On regarde la télévision, on surfe sur Internet, et on croit connaître le monde, mais rien n’équivaut à la réalité vue de ses propres yeux.
Le train passe pour tout le monde, il faut oser y monter au lieu de rester sur le quai. Malheureusement, la destination n’est pas garantie. Alors, on s’invente mille chaînes de peur d’abandonner ce que l’on tient, toujours avec des raisons valables. Il y a pourtant de la place pour tous les volontaires dans le train de la vie.
Un proverbe chinois dit que l’expérience est une lanterne que l’on porte accrochée dans le dos et qui n’éclaire que le chemin déjà parcouru.
Les longues courses océanes sont propices au rangement, au grand nettoyage, un chambardement dans les placards d’une vie. On trie, on jette. On remet son âme en symbiose avec son corps. La vie moderne et agité nous éloigne de nous-mêmes, les courses après l’horizon nous en rapprochent. […] En mer, il y a si peu à voir qu’on apprend à mieux regarder. Observer l vol d’un oiseau sans songer à autre chose. Laisser grandir ses ailes. Ne pas passer à côté du voyage, c’est réussir la rencontre avec soi en se rapprochant de son être originel et finir par caresser ce que l’on a de plus beau en soi.
Le danger de passer des jours et des jours en mer est la rencontre avec soi.
Ce n’est pas le voyage qui amène aux rencontres mais la disponibilité d’esprit.
Je comprends qu’il peut être facile de transplanter un jeune arbuste, mais l’homme, tel l’arbre adulte, laisse toujours des racines dans sa terre d’origine.
L’argent n’amène pas au départ, mais l’envie de partir permet d’en trouver les moyens.
Travailler pour acheter. Le travail peut être une drogue, il empêche de méditer sur la fuite du temps, ses rêves abandonnés et la voie sans issue où l’on s’est engagé. Pourtant, le bonheur, c’est un baiser, un mot d’amour, un instant fraternel ou de contemplation. Les rares instants où l’on touche à la félicité absolue sont les plus immatériels et gratuits qui soient.
J’avais dit à Corinne : « Tu verras, les rencontres dans ces lieux sont fortes, elles ne s’expliquent pas mis se ressentent. » Des instants de vie dont l’intensité n’a rien à voir avec la durée.