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Critique de Manfred22


Le Choix de l'Oranger de Gabriel Kevlec fait partie de ces livres rares et beaux, inclassables et bouleversants, en un mot inoubliables.
Tous les livres de Gabriel Kevlec s'éloignent dans leur développement mais se rejoignent dans leur ascension. L'ascension du noir vers la lumière. Des abîmes de désespoir vers le triomphe de l'amour. La seule ascension qui vaille la peine d'être vécue, d'être écrite peut-être.
Dans le Choix de l'Oranger, trois garçons incarnent chacun un archétype, une part de nous-même. Samaël, qui se juge monstrueux, est la part d'ombre de nous-même, la victime du monde brutal, torturée par les vrais monstres, emmurée dans le noir, éprise d'ailleurs. Ferréol incarne la part terrienne de nous-même, celle qui vit dans le monde invivable, le change de l'intérieur. Manoé incarne la part sublime de nous-même, la beauté visible et invisible de notre être. La part qui chute dans les miroirs de la modernité. Les trois ne font qu'un. Ils se fondent en nous, en notre humanité vivante et souffrante, terrestre et céleste. En notre part sacrée.
Gabriel Kevlec ne fait pas du Genet. Il est Genet réincarné. Il a pour lui la science des ombres, leurs contours, leur noirceur, leur tectonique. Il sait que le monde est un bagne à ciel ouvert et que nous marchons au bord du ciel. Et comme il écrit la vie-même, il ne peut faire autrement que de voir ses personnages tomber dans les abîmes. Mais il ne perd pas de vue son but ultime, sauver leur part sacrée, leur âme pure.
Sous sa plume, les mots se couvrent d'or puis de sang. Ses mots sont crus et princiers et on y perçoit clairement la dilatation des pupilles, la pulsation des veines caves, les frissons de l'échine. Sur sa page, on entend le battement des "ailes du désir". Chez lui une étincelle d'amour enflamme le monde tout entier. Où vont les gens qui n'ont personne à qui manquer ? Écrit-il. Et crie t-il.
Gabriel Kevlec possède le don d'écrire la vie comme un diamant brut, ce qu'elle est, enclose dans ses terreurs, taillée par la vie, éblouissante dans ses envols. En peinture, on dit qu'il faut accentuer les sombres pour que les clairs soient plus intenses (on dit qu'on travaille en valeur). Gabriel Kevlec est un peintre de la vie, car il travaille la matière brute qu'elle soit belle ou sale, haute ou bafouée. La littérature s'élève lorsqu'elle ne ment plus, lorsqu'elle ne fait plus l'économie de la douleur ou de l'horreur. Lorsqu'elle nous dit que cette vie nous broie et nous porte dans la même main.
Gabriel Kevlec est le nouveau Genet. Il est aussi le dernier Orphée qui va jusqu'en enfer chercher ses héros pour les ramener jusqu'au paradis de l'amour. Il sait que seul le coeur amoureux peut combler l'abîme intérieur. le Choix de l'Oranger et tous ses livres sont des fleurs du bien et du mal au bleu immarcescible.
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