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Critique de Annezzo


Spécial envie de bateaux, d'épopées sur les mers, de quotidien sur les eaux, d'horizons infinis et de micro-problèmes corporels. Ca sent le goudron, la sueur, la chauffe du charbon, le poisson, les embruns. Et pour ce poète grec dont c'est l'unique roman, ça sent la femme. Celle des ports où on ne fait que passer, où on revient en escale, l'oreille toujours en alerte pour ne pas rater la sirène du réembarquement. Les putes, glorifiées dans leur humanité, puissantes ou paumées, offertes ou méchantes, dures à cuire, malignes ou perdues, et leurs histoires dans toutes les ruelles sombres des ports. Les maquerelles et leur sens pratique, qui ont toujours raison mais qui les écoute ? Les qui ne se vendent pas, les pires, celles qu'on épouse mais qui ne peuvent convenir aux marins dont le pire destin est de rentrer au pays et d'y vieillir dans sa maison, à terre, l'insoutenable terre. Et les mères, protectrices de leurs rejetons drogués aux flots.
C'est crasseux, j'aime bien. On étouffe dans les cabines qui puent, les postes de commandement ou de radio, on crève de chaud dans ces petits espaces, on compare ses blennorragies, on hausse les épaules en craignant le pire. On étouffe, tout en voguant sur l'immensité de la mer, avec qui on ne s'amuse pas. On ne pense qu'au quai suivant, du pays suivant, et quand on y accoste, on ne pense qu'au retour sur le bateau, et malheur à celui qui voit partir son embarcation pour un retard de cinq minutes, il est maudit, sur le plancher des vaches d'un lieu dont il ignore tout - sauf l'adresse d'un bordel, peut-être. Ya de l'homme, et l'homme parle des femmes. Ya de l'ode dans l'iode, de la familiarité sur cette petite planète si vaste. On embarque.
Nikos Kavvadias était pote avec un autre écrivain grec, Stratis Tsirkas, qui a écrit le très vénéré Cités à la Dérive. Ils sont forts ces Grecs, quand ils veulent nous emmener en voyage.
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