Divorce à l'anglaise

Il a pu te paraître étrange (c'est mon cas) de voir certaines personnes bannies par leurs amis et discréditées aux yeux de la société pour un faux-pas sans importance, alors que les portes sont grandes ouvertes à d'autres, qui ont commis de pires crimes. Cela semble injuste. Mais à y regarder de près, on constate toujours que ces exclus ont manqué de savoir-vivre.

Ses camarades d'école admiraient son dos. Elle était la plus bronzée de toutes. Mais elle avait lu dans un livre que l'excès d'ultraviolets pouvait faire fondre la moelle des os. Elle la vit bouillir.

Elle n'avait pas vécu, tout ce temps-là, elle était simplement restée à attendre que la guerre prenne fin.

Le divorce pouvait ruiner les gens.

Mais elle n'est pas plus seule, se disait-il, qu'aucun de nous. On ne peut jamais atteindre l'esprit de l'autre.

Il se méprisait de lui avoir cédé - et le pire -, c'est qu'elle aussi, au fond de son cœur, le méprisait pour la même raison.

Elle le scruta avec attention et croisa son regard franc et candide de la malhonnêteté invétérée.

Il ne l'aimait pas; il ne l'aimerait jamais. Il se rendait à peine compte de son existence. Il était tout pour elle; elle n'était rien pour lui.

La vieillesse, qui devait être le commencement de la fin, n'a ni l'accent ni les modulations d'une scène finale ; elle n'achève pas de préparer l'esprit au silence. Jeunes et vieux partent sans dire adieu, laissant les choses en plan, une phrase ininterrompue, une question sans réponse.

Nous avons tous une terreur intime, irrationnelle : le tonnerre, les fantômes, le cancer, l'incendie, l'enterrement prématuré. La honte peut nous faire ensevelir ces peurs, sans pour autant les chasser ; la raison peut les dominer sans les faire taire. Dans les profondeurs de l'inconscient, leurs racines se nourrissent à des sources secrètes et oubliées.