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Critique de mfrance


Philip Kerr a eu une sacrée bonne idée de "ressusciter" Bernie Gunther après le succès de sa trilogie berlinoise, qui mettait en scène pour la première fois, de 1936 à 1947, ce détective désenchanté, cynique et plein d'humour.

Hôtel Adlon nous plonge dans le Berlin de 1934 ; il s'agit de la première enquête de Bernie Gunther, mais de la sixième dans l'ordre de parution des ouvrages qui lui sont consacrés.
Bernie a quitté la police berlinoise après la prise de pouvoir du Führer en 1933. Il occupe désormais le poste de détective dans cet hôtel prestigieux.
Berlin, sous la botte des nazis, prépare fiévreusement les jeux olympiques de 1936 qui doivent offrir au monde une image éclatante et inoubliable du nazisme triomphant.
Aussi, la ville devient un énorme chantier dans lequel financiers véreux et entrepreneurs voyous se battent pour obtenir de juteux contrats. Il convient de se partager cette énorme forêt noire, bourrée de cerises et dégoulinant de crème !
Des ordures en tout genre prennent le contrôle des chantiers, embauchent et pressurent les ouvriers juifs, qui, pour gagner de quoi bouffer, doivent accepter n'importe quelle avanie.

Philip Kerr dresse avec talent un tableau édifiant et glaçant de cette ville en pleine mutation où les juifs n'ont plus droit de cité, où Gestapo et SS tiennent le haut du pavé et dans laquelle Bernie Gunther, plein d'amertume tente d'aider une journaliste américaine décidée à montrer à l'Amérique l'indignité de ce régime.

Certes, tout cela est passionnant et ne manque pas de réalisme .... mais ...
Oui, car, il y a un mais, c'est beaucoup trop long pour rester véritablement percutant et la construction de l'ensemble n'arrange rien, car l'intrigue se dénoue définitivement vingt ans plus tard à Cuba, sous le régime de Batista, dans les casinos de la Havane, contrôlés par la pègre américaine. Ceci crée une distorsion temporelle et géographique, à mon sens nuisible à l'unité et à la qualité de l'intrigue.
En effet, Philip Kerr balade son lecteur dans deux mondes n'ayant, à part le mal, rien à voir l'un avec l'autre !
Grâce à la capacité de l'auteur de restituer chacun de ces deux mondes d'une manière particulièrement convaincante, on a l'impression de se retrouver dans deux romans différents, chacun d'entre eux restant inachevé, malgré la présence des mêmes protagonistes, ce qui demeure extrêmement frustrant !

Quel dommage, car, qu'il est donc talentueux Philip Kerr avec sa plume acide, précise et corrosive
et comme il a su le rendre attachant son Bernie, à la psychologie si bien fouillée, ce personnage complexe, cynique, réaliste et romantique à la fois, qu'on a envie de retrouver tout au long des aventures que son auteur lui a concoctées !
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