Je sais où tu es

Les brochures se rappellent de nouveau cruellement à moi. Chaque mois, huit femmes meurent en Angleterre, victimes de violence conjugale.

Voilà ce qui arrive, quand on porte plainte, quand on va jusqu'au bout. Ils vous violent une deuxième fois en disant que vous êtes une prostituée.

Souvent, les femmes rechignent à raconter aux autres ce qui leur arrive.

Les filles de la salle de gym n'arrêtent pas de me demander, "Qui t'a refait le visage ? Qui t'a refait les nichons ?" Elle parle comme si n'importe qui pouvait acheter ces parties de son corps, comme un sac ou une robe.

... elle aurait dû trouver le moyen de se conformer à cette règle cardinale selon laquelle on ne doit jamais laisser une relation amoureuse vous séparer de vos amies.

Je me surprends à me demander où tu es. Et ça, ça me fait encore plus peur: je constate que je risque d’être obsédée par toi autant que tu l’es pour moi.

« C’est comme ça que tu me veux. Une poupée gonflable qui ne peut ni parler ni bouger, dont le visage est à peine visible, qui n’est même pas consciente – avec laquelle tu peux faire tout ce que tu veux. »

Sa main paraissait immense comparée à la mignonne petite tasse blanche du tribunal .
Cette main . Elle ramassait des morceaux de corps . Découpait des voitures accidentées pour désincarcérer des victimes , mortes ou vivantes . Aidait des vieilles dames terrorisées à enjamber un appui de fenêtre et à descendre une échelle . Contrôlait des jets d'eau avec un mélange savant de précision , d'instinct et de force . Tirait des êtres humains de sous des immeubles en feu et des décombres .
Elle se demanda l'effet que cela ferait , d'être touchée par une main comme celle-ci .

Tu n'es pas là pour me voir m'effondrer sur mes genoux dans le passage souterrain . je me relève à toute vitesse , gravis péniblement l'escalier , entre dans le train et m'affale sur un siège avec l'impression que mon corps se défait . C'est toi qui le défais . Qui me défais . Membre après membre .

Mr Lockyer inclina la tête et regarda ses mains . Le geste rappela à Clarissa que ses propres parents étaient âgés et qu'elle devait leur épargner le spectacle de ses douleurs , de ses peines et de ses peurs .