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Critique de Tamm


A New-York, au début des années 40 Wesley, jeune matelot en permission, croise la route d'une bande de jeunes tant idéalistes que fêtards, parmi lequel Bill, professeur à Columbia. Séduit par ce mode de vie aventureux, et un peu désabusé par l'avènement du confort consumériste le jeune professeur de lettres décide de s'engager dans la marine marchande avec son nouvel ami.
« , si tu étais assistant comme moi en littérature anglaise, avec ses chants, ses chants qui ne cesse de répéter : en avant ! En avant ! Et puis que tu jettes un coup d'oeil à ta classe, tu regardes par la fenêtre et ton Amérique est là, tes chants, son du pionnier s'apprêtant à braver l'Ouest - classe entière d'abrutis morts d'ennuis, fenêtre salle donnant sur Broadway et ses boucheries et ses bars et Dieu sait quoi encore. Est-ce que ça veut dire que les frontières vont se situer dans l'imaginaire dorénavant ? »
Direction Boston et c'est parti pour un périple aventureux au cours duquel Nick, se joindra à eux.
C'est le premier livre que je lis de Kerouac et je dois avouer que c'est le format qui a guidé mon choix. le célèbre 'Sur la route' était disponible seulement dans une édition type oeuvres complètes, soit une brique écrite en tout petit et moi je roule à vélo et je suis presbyte.
Je ne le regrette pas, pour un livre écrit dans sa jeunesse, dont l'auteur n'était pas satisfait je dois dire que j'ai été séduite par l'écriture comme par les péripéties.
Il s'agit dun court roman inachevé et publié à titre posthume duquel se dégage une fraîcheur idéaliste et dont la fin s'ouvre sur le début d'une navigation et donc sur l'immensité de l'océan et l'infini des possibles.
«Faire sien l'océan, veiller sur lui, ressasser son âme en lui, l'accepter et l'aimer comme si lui seul comptait et existait !»
J'ai particulièrement aimé suivre les débats d'idées enflammées et avinés de ces marins d'un jour ou bourlingueurs de toujours. La vision théorique de Bill, se confronte à l'expérience de lutte de Nick. La confrontation de l'intellectuel et de l'homme d'action.
«Non, nous ne pouvons rien faire, poursuivit-il. Nous, le troupeau, le peuple, on est là pour être vu, mais pas pour être entendu. Laissons ceux qui ont les poches bien pleines décider des guerres, et nous, on ira les faire et on aimera ça.»
« un soir, on a décidé de partir pour l'Espagne et on est parti. On s'est retrouvé là-bas dans la brigade internationale Abe lincoln [•••] l'Espagne saignée à blanc et le reste du monde qui ne faisait rien. Je suis rentré entier en Amérique et je m'attendais à des feux d'artifice, et qu'est-ce que j'ai vu ? Je te jure, il y avait des Américains qui ne savaient même pas qu'il y avait une guerre. [•••] Ces infâmes fascistes ont eu tout le temps qu'il leur fallait pour se préparer au combat et - qui peut venir le nier aujourd'hui ? - Franco s'est emparé de l'Espagne et personne n'a levé le petit doigt pour protester. Et combien de mes potes ont été tués pour rien ? Ce n'était rien sur le moment, on combattait les fascistes et c'était très bien. Mais maintenant que c'est terminé et qu'on regarde en arrière, on a tous le sentiment d'avoir été une bande de pigeons. Trahis par tous ceux qui auraient pu nous aider, y compris Léon Blum. [•••] Mais ne va pas croire une seconde qu'un seul de nous a jeté l'éponge - plus on se faisait écraser, plus on était trompés, poignardés dans le dos, je te le dis, plus on revenait avec l'envie de se battre et un de ces jours on va rendre la monnaie ... et les républicains espagnols aussi»
« attends ! Je ne suis pas la voix rétrograde qui résonne depuis les pages de l'Ancien testament. Je suis comme toi, je nierai la fragilité humaine aussi longtemps que je vivrai -j'essaierai de guérir la nature humaine dans la tradition du mouvement progressiste. Je ne vois pas d'issue facile et rapide. Je pense que les antifascistes vivent dans cette illusion. Ils pointent le doigt sur le fascisme comme la source de tout mal. Ils pointent le doigt sur tout fasciste bien de chez nous comme étant par nature la source de tout le mal. Ils pensent qu'en détruisant le fascisme ils vont détruire tout le mal dans le monde d'aujourd'hui. Alors qu'ils ne font que détruire, je crois, ce qui est peut-être le dernier grand mal concentré. Une fois détruit, le mal individuel désorganisé sera toujours avec nous... »
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