Le premier, le tout premier souvenir de lui est un regard.
Un regard, ce n'est presque rien. Sans signification particulière, sans conséquence. Et c'est ce qui continue à me stupéfier, encore aujourd'hui : que l'existence d'un être puisse être bouleversée par quelque chose d'aussi éphémère, d'aussi périssable. Chaque jour, nous croisons des centaines de regards, dans la rue, dans le métro, au supermarché. C'est une réaction instinctive : vous remarquez quelqu'un en face de vous sur le trottoir, vos yeux se rencontrent une seconde et vous continuez votre chemin l'un et l'autre et c'est terminé.
Pourquoi ce regard là aurait-il dû tant compter? Il n'y avait aucune raison et cependant... Il a tout changé, irrévocablement.
C'est à mon avis ce qu'il y a plus dur dans le deuil:découvrir ce qu'une relation aurait pu vous apporter si seulement vous aviez été capable de lui donner toute sa dimension.
Chacun est l'artisan de ses impasses, non ? (p. 87)
- Qu'est-ce que je vais faire là-bas ? ai-je murmuré.
- Survivre, au pire. Vivre au mieux. Comme nous tous.
A partir du moment où l'on remet son bonheur entre les mains de qui que ce soit, on met en péril les chances mêmes d'être heureux.
(p.168)
C'est très typique de l'être humain..ça : aseptiser le passé pour pouvoir continuer à vivre.
Le cœur est l'organe le plus secret que nous ayons. Et le plus imprévisible.
Éric a naturellement essayé d’éveiller mon intérêt pout ces grandes causes, sans succès. Qu’on ne se méprenne pas cependant : je respectais son enthousiasme, tout comme j’approuvais, et partageais, sa critique des injustices sociales et de la surexploitation. Là où je ne suivais plus, c’était quand je voyais ses condisciples élever leurs convictions au rang d’une sorte de religion laïque dont ils auraient été les grands prêtres, évidemment. Lui-même avait quitté le Parti en 41…
Les hommes se croient toujours d'excellents dissimulateurs mais quand il s'agit d'infidélité conjugale ils sont aussi transparents que du film alimentaire.