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Citations sur Correspondance (3)

C'est en marchant que j'ai eu mes pensées les plus fécondes et je ne connais aucune pensée pesante que la marche ne puisse chasser.
(Lettre à Jette, 1847)
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Rien, absolument rien, ne s'insinue autant qu'un chagrin ; rien, aucune autre passion, aucune autre impression – pas même la joie – ne s'insinue autant que le chagrin, même la créature féminine la plus insinuante ne s'insinue pas autant que le chagrin lorsqu'il trouve un sinus, une intériorité, dans laquelle il peut s'insinuer. La plupart des gens pensent que le chagrin a quelque chose de repoussant, quelque chose qui fait que l'on se ferme à lui, qu'on l'évite. Las ! Ces gens n'ont aucune idée de ce qu'est le chagrin, ni de l'ensorcellement qu'il exerce, par lequel il incite quelqu'un à s'ouvrir à lui comme à rien d'autre, comme à personne d'autre. Quand alors on s'est vraiment ouvert à lui, et quand, de toutes les insinuations la plus insinuante, il a pénétré le secret, c'est-à-dire quand on s'est absolument ouvert à lui, quand on s'est ensorcelé de ses insinuations, quand, loin du regard de tous les autres, on s'est encore plus ouvert à lui – lorsque ceci a eu lieu, alors même la femme qui épouse l'homme le plus fidèle ne pourra être aussi assurée de la fidélité à vie de celui-ci que le chagrin peut être certain de : « il me sera fidèle ». Maintenant que le chagrin a trouvé – ou acquis – sa demeure, et qu'il se sait entre de bonnes mains – alors il s'installe, et même la femme d'intérieur la plus soucieuse de son foyer ne s'occupe d'autant de choses captivantes que ne le fait le chagrin. Dès lors, le chagrin tient « compagnie » : car lui, de tous le plus insinuant, il comprend l'insinuant au plus profond ; il sait fort bien que même la compagnie la plus charmante devient parfois lassante, mais que la compagnie que l'on supporte le plus longtemps est celle de la solitude – où le chagrin tient compagnie.
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Il est amoureux – et, en même temps, il cherche inlassablement à l'être ; à chaque instant, une inquiétude, un désir, une impatience le font souhaiter être celui qu'au même instant il est. Il n'a de cesse de couvrir sa propre enchère, bien que son concurrent ne soit autre que lui-même, et qu'il soit donc en un sens seul à miser. Dans sa bienheureuse impatience, il pousse les enchères de plus en plus haut, car la possession de l'objet de son désir n'a pas de prix. L'amour est à l'image du négociant : il vend tout ses biens pour acheter le champ dans lequel se trouve la précieuse perle, et il aimerait posséder davantage pour pouvoir le payer plus cher encore. Tout comme le négociant, à chaque fois qu'il contemple son trésor, l'amour soupire et se dit en lui-même : « Pourquoi donc ne suis-je pas propriétaire du monde entier, afin de pouvoir le donner et acquérir ce trésor – que je possède ! » Ainsi, l'amour ne dispose jamais de son objet comme d'une chose morte et inanimée, mais il s'efforce à chaque instant d'obtenir cela même que, déjà, il possède. Jamais il ne dit : « J'ai maintenant toutes les garanties, et m'en vais prendre un petit repos » ; non, il est sans cesse en mouvement, plus prompt que tout autre, car il se dépasse lui-même dans sa course. Mais cette hâte, cette impatience, ce désir, cette inquiétude, ce mouvement... qu'est-ce d'autre que ce pouvoir qu'a l'amour de chasser l'oubli, la langueur – et la mort ? La félicité éternelle elle-même, que serait-elle sans désirs – sans le désir de l'atteindre ? Notre prosaïque raison est bien la seule à penser qu'il est inepte de désirer ce que l'on possède déjà. Et ce désir, qu'il mugisse ou murmure, selon les circonstances, ne parle jamais que d'une seule voix. Car si je devais formuler un vœu, alors je sais bien aussi lequel ce serait ; et si je devais formuler sept vœux, alors je n'en ferais qu'un seul, que je répéterais joyeusement sept fois – même si je le savais réalisé dès la première.
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