Quel étrange souvenir que cette lecture... le sujet est fascinant, mais l'histoire s'enlise un peu sur les sujets de linguistique complexes (pour moi). On termine tout de même avec plaisir et on garde longtemps en mémoire l'histoire incroyable de Budaï, ce linguiste hongrois se rendant à Helsinki, qui se trompe d'avion lors d'une correspondance ,s'endort à bord et ne reconnaît pas Helsinki à l'arrivée.
Il ne saisit pas un mot de la langue parlée dans la ville où il échoue et personne ne comprend sa langue, pas plus qu'une des nombreuses autres langues qu'il parle. Budaï ne cherche dès lors plus qu'à quitter cette métropole inconnue, impossible à situer sur une carte, et dont l'alphabet résiste à tout effort de compréhension...
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Plongé dans un monde « kafkaïen », bruyant, incompréhensible. Nous avons tout un chacun ressenti cette expérience de ne pas savoir ce que nous fichons là. C'est avec brio que l'auteur hongrois immerge son personnage dans cet univers où intelligence, méthodologie et persévérance ne suffisent pas à en comprendre les rouages.
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Science fiction éditée en 1970.
Évidemment, l'autrice ne pouvait savoir que tous auraient un cellulaire en 2020…ou presque tous.
N'empêche que le fond du roman a son ton: Une ambiance autoritaire.
Et aussi il exploite très bien la fermeture des gens face à autrui.
Oeuvre qui a très bien vieillie.
à lire!
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Entre Kafka et Pérec, l'histoire d'un homme qui, contre son gré, se retrouve dans une ville qu'il ne connaît pas et dont il ne parle pas la langue. Un comble pour cet érudit polyglotte ! On le suit dans ses pérégrinations désespérées, à la recherche d'une gare, d'un aéroport, d'un dictionnaire, d'un signe, du bout de phrase qui lui permettra enfin de "comprendre". Il y a dans ce livre une métaphore extraordinaire du monde moderne : agressif, matérialiste, où les hommes ne s'écoutent plus. À la fin de certains passages, je me suis dit : "mais ce monde, c'est le nôtre!"
Du point de vue narratif, on tourne en rond, on s'ennuie et la fin, pirouette rêveuse, m'a laissé sur ma faim.
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Imaginez-vous débarquant dans une ville inconnue, surpeuplée, labyrinthique, où les gens parlent un langage incompréhensible. Que feriez-vous ? Ou iriez-vous ? A qui vous adresseriez-vous et ou chercheriez-vous de l'aide ? Dans notre monde hyperconnecté et mondialisé d'aujourd'hui, ce sentiment peut parfois atteindre certains d'entre nous. La détresse et l'angoisse d'être perdu au milieu d'une foule immense ou bien d'être confronté à un mur administratif et routinier. C'est l'expérience que vit le malheureux Budaï, un simple linguiste en voyage pour aller à une conférence. Dans ce roman magnifique, l'absurde fait irruption dans le quotidien d'un banal quidam, qui passe alors par plusieurs états émotionnels, de la colère à l'habitude, de l'amour à la révolte violente. La ville où il se trouve vraiment et le pourquoi de ce mic-mac n'est jamais expliqué, mais le lecteur peut se faire une idée au fil de la lecture. C'est la vraie magie de ce livre : il laisse la place à l'imaginaire fantastique ou mystique, sans en avoir l'air. C'est un bijou littéraire sortit de nulle part et inoubliable !
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Roman fascinant s'il est en sur la perte de contrôle de sa vie, de son trajet de vie, de son quotidien, voire sur la maîtrise de son identité que l'on conserve à condition de garder la maîtrise des paramètres qui font exister ladite identité. Pourtant, Budaï résistera autant qu'il le pourra…
Budaï est un linguiste qui a son actif plusieurs langues, il sait en décortiquer les étymologies, il jongle avec les déclinaisons, les particularités linguistiques comme le peintre le fait avec les couleurs de sa palette, et c'est justement une nouvelle langue qui va causer son effroi, sa chute, sa désespérance et ses errances. Au départ, Budaï doit se rendre à Helsinki ù il doit prendre la parole dans la cadre d'une série de conférences, il a donc quitté son sol hongrois natal lorsque nous faisons connaissance avec lui, il s'est endormi durant le vol et a quitté un aéroport tout en suivant la mouvance que forme le cortège des autres passagers, et monte dans un bus jusqu'à arriver dans l'entrée dans un hôtel mi-ensommeillé, mi-propulsé par tous ceux qui le précèdent, et voilà que le quiproquo se révèle…
Il est dans un établissement hôtelier qui ne parle aucune langue connue de lui, personne ne le comprend, et il ne comprend personne. Il prend la clé que la réceptionniste lui tend, il tend son passeport, il obtient contre son chèque des échantillons d'un monnaie locale qui ne feront pas long feu, et voici Budaï qui se lance dans ce nouveau pari de découvrir où il se trouve, comment dialoguer un tant soit peu avec les autochtones, comment repérer les rails menant à une gare, ou comment explorer les rues des divers quartiers qui s'offrent à ses explorations afin de trouver l'aéroport salvateur qui le fera sortir de ce cauchemar…
Ce texte écrit à la troisième personne est néanmoins un long monologue intérieur où le héros se débat dans une toile d'araignée qui le rend invisible à (presque) tous, il montre le cauchemar de celui qui n'a personne avec qui entamer le moindre début d'une conversation intelligible, personne pour lui demander de ses nouvelles, personne qui sollicite le moindre ses regards, de même que (presque) personne ne répond à tous ceux qu'il dispense à longueurs de pérégrinations…
Alors Budaï, avant et même après le désespoir, observe, tente de décortiquer ce monde nouveau qui le garde prisonnier, sans même que le géôlier ni le prisonnier ne l'ait jamais voulu ou planifié, et Budaï voit un monde toujours en agitation, avec des foules et des files d'attente toujours longues pour effectuer le moindre achat, des personnes toujours pressées, des immeubles qui poussent comme des champignons, et une absence totale de scènes de compassion, de sollicitude, de tendresse, ou même de repos doucement partagé à deux ou à plusieurs…
Nous sommes dans les années 70 (avec tout son cortège de bouleversements historiques), et justement, Budaï vient-il de la Hongrie des années 70 avant d'atterrir dans ce monde qui semble n'être relié à rien de ce qui fait son monde, et le voici, perdu, éperdu et en quête de sens sur cet univers où règnent l'impossibilité de communiquer, où l'empathie a déserté, où seul importe de tracer son chemin sans souci des autres ni même de soi, où la nécessité de consommer, de travailler et de courir ont annulé toute propension à s'intéresser à ce qui pourrait exister en dehors de cette spirale auto-suffisante et auto-castratrice. Là-bas, nulle aspiration à être soi ne paraît exister, seule importe que vous sachiez fonctionner au sein du système, et si celui-ci aspire votre individualité, c'est que cette dernière n'a tout simplement pas lieu d'être…
Pourtant, la fin du roman s'enclenche sur un rythme tout autre, les armes prennent la parole et le quotidien de Budaï se trouve de nouveau percuté par des évènements qu'il n'a pas sollicités, et par des individus qu'il choisit un temps de suivre parce qu'il n'a pas mieux à espérer qu'un peu d'espoir venu d'une rencontre inédite, d'un flux d'énergie qui pourrait rompre cette vie imposée qu'il sait un tant soit peu déchiffrer, à défaut de véritablement la maîtriser et la comprendre… Malgré tout, Budaï, fait son mieux afin de conserver les particularités de son individualité, et c'est sans doute le plus noble de nos possibles combats personnels ; et c'est sans doute ce qui lui permettra de voir s'ouvrir à lui une perspective quelque peu prometteuse…
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