- C’est parce que je suis folle que je t’ai vue ?
- Ne sois pas si dure avec toi.
India Morgan Phelps se lance dans l'écriture de son du récit où doivent apparaître des fantômes, une sirène et un loup. Elle entreprend cet exercice pour différentes raisons qui selon elle ne sont ni bonnes ni mauvaises, ni vrais ni fausses. Elle nous donne des détails factuels mais mensonger et ne suis que la chronologie que lui imposent ses pulsions. Nous regardons par la lucarne du lecteur ce qu'est la vie d'Imp, schizophrène comme sa grand-mère et sa mère avant elle.
J'ai été attirée par ce livre grâce à une phrase de Neil Gaiman présente sur la couverture du livre (édition PaniniBooks) : "Caitlin est une poétesse et une barde pour les âmes perdues et égarées..."
A la lecture de ce livre nous ne nous noyons pas mais pour un peu que nous soyons légèrement sein d'esprit nous pouvons sentir le goût du sel sur notre langue.
Les fantômes sont des souvenirs trop forts pour être définitivement oubliés ; ils résonnent à travers les années et refusent de se laisser effacer par le temps. (…) Autre chose, à propos des fantômes, un point très important : la prudence s’impose, parce qu’ils peuvent se révéler contagieux. Les hantises sont des mèmes, des contaminations de la pensée terriblement pernicieuses, des infections sociales qui ne nécessitent aucun hôte viral ou bactérien et se transmettent d’un millier de façons différentes. Un livre, un poème, une chanson, un conte, le suicide d’une grand-mère, une chorégraphie, quelques images d’un film, un diagnostic de schizophrénie, une chute de cheval mortelle, une photo dont les couleurs ont perdu de leur éclat, une histoire racontée à sa fille.
Ou un tableau accroché au mur.
Je ne suis pas convaincue. Par cette théorie. Nous ne sommes ni doués ni extraordinaires. Nous sommes légèrement ou profondément brisés.
Je pense que ça a été une des meilleures journées que nous avons passées ensemble. Si je savais comment capturer et retenir des souvenirs de cette façon, je presserais ce moment entre des feuilles de papier paraffiné, comme un bouton de rose ou un trèfle à quatre feuilles. Malheureusement, je ne sais pas. Comment faire, je veux dire. Et les souvenirs s'effacent.
Le plus fâcheux, bien sûr, c'est que la plupart des fenêtres fonctionnent dans les deux sens. Si elles permettent de regarder dehors, tout ce qui passe devant peut également regarder dedans.
En fait, à ma grande surprise, je prends rapidement conscience que j'essaye de me raconter une histoire dans un langage que je suis d'obligée d'inventer au fur et à mesure.
Vous comprenez que vous ne saurez probablement jamais avec certitude ce qui s'est passé ?
comme si lâcher les mots dans le monde pouvait suffire à accomplir cela