Ce livre qui me faisait peur, je l'ai finalement avalé quasiment d'un souffle. Une biographie/autobiographie indispensable à qui veut lire l'oeuvre de
Charles Juliet, en particulier ses Journaux. En première partie, il évoque sa mère, avec le "tu", sa mère qu'il n'a jamais connue, puisqu'atteignant le fond de l'épuisement après quatre naissances rapprochées, elle a dû être hospitalisée et est morte en hôpital psychiatrique à l'époque où se pratiquait L'extermination douce sur les patients (années 40 en France). L'auteur a été placé dans une famille dont la mère est devenue son autre mère, à qui il a voulu rendre hommage. Dans cette seconde partie, le "tu" s'adresse à lui-même, racontant ses années d'enfant de troupe, puis d'écrivain.
Après avoir rédigé une vingtaine de pages de ce récit (1983), il doit abandonner. "Il remue en toi trop de choses pour que tu puisses le poursuivre. Si tu parviens un jour à le mener à terme, il sera la preuve que tu as réussi à t'affranchir de ton histoire, à gagner ton autonomie." Après avoir écrit
L'année de l'éveil, il reprend
Lambeaux et le termine (1995).
Charles Juliet use d'une écriture sobre; les faits, terribles, parlent d'eux-mêmes. Je ne raconte pas tout, histoire de laisser à découvrir, attention ça peut secouer tout de même. Les dernières pages seraient toutes à citer. Ouvrant vers l'espoir, la vie, la lumière, l'apaisement. Un récit formidable, qui marque.
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