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Critique de audelagandre


« Car un jour de vengeance » part d'un postulat très intéressant : découvrir les détails de sa propre existence dans un roman que vous n'avez pas écrit et qui renferme tous vos secrets de jeunesse. C'est ce qui arrive à Lilas, 37 ans, ancienne interne au pensionnat de Chevrière en Suisse. Lors d'un déplacement professionnel et d'un arrêt à Clermont-Ferrand, elle s'arrête dans une librairie de la gare qu'elle connaît bien. En flânant dans les différentes sections, elle tombe sur une petite pile de livres à la couverture jaune pâle. le titre, « Ils n'étaient qu'un » attire son attention. C'est surtout le symbole incrusté sur la couverture qui lui donne la chair de poule : un C traversé d'une croix… Identique à celui qu'elle porte au creux de son coude. Dans le train qui la ramène chez elle, elle entreprend la lecture de cet ouvrage en commençant par la fin, une fin qui l'horrifie.


« Car un jour de vengeance » alterne plusieurs temporalités. Parfois, le présent, puis le passé, le vécu dans le pensionnat, et également la lecture du fameux « Ils n'étaient qu'un ». Autant dire que cette façon judicieuse de procéder donne un rythme formidable à l'histoire, que le lecteur a tendance à vouloir dévorer pour en connaître les secrets, les rebondissements, les attitudes/habitudes étranges de vie de Lilas, et l'identité de cet auteur anonyme. Excellents premiers points : Alexandra Julhiet ne ménage pas ses efforts. Il est vrai qu'elle a été scénariste, et même si cela confère quelques qualités d'imagination, encore faut-il que l'intrigue suive et que l'écriture embarque. C'est le cas. Et cela faisait bien longtemps que je n'avais pas pris autant de plaisir à lire un roman de genre où je ne m'endorme pas plusieurs fois sur l'ouvrage. Et oui, à force d'en avoir lu beaucoup, on devient plus exigeante.


Il n'était pas aisé de jongler ainsi avec plusieurs espaces-temps sans se prendre les pieds dans le tapis. Alexandra Julhiet est aérienne de virtuosité. Tout d'abord, j'aimerais dire à quel point j'ai apprécié de lire un roman dans le roman. J'attendais avec une certaine fébrilité ces passages afin de savoir ce qui s'était passé dans les jeunes années des quatre adolescents inséparables : Lilas, Lazare, Alice et Olivier. Les révélations se méritent, et sont données au compte goutte, il faut être attentif pour ne pas les laisser passer. Les indices, les concordances ont été savamment étudiés pour qu'ils coulent dans le récit avec une évidence méthodique. « Car un jour de vengeance » s'apprécie vraiment à ce prix là.


À mon sens, il ne suffit pas d'une bonne intrigue pour faire un bon thriller, cela serait trop simple. Pour moi, pas de bonnes histoires sans bons personnages. Et là, comment vous dire que Alexandra Julhiet a mis le paquet. « Car un jour de vengeance » se base sur un quatuor d'inséparables issu des années passées au pensionnat. Impossible de ne pas les aimer. Impossible de ne ressentir aucune empathie. Ces quatre-là, au-delà d'avoir tous un C avec une croix gravée dans leur chair sont absolument sublimes de confiance, de soutien réciproque, de complicité, de respect de la parole donnée. Ensemble, ils ont développé de magnifiques relations humaines, même si leur vécu commun les a considérablement marqués au fer rouge. Je ne fais pas facilement de compliments, mais il m'a semblé retrouver ici, la bande de « Nous rêvions juste de liberté », ou encore celle de certains romans de Stephen King, comme « Ça ».


Les thématiques centrales de « Car un jour de vengeance » peuvent être considérées comme très actuelles, dans le sens, dans l'air du temps. Pour minimiser les révélations, je parlerais simplement d'emprise, même s'il s'agit d'un peu plus que cela, mais je vous laisse l'occasion de le découvrir par vous-même. J'ai vraiment apprécié le fait que l'écrivaine n'en fasse pas des tonnes en donnant moult détails, sur les choses subies par le quatuor dans ce pensionnat. C'est inutile, un lecteur habitué au genre sait lire entre les lignes, et il n'a pas besoin de descriptions détaillées au point d'avoir envie de vomir. Dans « Car un jour de vengeance », on comprend très bien ce qui s'est passé… Donc merci, Alexandra Julhiet de nous avoir épargné cette surenchère de précisions scabreuses. le texte est écrit avec beaucoup de finesse, et en fait donc un thriller psychologique remarquablement bien pensé. Dans la seconde partie du roman, j'ai été fort surprise par certaines révélations, et le chemin que prenait le récit, chemin que je n'avais pas du tout anticipé. le personnage de Lilas prend donc énormément de profondeur, de densité et c'est très appréciable.


Pour finir, « Car un jour de vengeance » m'a touchée par son humanité, par les valeurs qui y sont véhiculées et par le travail remarquable de construction qui a été imaginé par Alexandra Julhiet. D'aucuns diraient « c'est de la belle ouvrage » et ils auraient raison. Irai-je jusqu'à dire qu'elle m'a un peu réconciliée avec le genre du thriller psychologique ? Oui, sans aucun doute. Actuellement, il n'est pas facile de sortir du lot dans ce genre-là, mais cette fille-là, elle est terrible ! N'hésitez vraiment pas à la découvrir, vous risqueriez d'être fort surpris (agréablement !).
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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