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Critique de nescio667


L'inspectrice Malin Fors, dont les précédentes enquêtes nous ont été contées dans de gros romans à chaque fois titrés du nom d'une des 4 saisons que compte notre calendrier, se retrouve avec un nouveau cadavre sur les bras : celui d'une fille, sérieusement malmenée visiblement, et abandonné dans les bois. Elle n'en a pas vraiment envie, de cette enquête, car elle sent confusément que, cette fois, elle descendra vraiment très bas dans l'horreur. En plus, elle a pas mal de problèmes déjà : ancienne alcoolique sans cesse tentée de replonger, elle est depuis peu en couple avec mec hyper friqué mais gentil, compréhensif à l'extrême même, et qui souhaite lui faire un enfant. Un enfant ! Bien sûr, à son âge, c'est maintenant ou jamais (ding ding, le train de la dernière chance entre en gare) mais bon, comme Malin est déjà lestée d'une adolescente casée dans le plus lointain internat de Suède, elle se pose quand même des questions. Son sens du devoir étant toutefois à ce point ancré en son for intérieur, et la voix de la victime n'arrêtant pas de lui casser les oreilles en silence, Malin décide bien vite de s'y coller. D'autant que d'autres voix d'autres victimes se disputent très vite la place dans sa tête. Car voilà bien une autre particularité de Malin : elle entend des voix. Celles des victimes qui ne désirent qu'une chose : que l'inspectrice mette au jour les répugnantes pratiques d'une bande d'aristos qui se croient trop intouchables pour la justice de leur pays. Et ces voix, ajoutées au coeur de pensées sombres de Malin (rester avec mon ami friqué ou pas, téléphoner à ma fille ou boire un verre) auquel s'adjoint celui de ses acolytes plus stéréotypés les uns que les autres (la brute, l'informaticien, le chef usé, la belle délaissée par son amant…) se fracassent en une symphonie dans laquelle l'on devine –parce qu'on est trop doués- la subtile volonté métaphorique de l'auteur de nous dépeindre la lente mais sûre décadence d'un pays, d'une société, d'un monde où seuls comptent l'argent et le plaisir des plus riches et tant pis pour les ptits qu'on sprotche.
Adepte d'une ponctuation subtile (le point à la ligne : essayez, vous verrez, ça permet non seulement d'insuffler une insoutenable tension mais en plus ça remplit le double de pages), Kallentoft manie de fait la plume avec la même finesse que moi la flûte à bec. Ses personnages ne révèlent leur profondeur (et surtout leurs failles : que du malheur et du pas de chance) que très progressivement. A l'image de son intrigue finalement, dont le suspense se distille avec une parcimonie qui confine à de la rétention d'information et qui en plus, a le bon goût de ne souffrir d'aucune touche d'humour. le polar nordique version misérable.
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