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Critique de Lencreuse


« En septembre 1828, le plus grand mathématicien du pays quitta, pour la première fois depuis des années, la ville où il résidait, afin de participer au Congrès Allemand des Naturalistes à Berlin. Bien évidemment, il ne voulait pas y aller. Il s'y était refusé des mois durant, mais Alexander von Humboldt était resté inflexible jusqu'à ce que, dans un moment de faiblesse et dans l'espoir que ce jour ne vînt jamais, il eût accepté. »
Au coeur de ce charmant livre, la science. La science pour la science, la science au sacrifice de la vie. Au-delà de la rencontre entre le grand explorateur Alexander von Humboldt et le mathématicien et astronome Carl Friedrich Gauss – deux grands esprits du XIXème siècle, ce sont leurs vies atypiques que décrit Daniel Kehlmann. le premier quitte sa vie bourgeoise pour découvrir et faire découvrir au monde l'Amérique du Sud. le second exècre les voyages et va livrer formules mathématiques et découvertes astronomiques révolutionnaires de sa petite ville. Chacun est animé du même but : la découverte encore et toujours. Une dévotion à la science qui a un prix, celle d'une vie solitaire. Même marié et père, Gauss ne parvient pas à se détacher de la pensée pure. Il aimera mal sa femme et si peu ses enfants.
Avec humour et intelligence, Kehlmann livre un roman sur le génie dans ce qu'il a de plus fascinant mais aussi de plus pathétique. Parce qu'il décrit les faiblesses, la solitude, le ridicule, les échecs autant que l'amour, la grandeur et les réussites. Parce qu'il montre combien la soif de connaissance peut parfois déshumaniser un être. Humboldt livre d'ailleurs un amer constat à la fin de cette vie trépidante, déclarant en pleine cérémonie le couronnant de gloire qu'il ne faut « pas surestimer les résultats d'un scientifique, un savant n'était pas un créateur, il n'inventait rien, ne conquérait aucun pays, ne cultivait pas de fruits, ne semait rien et ne récoltait rien non plus, et d'autres lui succèderaient qui en sauraient plus que lui, et d'autres lui succèderaient qui en sauraient davantage encore, jusqu'à ce que tout sombre à nouveau. » Et même les plus rétifs à la science – dont je fais partie ! – devraient trouver là un bien agréable moment de lecture.
Lien : http://lencreuse.over-blog.com
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