Mes espoirs sont instantanément tués dans l'œuf. Je tente de masquer ma déception et les larmes qui manquent de poindre en levant la tête vers les étoiles pour y chercher un vain réconfort.
Les minutes me paraissent des heures.
Chaque muscle de mon corps me fait souffrir. Les jambes recroquevillées sous le menton et le dos meurtri au contact d’un tuyau froid et rouillé, je suis forcé de patienter, espérant qu’ils n’auront pas la mauvaise idée d’ouvrir ce maudit placard.
Les bruits en provenance du salon me parviennent
étouffés, m’empêchant de saisir les propos que mes parents échangent avec nos visiteurs.
Ils sont deux, comme toujours.
Un homme et une femme.
Sans les avoir jamais vus, ils me sont pourtant familiers.
Leurs bottes laissent invariablement des flaques que maman s’empresse de faire disparaître dès qu’ils franchissent le seuil de notre appartement.
Comme pour effacer leur passage.
Mais rien ne peut effacer le spectre de la peur.
Il faut vivre sa vie à fond. Sans rien regretter.
Car, quelle que soit sa durée, la vie est courte.
Toujours trop courte.
Hébété, je fixe le cercle de métal qui ceint mon poignet. La tension et le rejet - dont me parlait Lénaïa dans son édifiant récit - me heurtent de plein fouet. J'avais en effet ressenti, à quelques reprises, la défiance de certains badauds à notre égard, mais c'est la première fois que je l'expérimente, si franchement assumée.
Je suis abasourdi. Ma poitrine se serre devant tant de haine, de violence même.
Mais rien ne peut effacer le spectre de la peur.