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Critique de SZRAMOWO


Inutile de le préciser en introduction, je suis un inconditionnel de Philip Kerr et je n'ai donc décelé aucune usure dans le style de l'auteur, de redites, d'ennui et autres balivernes que les critiques s'empressent de mettre en évidence lorsqu'ils voient un auteur s'installer dans le coeur des lecteurs.
Je me suis au contraire délecté une fois de plus à la lecture de «Les pièges de l'exil», roman dans lequel on retrouve la capacité incroyable de Kerr à mettre en scène des personnages connus en flirtant avec une réalité proche de la fiction et inversement.
Une thématique chère à cet auteur dont il ne faut jamais oublier qu'il n'écrit pas de simples polars, mais se plait à jouer avec les notions de bien et de mal, de morale, de compassion, d'amour, d'intégrité, chez des personnages que leur histoire a conduit à inverser ces valeurs universelles.
Somerset Maugham dont on connait les passions, le talent littéraire et les travers, déclare ainsi et on ne sait s'il galèje ou non :
«Etre victime d'un chantage de la part d'un gars qui va chez le même bottier que vous est tout simplement odieux.»
Les traits de caractère que Bernie Gunther, psychologue de l'immédiat, prête à ses personnages sont toujours savoureux :
«Anthony Blunt (...) avait (...) l'air d'un type qui vient de goûter un sherry de qualité moyenne...»
«Il me fit l'effet d'un individu à la fois plein de charme et extrêmement intelligent, mais absolument pas digne de foi.»
«Sa voix était probablement aussi familière à la Reine d'Angleterre que la sienne propre.»
L'histoire des pièges de l'exil met en scène, outre Somerset Maugham, qui fut agent secret pour le MI6, la guerre entre services de renseignements anglais, la supposé présence d'agents doubles dans chacun de ses services et le jeu de dupes des services soviétiques qui n'hésitent pas à sacrifier une de leur taupe pour en protéger une autre...
Bernie Gunther est toujours mis face à son passé de collaborateur de Heydrich, d'ancien de la KRIPO, par des personnages dont le passé n'est guère plus reluisant que le sien. Mais à la différence de Bernie, eux sont dans le camp des vainqueurs.
Tel un super héros, Bernie parviendra à vendre sa propre version de la vérité, celle qui ne dérange personne mais l'arrange lui. Il veut éviter à tout prix de passer à la casserole, quitte à supprimer certains de ses anciens «collègues» qui feraient de même.
Comme toujours à la fin d'un roman de Philip Kerr, le lecteur reste sans voix, partagé entre la perplexité, l'empathie, et la conviction que les événements et les scènes décrites avec l'humour et la légèreté de plume de l'auteur ne sont pas très loin d'une réalité qui a encore cours ici et maintenant.
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