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Critique de Merik


Il flotte dans ce roman de 1936 comme un doux parfum suranné, et ce ne sont pas forcément les pages bien jaunies de mon exemplaire les responsables, même si elles y ont contribué sans doute à leur manière innocente. Ça serait peut-être le subjonctif ou le passé simple, ou plus sûrement les tournures descriptives et les réflexions psychologisantes sur les personnages, bien éloignées de la tendance au factuel moderne, ici empreintes de la subjectivité d'un narrateur aiguillonné par le mystère de la passante du Sans-Souci. Car le roman suit essentiellement la relation entre deux êtres, pour ceux qui n'auraient pas vu le film, ou l'auraient oublié. le narrateur, écrivain journaliste en proie à la détresse de son âme noie ses nuits dans l'alcool et la débandade de Montmartre. Tous les matins, il voit passer une dame spectrale, drapée d'une aura envoûtante. Leur première rencontre s'inscrit sous le sceau de l'entraide, mais c'est la mystérieuse dame qui endosse le rôle pour commencer, en ramenant à son domicile notre confident bien mal en point. Pour le reste, ça sera plutôt l'inverse. Surtout quand notre témoin connaîtra les conditions de vie de la belle, chanteuse exilée d'Allemagne, surtout quand il rencontrera son protégé Max, gamin estropié de la vie parce qu'il est juif, surtout quand il saura le lien viscéral d'Elsa avec Michel désormais en camp de concentration Outre-Rhin, et l'histoire de cet amour quelque peu embrasé par la distance et le désarroi.
Voilà pour le pitch. Une histoire qui nous plongera dans la vie pas si marrante d'un Montmartre des cabarets, finies les années folles. Mais un roman qui nous rappellera aussi la finesse que pouvaient prendre les romans d'époque, dans leur perception affûtée des sentiments (j'ai parfois pensé parfois à Zweig), dans leur lyrisme et dans la beauté des tournures stylistiques (même si un peu désuètes), dans leur capacité naturelle à retenir le lecteur sur des choses simples, comme ici la trajectoire tragique d'un sublime personnage, dans un monde déjà hanté par le nazisme.
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