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Critique de hanyrhauz


Vous coûtez cher à la société. A un moment, il vous faudra bien rembourser tout ce bonheur quotidien dont vous profitez depuis toujours.
5700000 couronnes, c'est ce que l'administration demande au héros de la facture de Jonas Karlsson. Une note plutôt salée pour un garçon qui ne voit pas bien, vu la médiocrité de sa vie, pourquoi sa dette est si élevée. Il vit seul, n'a pas d'enfant, bosse, enfin zone, dans un vidéoclub, compte quelques amis avec qui boire des bières de temps en temps. Rien de fou, de très excitant. Et pourtant, ce pauvre garçon n'y entend rien, mais il coche toutes les cases. Une vie de célibataire offre bien des avantages, un neveu compte triple, un job sans responsabilité vous libére du stress et des amis ponctuels, vus pour des choses simples, ah mais ça, ça chiffre, mon bon monsieur. C'est ce que le personnel compétent de cette institution de recouvrement tente de lui faire comprendre. le bonheur se compte en petites monnaies. Mais dix centimes par-ci, par-là... 5700000 couronnes. Au début.

C'est une situation kafkaïenne. Et c'est totalement assumé. Un court roman qui emprunte autant à Kafka qu'à Beckett. Mais l'auteur cite aussi Tove Jansson dans les écrivains qui l'inspirent. Un roman qui pourrait parfaitement être adapté sur scène ou au cinéma, tant l'engrenage subit par le personnage principal prend une ampleur démesuré au fil des pages. Rendant une atmosphère de bureaux totalement angoissante.
Critique à peine deguisée de l'ingérence des sociétés occidentales dans nos vies privées et de la fausse bienveillance des sociétés scandinaves, c'est un livre gentiment méchant. Parce qu'il y a une morale à cette histoire. Est-ce que l'accumulation de ces petits riens ne ferait pas un grand tout ? Un grand bonheur ignoré. Tout ça est très drôle sans en avoir l'air.

A l'image de son auteur, que j'ai eu la chance de recevoir à la bibliothèque dans le cadre du festival les Boréales. Acteur, écrivain de théâtre, Jonas Karlsson pose un regard fin et amusé sur le monde. Ses anecdotes de tournage, tout comme son explication de ce qui pour lui représente un Français.
Un Français se reconnaîtrait à sa capacité à s'abriter de la pluie sous un journal en gardant une grande élégance et en cherchant le bistrot le plus proche où il pourrait d'un geste de la main faussement negligé commander un café au serveur.
Et nous avons éprouvé sa théorie quelques temps après en nous rendant au restaurant sous la pluie et en commandant de maniere faussement negligée une bière. Notre table où se mêlait joyeusement le français, l'anglais et le suédois pourrait être le début d'un prochain roman où l'absurde aurait toute sa place.
Et comme un dernier hommage à un auteur qui aime écrire les incipit mais pas les fins, il n'y en aura pas pour cette chronique.
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