Citations sur Age of vice (26)
Et, du fait de la brièveté de leur existence, ils ne pourront acquérir un grand savoir. Et, du fait de la pauvreté de leur savoir, ils n'auront aucune sagesse. Et, par suite, convoitise et avarice les écraseront.
Le Mahabharata
- Je veux retrouver ma vie
- Personne ne retrouve sa vie
Personne ne la retrouve jamais. La vie nous fuit, un point c’est tout. Elle ne revient jamais, malgré tous nos efforts, malgré toute notre volonté. C’est quelque chose qu’on doit garder présent à l’esprit. On s’adapte ou on meurt.
Il cherche à se rappeler le chemin pour rentrer chez lui. Dans l’après-midi, il se réveille sans se rendre compte qu’il a dormi et découvre une ville dotée de larges boulevards, de grands immeubles, de jardins débordants de fleurs éclatantes de couleurs, un monde rêvé, croit-il.
C’est de la chèvre qu’ils s’occupent en premier. Devinant ce qui l’attend, elle crache, renâcle et relève les cornes, de sorte que les goons reculent. Il faut que Kuldeep Singh les pousse de côté et abatte prestement sa matraque avec brutalité sur la tête de l’animal.
Tous les jours, le gamin se rend à pied à l’école publique, une structure vieillissante et délaissée ; espoir déçu de béton sans portes ; fenêtres aux volets de bois fragmentés et criblés de trous ; pièces trop exiguës pour la multitude d’enfants morveux, cheveux peignés, cheveux huilés, aux uniformes décousus mais propres et luttant contre l’usure à tout-va.
Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est qu’Ajay n’était qu’un gamin de huit ans, mal nourri. Sachant à peine lire. Vigilant depuis le fond du fond de ses yeux. Sa famille était pauvre. Ravagée par la misère. Vivant au jour le jour dans une hutte, colmatée avec des herbes sèches et des morceaux de plastique, bâtie sur un monticule au-dessus de la plaine inondable près des roseaux à quenouilles à quelques jets de pierre du village.
Il y a tant de choses qu’il veut demander à maman. Il veut lui demander le nom de la banque de sa mère, son numéro de compte et l’adresse de cette succursale.
— Tu as tout ce dont tu as besoin. Tu n’as pas faim, tu n’as pas de soucis. Et tu es en pleine nature.
Les femmes plaisantent sur son physique séduisant. « Ce n’est qu’une question de temps », dit l’une d’elles, et elles rigolent les unes des autres d’un air entendu. Curieux, le passage du temps. Curieux, ce corps. Mais Ajay n’est pas comme ça. Il n’a pas une once de malice et sait que le corps peut se révéler extrêmement précaire.
Son corps s’inscrit dans l’âge adulte, alors que son psychisme est encore à la traîne quelque part, Ajay parfois enfant cherche sans relâche à ce qu’on ait besoin de lui plus que lui n’a véritablement besoin de quiconque. L’été, il dort seul la nuit dans sa chambre en écoutant les fêtes dans les vergers de pommiers, l’hiver en haut, à la chaleur de la cheminée.