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Critique de kuroineko


Je me suis lancée dans la lecture de ce nouveau roman de Kawakami Mieko un peu à reculons. Je n'avais pas accroché avec Seins et oeufs.
Une bonne chose d'avoir surmonter cet a-priori car le récit m'a d'emblée emballée.

Irie Fuyuko a 34 ans, travaille comme correctrice, d'abord dans une maison d'édition puis en free-lance. Sa vie au départ est réglée comme les feuilles quadrillées japonaises: travail, pas de petits amis, pas de sortie, travail, pas d'alcool, et toujours travail, travail, travail. Seul "point de fantaisie" dans son univers: se promener la nuit de son anniversaire (le 25 décembre, d'où son prénom qui signifie "Enfant de l'hiver") pour contempler les lumières, qu'elles soient artificielles ou des étoiles.
Son caractère est extrêmement réservé. elle parle peu, a une confiance en elle qui frôle le négatif. Elle se met peu à peu à boire pour pouvoir supporter les inévitables rapports à ses semblables humains, tombant dans l'alcoolisme.
C'est dans cette situation qu'elle fait la connaissance de Mr Mitsutsuka, un professeur cinquantenaire de sciences physiques. Cette rencontre marque un point de nouveau départ pour Fuyuko, très lent, voire chaotique car on ne revient pas comme cela sur plus de 30 ans de quasi invisibilité sociale.

A-travers sa narratrice ou des personnages gravitant autour d'elle, Kawakami Mieko aborde des sujets sociaux d'importance: la condition de la femme japonaise, au travail comme dans son couple (l'accroissement des couples "sexless" bien étudié par Muriel Jolivet dans son ouvrage sur la jeunesse japonaise, les brimades en milieu professionnel, ...), le conformisme de façade, l'alcoolisme, etc...
Dans ses échanges avec Mr Mitsutsuka, Fuyuko met en avant son attrait pour les lumières. Un moyen pour elle de retourner dans la lumière, quitter les ombres qui la font ployer depuis des années.
L'écriture est pleine de richesses, subtile et poétique. Les émotions ne s'étalent pas mais se répandent avec discrétion, ce qui ne leur enlève pas leurs forces pour autant. La narratrice apparaît souvent comme à travers un brouillard (trop de saké peut-être), un peu nébuleuse. Pourtant on se prend, à la lecture, assez rapidement d'amitié pour elle, pour sa fragilité.
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