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Critique de Egatrap


Enfin me voilà au bout de ce gros pavé (840 pages, 70 p/j).
Le moins que je puisse écrire, c'est que l'idée est originale par le choix du contexte historique choisi pour y faire vivre un détective à la Marlowe, mais cependant bien ancré dans ses origines germaniques.

Difficile, malgré les notes prises en cours de lecture, de partager mon ressenti, car ma vieille mémoire se souvient mieux de la troisième partie que de la première. Je m'y essaye toutefois.

Dès le début, le récit m'a paru fluide, obstruant seulement ma lecture par les nombreux noms phonétiquement proches, introduisant de la confusion dans mon esprit pour fixer chaque personnage.
Néanmoins, je constate que l'auteur ou le traducteur ont le sens de la formule. Un humour très british branché sur l'Histoire, nous proposant des réflexions qui peuvent paraître phallocrates à l'heure de Me-too, mais reflétant bien l'atmosphère d'une époque. Période qui a mis une bande de porcs aux rênes du pouvoir.
Bien que certaines soient désopilantes, je pense que trop de métaphores ou de comparaisons finissent par nuire à la lecture.
Pareillement, l'auteur insiste sur les noms de rue, de quartiers de Berlin ou de Vienne. Sensés nous permettre de nous repérer, ils finissent par nous perdre, malgré une tentative de suivi sur Googlemaps …. la lecture s'en est trouvé alourdie. Exit.

L'auteur semble développer un goût particulier pour l'architecture du Berlin avant son écroulement sous les bombes. Ces descriptions qui n'apportent absolument rien à l'intrigue alourdissent le récit. Si ce n'est de voir s'ajouter le nombre de pages au pavé. Je sais, c'est comme un leitmotiv anti-éditeurs chez moi !

Philip Kerr réussit à rendre banale cette brutalité qui règne en Allemagne avant guerre et qui va crescendo. Cela ressemble cruellement à notre actualité d'aujourd'hui.
Même son héros, lors de son retour à l'état de flic (Pâle figure) surfe sur cette vague noire de sang séché.
L'ensemble dans un melting-pot de noms qui font encore frémir notre imaginaire nourri des vérités historiques entendues.

En effet, les deux intrigues policières développées ainsi que la dernière, plus roman d'espionnage, ne sont là que pour la figuration et être le fil conducteur du récit. le véritable enjeu de cette lecture, c'est l'Allemagne national-socialiste vue de l'intérieur. Et, j'ai réussi à me faire peur en regardant notre actualité qui nous tire dans le même sens qu'à l'époque où les adeptes du prophète d'aujourd'hui supplantent les juifs d'hier. Avec en bruit de fond, derrière celui des bottes, celui des pièces sonnantes et trébuchantes : la guerre c'est bon pour les affaires des puissants.
Les conflits en Ukraine, Syrie, Arménie, Proche-Orient, Afrique, j'en oublie certainement, ne sont pas si lointains et réveillent les esprits va-t-en-guerre sur notre territoire. Faut qu'ça saigne ! Y a qu'à écouter les discours des Yael Braun Pivet ou de Habib Meyer, le schizophrène culturel (un juif qui porte un prénom arabe !) à propos du conflit Israélo-palestinien.

Bref un livre qui malgré les défauts (pavé) de sa qualité (bien documenté) nous ouvre à la réflexion.
Trois étoiles.

Ancelle, le 29 octobre 2023
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