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sur 89 notes
A Delhi, en 2004, une grosse Mercedes roulant trop vite écrase cinq personnes qui dormaient au sol sur le bord de la route, dont une femme enceinte. Au volant, non pas un riche homme d'affaires mais un simple domestique, Ajay, complètement désorienté, avec à ses pieds une bouteille de whisky vide. Il est arrêté et conduit en prison, où il lui faut faire allégeance à un gang afin d'être « protégé », mais il refuse. Dans la rixe qui s'ensuit avec trois détenus il a le dessus, montrant une force, une agilité et une efficacité au combat extraordinaires, et, appelé dans le bureau du directeur de la prison, ce dernier, avec déférence, lui dit qu'Ajay aurait dû préciser d'emblée qu'il appartenait au « Clan Wadia ». A partir de ce moment, il va être traité avec maints égards, avoir un régime de faveur, et être respecté par les autres détenus. ● Dès le début du roman, une analepse nous permet de comprendre qu'en 1991 Ajay était un petit garçon misérable de l'Etat d'Uttar Pradesh. Il était chargé de surveiller la chèvre de la famille, leur unique bien, mais l'a laissée divaguer dans le champ des voisins où elle a mangé des épinards. le chef du village, appelé par la partie lésée, tue la chèvre et le père d'Ajay est violemment battu. La mère emprunte de l'argent pour le transporter à l'hôpital, mais cela ne sert à rien, le père meurt. Pour rembourser la dette, la mère n'a d'autre choix que de vendre son fils, qui est alors emmené pour une destination inconnue. ● L'autrice a un sens extraordinaire du romanesque dans ce superbe récit qui nous transporte dans une Inde profondément violente où l'extrême pauvreté côtoie la richesse la plus fabuleuse. Elle tresse les destins de trois personnages magnifiquement incarnés : Ajay, d'abord, celui pour lequel j'ai éprouvé le plus de sympathie, un garçon d'une grande intelligence qui sait rester maître de lui en toutes circonstances et qui va se trouver mêlé à des aventures incroyables ; Sunny Wadia, un héritier richissime qui, bien que vivant dans l'opulence la plus fastueuse et aussi dans la drogue, l'alcool et le sexe débridé, a des états d'âme, rêvant de villes idéales et de mécénat (« J'adore la beauté. J'ai envie de créer de belles choses »), dans un monde où cela constitue une faiblesse et qui ne cesse de guetter l'approbation et de quêter l'amour de son père, l'hyperpuissant Bunty Wadia que tout le monde craint, le maître occulte de l'Uttar Pradesh qui méprise son fils ; et Neda Kapur (oui, presque le même nom que l'autrice qui s'appelle Kapoor), une journaliste sans concession dont l'intégrité va être mise à rude épreuve. ● Je me suis délecté des presque 600 pages de cette fresque éblouissante qui se lit avec grande hâte, même si, lorsqu'on quitte Ajay comme personnage principal, au milieu du roman, il y a une petite baisse de rythme et si la fin est un peu trop abrupte. ● On se dit que l'Inde devrait être livrée à des personnages comme Ajay pour s'en sortir, tellement il est intègre et loyal, contrairement à Bunty Wadia ou à son frère Vicky ou à tous les politiques, qui sont corrompus jusqu'à la moëlle, et ne visent que leur propre enrichissement, au-delà de toute raison, de toute mesure. Ceux-ci mettent l'Inde en coupe réglée, détournant les fonds publics, s'arrogeant toutes les richesses, sans un regard pour la misère qu'ils génèrent car les autres ne comptent pas pour eux, ils sont dénués de toute empathie, de toute morale. « Les hôpitaux n'ont pas de médicaments. Pourquoi ? Ils sont volés et revendus au marché noir. À qui ? À des hôpitaux privés ? Qui les vole ? Qui les revend ? Qui est à la tête des hôpitaux privés ? Tu sais qui. On devine le système derrière tout ça. Tout ce qui est public se retrouve réduit à sa plus simple expression, vendu, enlevé. En revanche, que trouve-t-on à profusion ? de l'alcool. L'alcool de ton père, depuis la canne à sucre qu'il cultive jusqu'aux distilleries qu'il possède, à la distribution qu'il contrôle en passant par les magasins où il l'écoule. » ● Et pourtant, ils savent se faire apprécier du peuple qui vote pour eux : « Ces hommes, disait Dean, sont les héros des gens qu'ils dépouillent, dont ils détruisent l'existence même. » ● C'est « l'Ere du vice » du titre (« c'est Kali Yuga, l'ère de la perte, l'ère du vice »), qui n'aurait pas été moins efficace en français plutôt que de laisser une fois encore le titre anglais, dans un marketing paresseux. ● Sunny est ballotté entre ce vice qui lui vient de sa famille et ses pauvres tentatives pour aller vers la vertu, et cela l'empêche d'être heureux, comme un enfant au milieu de trop nombreux jouets acquis malhonnêtement ( « Pourquoi tu n'es pas fichu d'être heureux », lui demande-t-on.) ● « Il faut toujours avoir cinq cents hommes à disposition pour tout saccager. Mais, le plus important, ce sont les dix mille hommes derrière eux, tous des lâches. » ● « L'argent est une calamité, disait-il. Ça saborde tout le bon boulot qu'on peut faire. Avant, il fallait que tu sois gentil, marrant ou sympa. Intéressant, intelligent. Il fallait prendre le temps de connaître les gens. Tu avais une solidarité avec eux. Puis tu deviens riche. Ça bousille tout. Tout le monde est sympa avec toi. Tout le monde recherche ta présence. T'es la personne la plus populaire qui soit. C'est tellement facile d'être charmant quand t'es riche. Tout le monde rigole de tes plaisanteries, tout le monde est suspendu à tes lèvres. Tu oublies et tu crois que tu y es pour quelque chose. Puis, des fois, tu vas quelque part et tu ne dépenses rien, et c'est tellement pénible, c'est tellement horrible de revenir à la case départ, et, toi, t'as oublié comment gagner la confiance ou l'amour de quelqu'un, mais tu sais que c'est plus facile avec un raccourci ou deux et, du coup, tu finis par sortir ton cash, la liasse, la pince à billets, la carte et tu prends encore plus ton pied, parce que avant ils ne savaient pas, et que, maintenant, oui. T'es riche. C'est toi le patron. Ils t'aiment. L'argent est une calamité. » ● « As-tu une idée de ce que ça fait que d'avoir du pouvoir ? Un vrai pouvoir. D'être subitement assis dans les roues des énergies et de foncer à travers la ville, les yeux grands ouverts, en observant tout, en regardant tout droit dans les yeux – c'était grisant. » ● Je recommande vivement ce roman qui m'a fait vibrer !
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Moi qui n'y connais pas grand-chose à l'Inde et n'y ai jamais mis les pieds, j'ai beaucoup appris dans cet ouvrage. L'auteure nous dépeint un pays gangréné par la corruption, où les droits humains sont bafoués, particulièrement pour les personnes les moins bien nées.

Le livre tourne autour de cette vision d'une société divisée en plusieurs catégories d'êtres humains : d'une part, des nababs qui se défoncent et s'éclatent dans un luxe indécent, d'autre part, des pauvres qui vivent en esclaves ou se font expulser de leurs bidonvilles, rasés sans faire de sentiment. D'ailleurs c'est l'impression générale qui se dégage du récit : celle d'une société sans pitié, impitoyable.

Alors bien entendu, il s'agit d'une fiction, et du reste l'intrigue est bien menée, enlevée, malgré le fait que ce soit un roman choral (je ne suis d'ailleurs pas très fan de cette mode, qui favorise les répétitions et allonge parfois un peu trop le propos : sur les presque 600 pages, il eut été possible d'en extraire une substantifique moelle de 400 sans rien retirer à l'intrigue. Bon, je dois reconnaître que l'aspect "choral" apporte une exploration des sentiments et des parcours de chacun qui est plutôt bien menée par l'auteure, malgré certains passages qui donnent un peu trop dans le sentimentalisme à mes yeux de pauvre mec lisant essentiellement des romans un peu "bourrins" héhéhé).

Conclusion : très bon ouvrage, je relirai du D. Kapoor avec grand plaisir à l'occasion. Et ne mettrai sans doute jamais les pieds en Inde :). de toutes façons, ce n'est ni dans mon budget, ni envisageable dans mon état de santé :(.
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« Donc, la morale de l'histoire, c'est on s'adapte ou on meurt ».

Age of vice débute par un accident de la circulation, à New-Delhi, qui coûte la vie à cinq sans-abris. Ajay, le garde du corps de Sunny Wadia, le riche héritier d'un empire lié à la corruption, en endosse la responsabilité. le roman va ensuite retracer, de New Delhi à l'Uttar Pradesh, les vies d'Ajay, de Sunny et de Neda, une journaliste qui hésite, à leur contact, entre amour et morale.

L'Inde contemporaine est décrite sans concession. La richesse des princes a été remplacée par celle issue de malversations et de l'exploitation de la pauvreté. L'alcool et la drogue sont partout. le luxe côtoie la violence, les armes, les démonstrations de force.

Le rythme rend ce livre addictif malgré ses presque six cents pages, car il n'y a jamais d'accalmie entre les fêtes nocturnes et les journées autour des projets immobiliers pour remplacer les bidonvilles. Deepti Kapoor nous entraîne dans un tourbillon de destins, avec un certain réalisme et une fin qui ne sera pas heureuse pour tous les protagonistes. Ce roman comprend cependant quelques longueurs puis un dénouement amené très rapidement.

Age of vice met l'accent sur le développement économique source, après les castes, de nouvelles inégalités. A lire pour une autre approche de l'Inde actuelle.

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C'est d'abord l'histoire d'Ajay, petit garçon pauvre de l'Uttar Pradesh vendu par sa famille après la mort tragique de son père à une riche famille pour devenir esclave. Intelligent, il vapeu à peu gravir tous les échelons et devenir indispensable à son maitre, Sunny, jeune héritier d'un empire basé sur la corruption. Sunny cherche à s'opposer à son père qui a pourtant la main sur tous les rouages du pays. Contre l'avis de son père, Sunny va tomber amoureux de Neda, journaliste énergique et charismatique, pleine de contradiction, qui tente de survivre dans ce monde impitoyable.
J'ai trouvé le début de ce roman totalement envoûtant et les personnages très attachants. Je n'avais jamais lu l'Inde contemporaine racontée sans concession, entre population survivant dans une misère totale et monde du luxe, du vice et du superflu. J'ai cependant trouvé la deuxième partie un peu moins prenante et la dernière trop longue. Un bon roman néanmoins.
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Delhi, ville tumultueuse au double visage, quinze millions d'âmes adeptes du Bollywood regardent en face, sans ciller, la misère périphérique qui gangrène, en totale transparence, les lieux aux bidonvilles rasés des multiples quartiers pour promouvoir un "fleuron du pays ".
Les castes s'empiffrent, les intouchables flirtent avec la famine, du charme féerique d'une Inde fascinante émerge le monde du chaos.
Age of Vice est l'histoire d'une culture aux multiples facettes, ensorcelante et terrifiante, Age of Vice, c'est une des voix de l'Inde des années 2000.

Ajay, tout jeune garçon issu d'une famille pauvre est vendu comme travailleur par sa mère suite au meurtre de son père et le viol de sa soeur par deux caïds.
D'une vie de boy en Uttar Pradesh jusqu'à Goa, il devient la chose attitrée d'un puissant, Sunny Wadia... Jusqu'à un accident tragique à bord d'une Mercedes, puis la prison...
Mais qu'est ce qu'être enfermé entre quatre barreaux quand on a été privé de liberté depuis toujours ?

Deepti Kapoor décrit la noirceur de l'inde ancrée dans cette culture des castes qui, contrairement aux idées reçues ne sont toujours pas abolies.
Forte ambivalence (ou hypocrisie ? ) du pouvoir qui pourtant dans sa constitution de 1950 prône l'égalité des citoyens en interdisant la discrimination liée aux castes... Sujet de tension permanent face aux quotas dictés par un gouvernement visant l'insertion qui ne font que diviser une société en pleine expansion.
C'est par le biais d'une écriture saisissante que Kapoor s'empare de ce sujet et dresse le tableau d'une mégapole des extrêmes faite de violence, de corruption et d' exploitation.
Apparaît au milieu de ce désordre les blessures profondes qui, elles, ne font aucune distinction de classes, chacun appartient à quelqu'un, tous rêvent de naître ou renaître, plus forts pour certains, plus riches pour d'autres.
Les chemins se croisent et tissent une toile commune dans laquelle l'araignée se confond avec la mouche dans le but d'obtenir pouvoir, réparation et vengeance.
Est-ce le drame des mal nés pour qui le mot "destin" est un vague concept toujours en 2023 malgré quelques exemples bien choisis afin d'alimenter une communication positive, qui poussent les dalits ( les intouchables) à cette éternelle soumission proche de l'esclavage, s'interdisant tout rêve au relent d' imposture , ou, le drame des puissants portant le poids d'une caste à maintenir à flot au milieu de leurs semblables prêts à tout pour régner, l'avillissement du pouvoir gangrenant leur propre raison et actions ?
Fracture d'un système, maladie chronique d'un ordre établi qui tangue dangereusement.
L'inde n'arrive pas à se défaire de son cancer généralisé.

Débauches décomplexées dans le luxe rutilant jusqu'aux geôles insalubres,
sévices étouffés par les petites mafias véreuses aux mains des dominants,
excès criminels sur des âmes déchues qui ne valent plus rien.
Ainsi va la plaque tournante du crime organisé à tous les niveaux.

Deepti Kapoor nous offre une trame à plusieurs voix dont la rythmique effervescente et le style incisif nous plongent dans les contradictions qui habitent les esprits. Sa critique étayée de tout un système met en exergue les contestations diverses, des divergences dont naissent les réflexions, le paradoxe et le non-sens d'un appareil qui broie.
Ses personnages ne sont pas en reste et c'est avec une profonde maitrise que chacun ajoute sa pierre à cet édifice avec cette grandeur qu'elle leur apporte, cette perfection dans les dialogues jamais vides de sens.
Kapoor ne s'économise pas, elle attaque de front un chantier aux multiples visages à une cadence endiablée et déchaînée à l'image d'un Dehli en permanence sur les feux ardents dont personne ne sait si la lumière brûlera jusqu'à demain...

Je crois que le ton est donné...
J'ai été fascinée par ce livre et sûrement que le fait de connaître ce pays m'a permis de le vivre une immersion bien plus intense.
Certes ce livre n'en évoque que la noirceur et le parti pris est complètement entendable d'un point de vue politique doublé d'une structure se basant sur le thriller , mais toujours entre les lignes résonne le clairon d'une culture bien plus complexe dont la beauté philosophique des traditions n'a que peu d'égal.
L'Inde, que j'affectionne, est revenue me chatouiller et Deepti Kapoor par sa justesse du rendu m'a littéralement impressionnée.

600 pages de pure réussite.
Un coup de coeur monumental pour ce livre aussi éloquant qu'imposant.


Extrait.
"C'est Kali Yuga, l'ère de la perte, l'ère du vice . Les gens au bord de la route ne ressusciteront pas. le bébé ne verra pas le jour. Les Gautam de ce monde prospéreront. Les Ajay de ce monde trinqueront toujours pour les autres. Et Sunny? Je ne sais pas. Je ne sais plus rien. La roue va continuer à tourner vers la dissolution qui nous engloutira tous. "




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Quiconque vénère depuis longtemps la littérature indienne et ses romans foisonnants, écrits par Seth, Ghosh, Adiga, Mistry (liste loin d'être exhaustive), et dignes des grands auteurs russes du XIXe siècle, ne peut qu'être alléché par le résumé de Age of Vice de Deepti Kapoor. Et effectivement, la première partie du livre, qui, après une entrée en matière fulgurante, raconte en flashback l'histoire d'Ajay, garçon pauvre vendu durant son enfance et devenu le factotum d'un riche héritier, est assez éblouissante. Après cela, l'ouvrage part un peu dans tous les sens, s'attardant tour à tour sur le maître d'Ajay et une journaliste fascinée par le susdit, entraînée dans l'enfer de sa dérive existentielle. On a dans Age of Vice toutes les caractéristiques attendues d'un roman indien contemporain, reflet d'une réalité exacerbée du grand écart entre la misère des masses et l'aisance éhontée des nantis, des sans foi ni loi, qui ont bâti leur insolent pouvoir sur le meurtre et la corruption. Pour décrire ce microcosme pourri, l'autrice ne lésine sur rien et surtout pas sur la violence et la débauche, dans un océan de whisky et de cocaïne. Elle multiplie les personnages de second plan, sans nous perdre tout à fait, mais pas loin, et si son but est de nous inspirer du dégoût, elle y parvient sans mal. Les phrases courtes sont efficaces, les dialogues lapidaires aussi, mais il y a cette impression de trop plein qui vient assez vite et qui ne fait que s'amplifier. On en viendrait presque à se désintéresser des protagonistes principaux, hormis Ajay, qui bien que pas très moral lui non plus, reste le seul a à peu près conserver un visage humain. Age of Vice cherche à nous maintenir en tension permanente et à nous violenter ad nauseam mais le livre aurait sans doute gagné à ne pas être en surchauffe permanente et à accorder au lecteur estourbi quelques oasis de tranquillité, dans cette déferlante sauvage et inextinguible.
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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Age of vice
Deepti Kapoor
roman
traduit de l'anglais (Inde) par Michèle Albaret-Maatsh
Robert Laffont, 2023, 580p


C'est un très gros livre, de 580 pages, avec une couverture noire peu engageante, le titre et le nom de l'autrice en jaune avec de petits harpons qui semblent sortis de l'enfer. Avec ce livre, on entre dans l'Inde moderne, « ce pays de traîtres et d'agents doubles » où les routes ne sont pas sûres : on y vole les voitures en se servant d'armes. La ville de Dehli fait peur. Il ne fait pas bon du tout s'y aventurer. C'est l'ère du vice, Kali Yuga. On en sortirait vite de ce pays, mais il y a les petites gargotes où ce qu'on mange est appétissant, et les splendides paysages, de montagnes entre autres. On la traverse, cette Inde, du Nord au Sud, et on va même jusqu'à la mer et à Goa. On croise des pauvres, très pauvres, opprimés, et des gens scandaleusement riches, oppresseurs.
Un pauvre. 1991 : Après la mort de son père, Ajay, 8 ans, est enlevé à sa mère, une manière de payer les obsèques, emporté vers les montagnes de l'Hymalaya, vendu à un homme pour qui il travaillera contre sa nourriture (abondante) et un coin pour dormir. C'est un garçon intelligent qui comprend où est son intérêt, même s'il regrette un peu sa famille. Il apprend à lire et à écrire, quelques mots d'anglais.
Son patron meurt, il est chassé de la maison.
Il se fait employer par un homme puissant, du clan des Wadia, qui a hérité de l'empire de son père, un ex petit truand. Très vite, il gravit les échelons. le voilà garde du corps. Si son maître a besoin de se moucher, il lui prêtera sa manche si nécessaire. Il est muet, anonyme, heureux.
Dans ce livre, il est question de pouvoir. le pouvoir s'obtient par la force, l'absence de scrupules et d'humanité, la pince à billets. Trois hommes sont ambitieux, Bunty Wadia, sûr de lui, Ram Singh qui n'a pas de cran, sert Bunty, a un fils soucieux de démocratie, emblématique de ce nouveau monde, comme pourrait l'être le fils de Bunty s'il était moins désespéré, et Vicky Wadia, le frère aîné de Bunty, que son neveu adorait mais dont le comportement l'a déçu , Les deux premiers achètent des terrains agricoles à vil prix, et y construisent de somptueux hôtels. Mais Bunty veut toujours accroître son pouvoir.
A l'inverse, son fils qui manque de dureté et qui humilie les autres, s'anéantit lui-même : alcool, drogue. Il fait pitié, il est pathétique. Ses serviteurs les plus fidèles, Eli qui trouvait qu'Ajay manquait de violence en lui, Ajay qui est devenu un tueur, se lassent de lui, à qui ils servent de baby-sitter et rêvent de recouvrer leur liberté.Sunny et Ajay sont des jumeaux de souffrance. Sunny n'a pas su défendre Neda, la jeune femme qu'il aimait apparemment et qui attendait un fils de lui ; n'a pas aidé Ajay alors qu'il lui en avait fait la promesse. Et cependant Ajay s'est sacrifié pour sauver Sunny de la prison. En effet, Sunny, drogué, conduit une Mercedes. Il tue cinq personnes. C'est Ajay qu'on retrouvera au volant de la voiture, complètement désorienté. Sunny profite de cet accident pour obliger la famille respectée des Gathore à vendre leurs terres.
2006. le jour du mariage de Sunny, les comptes vont être réglés.
L'autrice distribue son livre en cinq parties, traçant l'histoire d'Ajay, de Neda, une femme issue de l'élite culturelle, au père aimant, de Sunny, un riche, très riche. Puis elle centre son propos sur la lente déchéance de Sunny. La disposition des lignes sur la page change. Enfin le récit n'est plus linéaire, mais se divise en séquences, comme dans un film policier. On a hâte de savoir ce qui va arriver, la tension monte.
On a aimé suivre le parcours d'Ajay, on voulait connaître la fin. Mais l'atmosphère est étouffante : trop de violence, d'infamies, de sang, d'excès, de désespoir. Et le livre est long. Ce n'est pas fini, puisque c'est le premier tome d'une trilogie. Verra-t-on Ajay récompensé de sa loyauté, un Sunny qui saura enfin ce qu'il veut et se donnera les moyens d'arriver au bonheur. Neda quittera-t-elle Londres où elle a été amenée pour la séparer de Sunny ?
Trois livres parlent de l'inde, le soleil rouge de l'Assam, La princesse insoumise et celui-ci.
L'inde est grande, corrompue, mystérieuse, inquiétante ; des gens heureusement veulent la faire tourner dans le bon sens, abolir les castes, faire disparaître les inégalités extrêmes, en finir avec la corruption.
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Très partagé sur ce livre.
Le début et l'évolution d'Ajay m'a captivé.
La suite se perd en longueurs, se complique et m'a perdu.
Une fresque toutefois interressante de la vie à New Dehli et dans l'Inde moderne, c'est malheureusement à peu près tout ce que j'en retiendrai
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Age of vice est un roman que j'ai dévoré !
.
Première scène du roman : une voiture manque un virage et fauche cinq personnes. C'est une voiture de luxe appartenant à une grande famille de la société indienne, les Wadia. Pourtant le conducteur qui sort de la voiture est le domestique de la famille, Ajay, qui semble complètement hagard et ne parvient pas à s'exprimer. de là, nous allons partir sur les traces du passé d'Ajay. Issu d'une famille pauvre mise au ban de la société pour leur caste, vendu à des hommes pour travailler, Ajay est un garçon touchant qui tente de s'en tirer en étant bon et donnant le meilleur service à ses employeurs. Il est cependant hanté par l'image de sa mère et de sa soeur qu'il n'a jamais revu suite à son enlèvement. Un jour dans les montagnes, il rencontre Sunny, un jeune héritier dont tout le monde tente d'obtenir les faveurs. Il va donc se retrouver au service de Sunny et de sa famille par extension. Ajay et Sunny développent alors une relation de confiance. Neda, une journaliste intègre, débarque au milieu de tout cela, et noue une relation intime avec Sunny. Ces trois personnages vont se retrouver à lutter entre leurs désirs et leurs convictions, ils se débattent dans un monde chaotique, et leurs vies sont liées au clan Wadia.
.
Age of vice nous entraîne à New Delhi au sein du clan Wadia, dont la simple mention du nom suffit à faire trembler les gens. On ne peut qu'être emportée par la plume vive de l'autrice, par l'amplitude de son histoire et par la force de ses personnages. Dès les premières lignes, on est plongé dans l'histoire, on ne peut décrocher du récit tant la narration est bien construite. Nombreux bonds dans le passé, différents points de vue des trois personnages principaux. Il est difficile de ne pas s'attacher à eux et de ne pas vouloir connaître la suite de l'aventure, surtout quand on connaît la fin !
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En Inde, en 2004, un chauffeur tue 5 personnes qui dormaient par terre en leur roulant dessus. Il ne prend pas la fuite et est donc interpellé et emprisonné. Pressé de choisir un gang dans ce nouvel univers, il n'appelle pour aucun mais fait preuve de sa force en blessant gravement trois agresseurs. Au lieu d'être puni, on lui apprend qu'il relève désormais du gang des Wadia.
On a ensuite un retour en arrière de 13 ans qui explique comment Ajay , né d'une famille très pauvre et vraisemblablement intouchable, change complètement de monde: enfant , il est vendu par sa mère pour payer les dettes familiales liées à la mort du père.
Dans un premier temps, il travaille pour "papa", un riche propriétaire terrien.
Puis les circonstances l'amènent à faire la connaissance de Sunny , un riche héritier ambitieux et pas toujours très honnête et de Neda, une femme journaliste .
J'ai trouvé ce livre violent dès le début (mais au vu du titre, peut-être fallait-il s'y attendre).
Le portrait dressé par l'auteur de la société indienne fait ressortir l'importance des coutumes pour certains, mais surtout une corruption omniprésente (jusqu'au sein de la prison). Il montre aussi les écarts terribles de situation financiere: la richesse fabuleuse côtoie la pauvreté la plus terrible, mais tout le monde trouve ça normal, ou presque.
Je ne conseillerais pas ce livre à n'importe qui à cause de sa violence. A éviter avant 14 ans à mon avis.
J'ai apprécié les notes de bas de pages qui évitaient de devoir aller toujours chercher les mots dans le lexique à la fin du roman.
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