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Critique de Mimeko


Asie Mineure, en ce début des années 1920, à Lycovrissi - village grec sous domination ottomane - les fêtes de Pâques se terminent et déjà le conseil du village est en ébullition ; tous les sept ans une reconstitution de Pâques est organisée. Pour celle de l'an prochain, le conseil - le chef du village Patriarcheas, le pope Grigoris et Ladas l'usurier - désigne les villageois qui incarneront la Passion du Christ. le berger Maniolos sera le Christ, Michelis, le fils Patriarcheas, devient l'apôtre Jean, le cafetier Costantis sera Jacques et Yannakos le colporteur sera Pierre, Marie Madeleine sera incarnée par la jolie veuve Katerina. Reste à désigner Judas et, contre son gré, c'est le cordonnier roux et violent avec sa femme et ses filles, Panayotis, qui doit s'y coller. L'annonce tout juste faite, la vie du village et surtout celle de ses interprètes va être bouleversée, d'autant plus qu'un groupe - hommes femmes et enfants, avec à leur tête le pope Photis - débarquent à Lycovrissi et demandent refuge et hospitalité après avoir été chassés de leur village par les Ottomans. le village va bientôt se fracturer entre les interprètes désignés pour la Passion du Christ - touchés par la grâce qui vont donner vie à la générosité, à l'accueil des étrangers - et les notables, le Père Grigoris en tête, qui vont faire preuve d'inhumanité, d'égoïsme et d'intolérance, cherchant à protéger leur situation coûte que coûte, le tout sous l'oeil tantôt indifférent tantôt amusé de l'Agha, responsable ottoman de la région.

Avec le Christ recrucifié, Nikos Kazantzakis scrute la nature humaine des habitants de Lycovrissi, qui, jusqu'à présent, coulaient des jours heureux entre célébrations religieuses et querelles de voisinage. Mais les masques vont tomber avec l'arrivée de pauvres hères, avec à leur tête le pope Photis, bien décidé à se battre pour leur survie...
Nikos Kazantzakis explore les réactions des villageois et se livre d'abord à une critique du pouvoir religieux en opposant deux représentants religieux, Photis, un pope guidant ses fidèles pour les protéger et Grigoris qui ne cesse d'acquérir richesses sans aucune compassion, peu concerné par la charité chrétienne, souhaitant se débarrasser au plus vite de ces gêneurs parasites. Il remet en cause également le chef du village qui n'a de cesse de se maintenir son pouvoir et Ladas qui accumule biens et vivres, refusant de les offrir aux nécessiteux. Ce sont les plus démunis, révélés par leur statut de représentants de la Passion, qui vont remettre en cause l'organisation et le fonctionnement du village, infirmant par leurs actes, la dureté des responsables du village, et s'inscrivant dans les faits dans une authentique Passion du Christ.
Le Christ recrucifié, malgré quelques longueurs, est un récit très politique dans lequel Nikos Kazantzakis présentent des portraits justes et critiques des villageois confrontés à un afflux de migrants, déclenchant le pire et le meilleur de la nature humaine.
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