"Si si, on oublie très vite la rue quand on ne veut pas s'en souvenir. Mais c'est tout à fait compréhensible, car dans ce contexte-là, oublier est une protection, une sorte de "cessez-le-feu", et l'esprit est un "no man's land". Seulement, l'être humain n'oublie jamais rien. Toutes ces petites choses sont cachées quelque part, dans les méandres de notre esprit."
Je me suis senti tomber dans un précipice.
J'étais une pomme pourrie...
... tombée dans un seau de pommes mûres.
C'est ce qu'on appelle une métaphore.
Et celle-là me laisse un goût de pourriture dans la bouche.
Un goût étrangement familier. Celui des poubelles de Séoul.
Je disais souvent à ma maman adoptive : "Si on m'a abandonné, c'est que j'étais mauvais".
Ma maman me répondait à chaque fois : "Si on t'a adopté, c'est que tu n'étais pas si mauvais'.
Ces paroles me rassuraient et le réchauffaient le cœur. Non, je n'étais pas une pomme pourrie.
Pourquoi chinetoque ? pourquoi pas corétoque. Je suis pas Chinois, après tout.
Parce que chinetoque, ça sonne mieux. Mais si tu préfères "bol de riz"...
"Je savais bien que je n'étais pas japonais. Mais quand je me regardais dans un miroir, je ne me sentais pas belge non plus ! Je voyais un Coréen. C'était inéluctable. Et ça ne me rappelait pas de bons souvenirs."
J'étais un enfant affectueux... couleur de peau : MIEL.
Miel est un joli mot pour désigner une couleur de peau..
Ouf, ils ont évité le mot citron ! Ou... Jaune !...
Imaginez les conversations que ça aurait pu donner dans les cours de récré.
- Je suis noir.
- Je suis blanc.
- Heu... Je suis miel.
mais la France n'est pas la Corée...on n'y abandonne pas aussi facilement les enfants...on les adopte.
L'abandon est ce tremblement de terre que la bête du cœur devine avant qu'il arrive.
J'aimais ca, c'etait de nouvelles sensations, je me sentais au chaud. Elle posa sa main sur moi. Je savourais ce moment de bonheur. Je n'étais plus fatigué , mais j'ai fait semblant de dormir le restant du trajet.
J'aurais apprécié que mon nouveau papa roule moins vite , ce jour-là.
"Nous devrions remercier grand'ma Holt d'avoir crée des orphelinats, des hôpitaux, de nous avoir trouvé des familles... et pourtant... Pourtant, à l'heure actuelle, je ne sais toujours pas si je dois la remercier ou la détester. Nous sommes deux cent mille Coréens adoptés à travers le monde. C'est beaucoup trop."