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Critique de JeffreyLeePierre


Désormais, grâce à Catel et Bocquet et leurs 1341 lecteurs Babelio, tout le monde connait Alice Prin, dite Kiki de Montparnasse.

V.I.P. sans le sou du Montparnasse des années 1910 à 1930, muse de quelques peintres mais aussi et surtout de Man Ray qui l'immortalisa, artiste de cabaret, elle a quasiment croisé tout le top des artistes Parisiens du début du XXème siècle. Je ne vous fais pas le name dropping façon dossiers de presse, vous pouvez y aller en toute confiance.

Alors comment résister à son point de vue à elle, tel que décrit dans son autobiographie "Souvenirs retrouvés" ?
Enfin, petite précision, sa seconde autobiographie : la première est parue en 1929, parrainée par Henri Broca et Man Ray, préfacée par Ernest Hemingway ('scusez du peu)... et directement censurée aux États-Unis.
Du coup, en 1938, elle s'attelle à re-raconter sa vie à son compagnon et accordéoniste (par ailleurs inspecteur des impôts, nul n'est parfait), lequel tape tout cela sur une machine à écrire. Les essais pour publier cette nouvelle version échouent ; faut dire qu'elle s'adresse benoîtement à l'agent d'André Breton alors qu'elle massacre allègrement les surréalistes dans le chapitre qui leur est consacré. Et le tapuscrit disparait de longues décennies...

Le livre est court, brut de décoffrage : le parti pris éditorial est de reprendre tel quel le tapuscrit (y compris en indiquant les sauts de feuillets) assorti des photos que Kiki avait préparées, ainsi que de quelques autres photos pour les premiers chapitres.

Brute aussi la façon de raconter crûment sa vie pleine de moments misérables et mémorables.
Le ton est direct, enjoué (même pour raconter des situations parfois navrantes) et elle y va franchement. Tant dans la description de ses amours (ses premières tentatives ratées sont hilarantes) que dans le peu d'estime où elle tient certains petits monsieurs. Elles a très souvent les purotins fort à la bonne, mais les riches peuvent aussi passer dans son estime à travers le chas de son jugement pour peu qu'ils soient humains, pas hautains.

Le seul truc un peu bizarre est l'absence quasi complète de Man Ray dans ces mémoires. Il y a bien un chapitre qui lui est consacré, mais ce n'est qu'une collection de photos (de Kiki par Man Ray) sans aucun mot. Je pose l'hypothèse de la délicatesse vis à vis de la compagne de Man Ray en 1938, ou vis à vis de son propre compagnon qui écrivait la chose. Ou alors, c'est parce que le livre de 1929 (que je n'ai pas lu) avait déjà fait le tour de la question...

Bref, quoique le sujet soit largement défloré par le Catel/Bocquet, c'est un vrai plaisir de lire, d'écouter raconter plutôt, la version de la protagoniste elle-même.
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