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Critique de Bookycooky


Albert Black, fils d'une famille protestante de Belfast débarque à dix-huit ans à Wellington, Nouvelle Zélande, en 1953. Deux ans plus tard il va tuer un homme à l'arme blanche pour une histoire de fille et autres.
Il va être jugé et risque la peine de mort dans un pays puritain où le sexe n'est pas un sujet de conversation entre gens bien élevés, où les jeunes ne sont pas autorisés à le mettre en pratique, et où les jeunes filles ne trouveront jamais de mari si elles font des bêtises avant. Tout ce discours est renforcé par un rapport de commission gouvernementale sur la débauche et décadence juvénile alors que la peine de mort qui était en sommeil depuis des années est remise en vigueur. Une politique qui émoustille l'imagination des gens, leur mettant le sexe en tête bien plus qu'avant, et les poussant à attribuer "ce mal" à la présence des immigrés, les étrangers dont Paddy ( surnom d'Albert Black) en fait parti.
Fiona Kidman dans ce cadre malsain, dans la perspective d'une affaire de meurtre commis par un "jeune"" immigré" , nous présente un pays et une époque où les mentalités conservatrices infestées de préjugés causeront des préjudices irrationnels aux conséquences injustes et absurdes. Elle ratisse large, de la famille d'Albert en Irlande du Nord, sa vie d'avant le meurtre à Wellington puis à Auckland, le meurtre , la prison, le procès, les jurés, le directeur de prison et sa femme, figures exceptionnelles......et au centre de tout ça un jeune homme désemparé, qui n'a même pas encore vingt ans , ayant une forte nostalgie de son pays et de sa maman. Il n'avait qu'un seul but, rentrer chez lui, au lieu de quoi il commettra un acte irréparable malgré lui. Sa victime aussi venait d'Irlande, était aussi jeune que lui, et son seul but était tout comme lui de rentrer au bercail. Se sentir mais aussi être considéré comme "L'Etranger" , "L'exclu" les mènera tous les deux à leur perte.
La condamnation du jeune homme sera plus politique que juridique, vu que c'est le gouvernement par le biais du juge, qui décidera de sa mort, à laquelle l'avocat de l'accusé y réfèrera avec ces pensées terribles "La loi, dans son état actuel, semble cruelle et injuste, une cuirasse pour le pouvoir et la vengeance, conçue par des hommes qui ont fait la guerre et ne peuvent pas renoncer au passé, qui doivent continuer la chasse aux ennemis jusqu'à la fin de leur vie." Kidman dans cette atmosphère hostile, nous rapproche du personnage d'Albert Black de façon très subtil, si bien que déjà à la moitié du livre on ressent beaucoup d'empathie pour Paddy, pourtant le meurtrier de l'histoire, et la suite nous en sera d'autant plus difficile émotionnellement à lire et à accepter, alors que vient s'y ajouter un autre événement bouleversant. Et c'est là tout le talent de l'écrivaine. J'avais déjà lu d'elle " La fille de l'air " une histoire vraie qui m'avait beaucoup emballée, pareille pour "Albert Black", une histoire vraie aussi qui m'a bouleversée, mais aussi révulsée par la mise à mort !



"Je ne peux pas croire que nous ayons acquis le droit de décider qui doit vivre et qui doit mourir. Je ne crois pas à la peine de mort....."

Pour chaque mal il y a un pire.
Thomas Hardy

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