison de la part de Maureen.

Dès les premières lignes, j'ai imaginé Harold sous les traits de l'acteur américain James Cromwell, le fermier de Babe, le cochon devenu berger (de Chris Noonan, 1996). Je l'ai « vu » se transformer, maigrir, lui pousser cheveux et barbe, avoir ses chaussures en loques … J'ai voulu aller jusqu'au bout. le fin est un peu mièvre, mais le style, dépouillé, se laisse lire. Non, je n'aurais sans doute jamais acheté ce livre, mais je ne regrette pas de l'avoir lu. C'est une histoire qui fait réfléchir quand on a 45 ans de mariage au compteur dans moins de 20 jours …
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Un matin, Harold Fry reçoit une lettre de Queenie Hennessy. Elle lui apprend qu'elle est atteinte d'un cancer incurable et le remercie pour son amitié. Harold n'a pas eu de nouvelles de Queenie depuis des années. Sur un coup de tête, il décide de lui rendre une visite. À pied. Mais Queenie est hospitalisée à plus de 800 km. « Harold pensait à ce qu'il avait écrit à Queenie. Il n'avait pas trouvé les mots justes et il avait honte. » (p. 19) le vieil homme espère trouver les mots en marchant. Surtout, il espère que son voyage sauvera sa vieille amie. « Je vais marcher et elle va vivre. Je vais la sauver. » (p. 34) Comme les voeux des enfants, cette promesse emplit le périple d'Harold à travers l'Angleterre.

Restée seule, son épouse Maureen s'inquiète du départ spontané d'Harold. Même si leur couple est fragile et sans épaisseur depuis des années, la présence d'Harold était une évidence. Maureen s'adresse alors à leur fils, David, qui semble soutenir le projet de son père. Tout au long de sa marche interrogative, ce dernier revient sur lui-même et son passé. À mesure qu'il avance, il se souvient et il regrette. « Pendant que je marchais, dit-il, je me suis souvenu de tellement de choses ! Des choses que j'ignorais avoir oubliées. » (p. 352) Harold Fry se sent coupable de bien des choses, notamment d'avoir abandonné Queenie, David et Maureen. La fatigue et les douleurs de la marche sont des mortifications qu'il accepte et qu'il intègre à son curieux pèlerinage à travers le pays.

Harold fait de nombreuses rencontres qui donnent du sens à son voyage. « Il comprenait que dans sa marche pour racheter les fautes qu'il avait commisses, il y avait un autre voyage pour accepter les bizarreries d'autrui. » (p. 108) Son entreprise obstinée devient un fait divers qui le précède dans les villes qu'il projette d'atteindre. Ah, il semble bien loin le vieux retraité discret. « Il avait toujours été trop anglais ; autrement dit, il se trouvait ordinaire. Manquant de relief. » (p. 161) Harold Fry est-il un vieux toqué ? Probablement, mais il est ouvert à la sagesse et il comprend que, bien souvent, on ne peut que se sauver soi-même.

Le titre original du roman est The Unlikely Pilgrimage of Harold Fry. Je le trouve bien plus parlant que le long titre français. Il est surtout plus facile à garder en mémoire. Ce fut une lecture plaisante, divertissante, mais sans grand enthousiasme. le mystère qui entoure David est assez limpide et la révélation finale est assez maladroite. Harold Fry est un personnage attachant, mais je me suis rapidement lassée de ses ressassements mornes. le roman m'a rappelé le film de David Lynch, Une histoire vraie. Et j'ai une nette préférence pour le film. Voici une lecture dont je ne garderai pas grand-chose, si ce n'est une envie certaine de découvrir l'Angleterre.
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