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Critique de karmax211


J'avais une amie qui, au début des années 2000, ne jurait que par Douglas Kennedy. Elle avait lu tous ses bouquins, attendait avec impatience la parution du prochain, et avait réussi à m'entraîner à une sorte de barnum où, ce monsieur sur la scène, était interviewé par un journaleux local qui, me semblait-il alors, posait des questions insipides, auxquelles le prestigieux invité apportait dans un français à l'accent tellement susurré des réponses auxquelles je ne comprenais goutte. Puis le show se concluait par quelques questions de quelques fans (des femmes) dans le public. En sortant du conservatoire qui accueillait la grande-messe kennedyenne, j'avait été frappé de voir qu'une queue de plusieurs dizaines d'inconditionnels (je mets un masculin pluriel pour respecter la grammaire et le seul homme qui patientait au milieu de groupies tout "excitées" à l'idée de pouvoir approcher leur idole pour la sacrosainte dédicace que leur demi-dieu les gratifierait, assis au chaud derrière son guichet... à côté d'une pile himalayesque de ses ouvrages à consommer sur place... entendez... à acheter).
S'en était "naturellement" suivie l'idée que j'avais affaire à une sorte de Musso (pardon pour les adeptes), un écrivain dont raffole la ménagère de plus ou moins 50 ans... bref, un sous-produit de la littérature américaine.
Et puis, d'un passage chez Busnel à un autre passage à LGL... je me suis demandé si je n'avais pas été leurré par des apparences auxquelles j'avais donné une interprétation qui, somme toute, convenait à mes stéréotypes, lesquels ne sont pas à l'abri quelquefois d'une certaine forme de mauvaise foi.
J'ai donc acquis - La poursuite du bonheur -, que j'ai commencé à lire avant-hier, et dont j'ai bouclé les presque 800 pages hier...
Si je n'avais pas eu besoin de mes huit heures de sommeil, de me sustenter et de m'hydrater... je l'aurais lu d'un trait.
Plus sérieusement, je dois reconnaître que je m'étais complètement fourvoyé.
Douglas Kennedy est un petit malin. Non seulement, il écrit bien. Non seulement ses histoires sont magistralement construites et structurées, mais ce diable d'homme possède une substance appétente qu'on appelle talent, et qui rend le lecteur totalement addict.
Dans ce pavé, deux femmes tiennent le haut de l'affiche : Kate Malone qui introduit et conclut le roman, et Sara Smythe qui en occupe le coeur... de tout son coeur... puisqu'elle est la protagoniste d'une merveilleuse histoire d'amour. Histoire d'amour qui donne à l'auteur l'opportunité de nous faire traverser l'histoire de l'Amérique, du début du XXème siècle, en passant par l'entre-deux-guerres, la guerre... celle contre les nazis... celle plus froide contre l'URSS... la terrible "chasse aux sorcières" que symbolisèrent les années noires du maccarthysme ... pour se terminer au moment où se referme ce XXème siècle et où débute celui qui lui prend le relais.
Les personnages sont en multi D, finement croqués, tout en chair, tout en émotions ; le rendu psychologique est impressionnant ; ils vivent grâce à des mots "incarnants" diablement inspirés.
J'avoue avoir lu pas mal de bouquins sur cette Amérique-là, avoir été le témoin privilégié de quelques grandes et belles histoires romanesques, mais force est de constater que Douglas Kennedy a réussi le pari et du grand Amour, celui de l'Histoire, celui de la peinture sans complaisance et parfois glaçante d'une certaine Amérique, et celui de la littérature lorsqu'elle vitriole les faux-semblants, le désir de paraître pour plaire. Lorsqu'elle ne se compromet pas. Lorsqu'elle ne concède rien. Lorsqu'elle dénonce pour ne pas se soumettre.
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