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Critique de gouelan


Charles Juliet rassemble ici des lambeaux de souvenirs, arrachés à sa mémoire d'enfant.

Il nous raconte sa mère de naissance. Une femme qui sombre dans la solitude. Pour s'en extirper elle manque cruellement de mots, d'amour aussi. Personne ne peut partager avec elle ce besoin de comprendre le monde. Son rêve d'ailleurs. Poursuivre le chemin qui va loin au-delà de l'horizon, loin de la ferme où ses rêves croupissent, où le père écrase l'espoir.
Jeune fille douée, elle ne pourra poursuivre ses études. Cela ne colle pas à la vie de paysanne pour laquelle elle est destinée. Les mots errent en elle comme des fantômes, sans corps, sans cris. Ils creusent l'abîme qui la sépare de la vie, des autres. Ils l'étouffent en restant coincés dans sa tête.

Et puis il y a la mère de coeur, celle qui le sauve, qui le prend sous son aile, quand l'autre mère n'en peut plus de vivre.

Charles Juliet nous livre des mots qui ont mis du temps à éclore. Un peu comme un paysan qui doit attendre la bonne saison, préparer la terre avant la semence, prendre soin des plants, accepter de tout perdre sans baisser les bras, puis tout recommencer. Accepter de réveiller ce qui est enfoui, de garder les mauvaises herbes, d'entasser les pierres, de creuser le puits sombre pour arroser la lumière

Il écrit pour ses deux mères et aussi pour consoler l'enfant qui sanglote en lui.

Pour sa mère à qui il manquait le terreau, la goutte de pluie et le petit rayon de soleil pour faire pousser les mots, la faire entrer dans le monde qu'elle ne comprenait pas, qu'elle encombrait de questions trop grandes pour elle.

Pour son autre mère pour lui dire merci. Celle qui donne, qui comprend en silence, qui s'oublie pour aimer. Sans questions, juste des instants offerts.

C'est un livre à l'écriture à la fois riche et simple. Riche car elle charrie de la détresse, de la solitude, des larmes secrètes, l'amour, la beauté d'âme. Simple, car les mots sont ceux de la vie, de la terre, de la guerre, de la pauvreté. Ils vont droit au coeur, sans s'encombrer, sans perdre leurs racines, leurs feuilles et leurs fleurs.

Lambeaux est un roman qui dessine malgré tout l'espoir.
Charles Juliet nous fait vibrer par ces mots. Il a réussi.

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