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Critique de JBLM


Ce livre m'a beaucoup marqué, au sens où il a radicalement changé mon regard sur la question de l'alcoolisme. Jusqu'alors, j'ai toujours considéré que l'alcool était une addiction parmi les autres, et je confesse humblement que je regardais les alcooliques avec un mélange de pitié et de dégoût, puisque je partais du principe que leur situation ne dépend que d'un effort de volonté, effort auquel ils se refusent au point de mettre égoïstement leurs familles dans une précarité dramatique. le problème, c'est que, dans notre oreille, le qualificatif constitue d'abord une insulte avant de constituer un diagnostic.

Dans ce reportage, Kessel, au fil de son enquête, accumule les témoignages poignants, d'une grande variété sociologique, notamment celui du fondateur des Alcooliques anonymes, Bill W., tout en déclinant les principes directeurs de l'association qui ont fait que de parfaits inconnus atteints du même mal ont pu réussir ensemble là où la médecine et la religion avaient jeté l'éponge. L'écrivain ne cesse de réprimer son incrédulité en présence des personnages dignes, élégants et spirituels qu'il est amené à rencontrer, chez qui ne subsiste pas la moindre trace de l'obsession qui, pour tous sans exception, les a pourtant conduits à l'extrême limite de la folie ou de la mort à une période plus ou moins lointaine de leur existence. Unique petit reproche que je suis amené à faire : à la manière dont les présente Kessel, on a l'impression que chacun des AA interrogés avait en lui le potentiel de changer la face de son corps de métier, n'eut été la fatale boisson.

Il est extrêmement intéressant de voir l'auteur évoquer la dimension religieuse de l'association (nous sommes aux Etats-Unis), alors que de nombreuses remarques montrent sa répugnance manifeste pour toute forme de prosélytisme. J'ignore si cette dimension subsiste dans la version française contemporaine des AA, mais elle n'est absolument pas une source de blocage.

Je suis étonné que cette oeuvre de Kessel, quoique célèbre en son temps, soit si peu connue de nos jours, où l'alcoolisme et surtout le regard porté sur l'alcoolisme auraient bien besoin d'être traités. A moins que ses développements n'aient été contestés depuis, ce dont je n'ai pas connaissance, il devrait être diffusé le plus largement possible. Les exemples rapportés ne sont pas des plus gais (on parle tout de même de déchéances vertigineuses péniblement rattrapées), mais la lecture vaut vraiment la peine, et pas seulement pour les alcooliques.
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