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Critique de Foxfire


1er chapitre, je suis intriguée. 2ème chapitre, je suis déroutée. Je ne comprends pas trop ce que je lis. 3ème chapitre, je suis accrochée. Et à partir de ce moment-là je ne vais plus pouvoir lâcher le bouquin, il m'a hypnotisée, envoûtée. C'est un roman très particulier dont il est assez difficile de parler. Pas évident de structurer mes pensées pour évoquer ce récit court mais dense, un peu fou, qui me laisse une impression très forte. Il y a tant de belles choses dans « les agents de Dreamland »…

Pour donner une idée de l'impact émotionnel que j'ai ressenti en lisant « les agents de Dreamland », il y a un passage que j'ai envie d'évoquer, un passage qui pourtant ne touche pas vraiment au coeur du sujet, ne fait pas avancer l'intrigue mais la façon dont il m'a fait vibrer est très parlante. Kiernan évoque à un moment un film à travers les souvenirs d'un personnage. Il s'agit d'un métrage de James Whale datant de 34 scénarisé par Edgar Rice Burroughs lui-même. J'ai cherché des infos supplémentaires sur ce film. La façon dont Kiernan en parlait m'avait donné furieusement envie de le voir. J'ai eu beau chercher, je n'ai trouvé aucune trace de ce film, rien. Il n'était que le fruit de l'imagination d'une auteure cinéphile. J'ai alors ressenti une sorte de tristesse paradoxalement mêlée d'euphorie. Tristesse car ce film n'existe pas, et pourtant j'aurais tant aimé le voir. Euphorie parce que ça ressemble un peu à de la magie quand est ainsi donné vie à une illusion, à un rêve. C'est vous dire à quel point j'ai été immergée dans cette histoire.


Dans « les agents de Dreamland », il y a des personnages qui parviennent à exister fortement malgré un temps de présence parfois très court. le Signaleur a beau être un personnage assez archétypal, il est parfaitement brossé et je me suis beaucoup attachée à lui. J'ai été à la fois émue et terrifiée par le personnage de Chloé. Quant à Immacolata, c'est un des personnages les plus étranges et les plus intrigants que j'ai pu rencontrer au cours de mes lectures. Et j'ai particulièrement apprécié le choix de Kiernan de laisser du mystère autour d'elle. On ne saura jamais vraiment qui elle est, ni même ce qu'elle est. Et c'est tant mieux.


Dans « les agents de Dreamland », il y a surtout une atmosphère. Kiernan instaure une ambiance très singulière grâce à un mélange des genres parfaitement dosé et maîtrisé. Dans « les agents de Dreamland » se mêlent ufologie, voyages dans le temps, post-apo, horreur, onirisme et étrangeté Lovecraftienne. L'ensemble fonctionne très bien, les divers ingrédients se marient remarquablement. le schéma narratif participe également à l'atmosphère du roman. En effet, le récit alterne les points de vue, à la fois par les changements de narrateurs et par les changements d'époque. La tonalité du roman m'a fait une très forte impression, m'a procuré des sensations vraiment intenses. Kiernan choisit de laisser des zones d'ombre, du flou. La compréhension n'est jamais vraiment pleine et entière, en tout cas c'est le sentiment que j'ai à l'issue de cette première lecture. Mais ce flou persistant renforce le mystère et l'aspect sensoriel de la lecture. Sans jamais céder aux facilités des grosses ficelles, sans appuyer sur des effets démonstratifs, l'auteure parvient à rendre son récit oppressant, angoissant, parfois même dérangeant jusqu'au malaise. Jouer davantage sur la suggestion que sur la démonstration permet aussi à Kiernan d'ajouter à ce climat inquiétant une tonalité de désolation poétique. Spleen et mélancolie envahissent peu à peu le lecteur, à l'image de la contamination au coeur du récit. le lecteur est ainsi emmené jusqu'à un dénouement d'une sublime désespérance, beau et triste à pleurer.
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