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Critique de Blok


En préambule, un avertissement : je suis contraint de dévoiler dans cette chronique certains éléménts de l'intrigue dont l'énoncé est indispensable à la rédaction de ma chronique.
Je ne pense pas que leur connaissance puisse nuire à l'agrément de lecture, mais je tenais à avertir ceux qui sont particulièrement attachés au suspense ; je ne crois cependant pas qu'ils luinousent gravement. Et au demeurant il ne s'agit pas d'un thriller,
Venons-en au livre.
Un spectre hante les Etats-Unis : une seconde guerre civile (rappelons que c'est ainsi que les Américains appellent ce que nous nommons Guerre de Sécession),
Dans son livre « USA. La prochaine guerre civile », Stephen Marche explorait divers scénarios susceptibles selon lui de conduire à l'explosion des Etats-Unis. Parmi eux, une partition du territoire entre entre états-républicains et états démocrates (*)
L'intrigue du roman de Douglas Kennedy prend place dans un monde où cette partition a eu lieu, une vingtaine d'années environ avant l'action du livre.
Les deux livres ont été publiés aux USA en 2022, et il semble peu probable que l'un se soit particulièrement inspiré de l'autre. Je cois plutôt à la traduction d'un climat général,
C'est dans un monde où cette partition a eu lieu que se déroule l'action du livre.
Les États-Unis ont donc éclaté en deux entités distinctes :
-La République sur les deux côtes et dans une partie du Centre Est, dominée au départ par les Démocrates, donc a priori libérale
-et la Confédération entre les deux côtes et dans le Vieux Sud, fief des Républicains, donc a priori autoritaire
La Sécession (dont les modalités sont largement exposées dans le livre) même si elle a donné lieu à de graves actes de violence, n'a pas eu lieu dans le cadre d'uns guerre ouverte, mais elle a débouché rapidement sur une guerre froide, avec séparation étanche entre les deux entités et lutte impitoyable entre leurs services secrets respectifs.
La narratrice est un agent des services de la République, et elle est opposée à sa demi-soeur, qui travaille pour ceux de la Confédération ; à leur rivalité professionnelle s'ajoute une rivalité personnelle concernant leur père commun, compliquée du fait,que la servante de la République est la fille légitime, et que sa demi-soeur est issu d'une liaison extra-conjugale. On peut penser qu'aux yeux de l'auteur cela traduit une plus grande légitimité de la République libérale par rapport à la Confédération religieuse et autoritaire au en tant qu'héritière des défunts États-Unis.
Puisque nous voyons ce monde à travers les yeux de la narratrice, nous sommes conduits au départ à adopter une vision pro-républicaine.
D'ailleurs la République est une démocratie, et est confrontée à une dictature religieuse, n'est-ce pas ?
En fait, les choses sont un peu plus compliquées.
Si la Confédération est bien une théocratie dominée par le Conseil des douze Apôtres et par une variante du protestantisme baptiste et évangélique, la République a beaucoup changée par rapport aux anciens États-Unis,
Lors des troubles de la partition, Chadwick, un milliardaire de la nouvelle économie, auquel on pourrait trouver des traits communs avec Elon Musk, est parvenu à la présidence. Il est toujours président en 2045, le mandat présidentiel état redevenu indéfiniment renouvelable, et il est pratiquement président à vie.
Comment caractériser le régime politique de la République ? C'est une démocratie formelle, où on est libre, mais le port d'une puce électronique est obligatoire, et où tous les aspects de la vie sont contrôlés, de manière « bienveillante naturellement, pour assurer le bonheur, la santé physique et mentale des citoyens, .
Et on se rend compte qu'il s'agit d'une version soft de 1984, et peut-être pas si soft d'ailleurs, en raison de l'étendue des pouvoirs de contrôle, bien supérieurs à ceux de Big Brother.
Quant à la Confédération, nous la voyons à peine. L'héroïne y fait une brève incursion à l'occasion d'une mission. On est clairement dans un état autoritaire, où règnent des formes de contrôle de l'état proches des dictatures du vingtième siècle. Mais elle est surprise d'y trouver aussi des poches de liberté, de libre arbitre, impensables dans son monde. En effet, pour des raisons religieuse, la greffe de puces de surveillance électronique y est inconnue.
Et les citoyens de la Confédération se pensent plus libres que ceux de la République.
En définitive, il n'existe de liberté d'opinion ni d'un côté ni de l'autre. le politiquement correct de la Rpublique ne saurait davantage être emis en question que le fondamentaliste chrétien de la Confédération.

Je ferais une seule petite critique au livre . Kennedy n'échappe pas à l' « Exceptionnalisme » américain : le reste du monde n'existe pas dans le livre, ou si peu

Pour conclure avec le sourire, une petite réflexion personnelle. Mauriac avait écrit en substance qu'il aimait tellement l'Allemagne qu'il voudrait qu'il y en ait plusieurs. Je suis dans le même sentiment en ce qui concerne les USA

(*), J'en ai fait la chronique ici,
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