AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Petitebijou


Cette Bd qui comprend actuellement trois tomes et connaîtra une suite est une biographie de Pablo Picasso sous l'angle de figures culturelles célèbres qui ont pu côtoyer son génie. Vaste entreprise mais pour moi plutôt réussie.

Le premier tome nous présente une narratrice, Fernande Olivier, vieille habitante de Montmartre, qui va nous entraîner dans un long flash-back. Fernande, aujourd'hui très âgée et ridée, fut un des premiers modèles marquants de Pablo.

La BD commence à proprement dit en 1900, date de l'exposition universelle qui se tient à Paris, et de l'arrivée du jeune Pablo (dont un des tableaux a été sélectionné pour l'expo) ainsi quelques-uns de ses amis à Paris.
Picasso bien avant la célébrité, parlant essentiellement catalan, n'a pas 20 ans et va vivre une vie de misère, et s'il déchante un peu dans les premiers temps, il possède déjà un tempérament hors norme qui lui fait traverser les bons comme les mauvais moments avec un feu intérieur incandescent, un appétit de vivre et de créer qui ne le quitteront jamais.
Outre Fernande, c'est Max Jacob, poète amateur de sciences occultes, amoureux du peintre mais aussi un des premiers conscients du génie de Pablo, qui sert de repère au premier tome.

Si je n'ai pas été subjuguée par le dessin et les coloris de la palette des auteurs, je reconnais tout de même une grande harmonie à ceux-ci, bien que parfois un peu brouillons ou dans des camaïeux marron bordeaux qui n'attirent pas spontanément mon regard.
Ce qui a davantage séduit la lectrice toujours novice (mais je progresse…) de BD que je suis, est la galerie de personnages, la reconstitution de l'époque de Montmartre et de l'atelier du Bateau-Lavoir, l'effervescence de ce petit monde et sa folie, sans oublier tout ce que j'ai appris de la vie de Picasso que j'ignorais, ne connaissant pas celle-ci en détail.
Pour cela, l'album et les suivants me semblent une totale réussite. L'histoire nous accroche, nous sommes véritablement plongés dans cette époque, le scénario même avec ses nombreux flash-backs se suit aisément et très agréablement.
Je me suis également beaucoup intéressée à la condition de l'artiste (on croise aussi Degas, Dufy…), aux portraits des marchands retors (Vollard…), des mécènes inespérés (Léo et Gertrude Stein dans le tome 2), sans oublier l'évocation généreuse des femmes qui servent de modèles et généralement de maîtresses à ces créateurs égocentriques et fougueux qui se les partagent et en abusent, dans une totale immoralité (ce qui peut avoir un côté réjouissant) mais surtout un machisme tout méditerranéen (dans le cas de Pablo et ses amis) qui confine parfois à la cruauté la plus sordide, quand ce sont elles souvent qui en plus les nourrissent et les entretiennent.

L'histoire de Fernande dans ce sens est tout à fait édifiante car elle raconte aussi le long et courageux parcours de la femme de cette époque en quête d'émancipation.

Pablo et ses amis vivent une vie débridée, jouisseurs sans entraves, convaincus de leurs propres talents et d'un avenir de gloire. Passionnante est aussi la description fine et précise de l'évolution de la création artistique de Picasso, qui débute auréolé de son diplôme des Beaux-Arts de Barcelone, exécutant dans un premier temps des portraits habiles qu'il arrive à fourguer et qui l'aident à subsister, et qui contrairement à la plupart de ses amis est en quête perpétuelle, toujours insatisfait, de son style propre. Ici, il cherche avant de trouver picturalement, mais son combat intérieur est celui d'un être tout entier, carnassier et impitoyable, pour qui l'expression artistique est littéralement une question de vie ou de mort. S'il doute, ce n'est jamais de lui, mais de la capacité des autres à reconnaître son génie. D'une avidité sans cesse inassouvie, il est curieux de tout, utilise êtres humains, animaux et objets, drogues et alcools comme vecteurs de création nouvelle. C'est proprement – et salement – fascinant.
Le tome 1 s'achève peu avant 1905 et il fourmille d'anecdotes.
Commenter  J’apprécie          124



Ont apprécié cette critique (11)voir plus




{* *}