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Voilà un roman saisissant, traitant de deux sujets sociétaux. Alors ça se passe en Corée du sud, mais dans une moindre mesure cela aurait pu se dérouler en France.

On va suivre la vie, sur une courte période, de notre protagoniste. On va partager ses réflexions sur ce qui fait son quotidien, sa fille qui la sollicite pour venir vivre chez elle le temps de trouver un logement et son emploi en qualité d'aide-soignante dans une maison de retraite.

Ce qui va faire une grosse différence, c'est le contexte, cela se passe en Corée du Sud, un pays visiblement assez conservateur et traditionaliste.

Parce que vous direz, une fille qui demande à mère de l'héberger n'a rien d'anormal, mais le souci pour la mère (qui est le point de vue du roman) est que sa fille va venir avec son amie Lane, mais qui se révèle être plus qu'une amie, c'est la conjointe de sa fille. Et l'homosexualité est très mal perçue en Corée du Sud.

La mère se voit donc accablé de honte et tiens des pensées parfois très dures à l'encontre de sa fille, et même des échanges de paroles, elle ne conçoit pas cela possible, que de son opinion, sa fille gâche sa vie ainsi. Une fille qui de plus donne des cours en université, mais est actuellement en grève pour combattre un licenciement abusif sur fond d'homophobie.

Alors que la mère reproche à sa fille son engagement pour une cause qu'elle ne juge pas noble, elle va dans le même temps de son côté rentrer dans un combat avec son employeur au sujet des conditions de la personne âgé qu'elle a en charge.

C'est très intéressant, car nous n'avons que le point de vue unique de la mère qui ne voit pas qu'au final elle est engagée dans une lutte tout comme sa fille, mais qu'elle ne considère que la sienne comme juste.

C'est assez prenant comme lecture, les sentiments de la narratrice sont bien retranscrits et aident à s'imprégner de son ressenti, c'est une lecture qui reste édifiante et pourrait pousser le lecteur à sa propre introspection sur comprendre autrui.
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La narratrice de A propos de ma fille est une veuve d'une soixantaine d'années dont la relation avec sa fille unique, à la situation professionnelle instable, se heurte à une incompréhension persistante : la mère ne peut pas admettre que sa fille puisse être homosexuelle. le roman de Kim Hye-jin nous plonge dans les ressentiments et les pensées de cette femme, campée sur des valeurs traditionnelles qui ont guidé son existence, et viscéralement hostile au choix de vie de sa fille. Seule sa voix nous parvient et les paroles et les actes des autres, dont la compagne de sa fille, ne nous sont communiqués qu'à travers son prisme. C'est là la force émotionnelle du livre, qui nous oblige à essayer de comprendre les arguments de cette femme déboussolée, tout en ayant l'envie urgente de lui demander de se débarrasser de ses préjugés et de faire preuve d'un minimum de tolérance. Parallèlement, la romancière évoque de manière très réaliste le travail de son personnage principal dans une maison de retraite où elle se dédie à une patiente âgée et atteinte d'Alzheimer, tout en se battant contre une administration sans coeur et ne pensant qu'au profit. le portrait de l'héroïne (si tant est que l'on puisse l'appeler ainsi) de A propos de ma fille est donc plus subtil qu'il n'y parait et témoigne à la fois du poids des conventions sociales et de la complexité de l'âme humaine. Il peut parfois y avoir un sentiment de tourner en rond dans le cerveau de la mère mais le livre a l'intelligence de se terminer sur une note plus ou moins apaisée qui laisse au lecteur le soin d'imaginer ce qu'il adviendra dans le futur.
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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Le poids des traditions donne aux comportements une aura de vérité immuable. L'on doit dire ou ne pas dire tel ou tel mot, l'on doit accepter l'organisation sociale, aussi absurde puisse-t-elle être. Toute loi devient organique dans le sens où elle devient partie intégrante de l'individu. Tels des mantras, la vérité devient une règle organique, physiquement impossible à extraire de chaque être, sous peine de rendre l'existence de la personne qui y croit physiologiquement impossible. L'instinct de conservation de la mère dicte à celle-ci des mots qu'elle ne maîtrise pas, elle ne peut physiquement vivre avec l'homosexualité de sa fille.
Elle ne peut, de la même manière, supporter le traitement inhumain d'une personne âgée dont elle a la charge. Elle a construit une relation avec cette personne qui dépasse le cadre de son métier d'aide-soignante.
Ce même souci du respect, partie intégrante de la tradition, la pousse à des actes dictées par la seule manifestation de la vérité, par delà les contingences sociales et les obligations qui s'y réfèrent. Elle est prisonnière dans les deux cas de la religion intangible de la Vérité née de principes répétés depuis la nuit des temps.
L'homme vit avec la femme, fonde une famille, a des enfants et le bonheur naît de cette union.
La personne âgée doit être respectée, protégée et soignée jusqu'à son dernier souffle, quelle qu'en soit le prix, cela est inscrit sur les tables de la loi universelle des hommes.
Ces deux principes sacrés sont violés allègrement dans son environnement de femme mûre, aux certitudes définitives.
Seul le danger généré par son comportement peut faire vaciller sa vision figée et instiller un doute. le mélange des deux évènements assouplit les rapports entre les êtres, aboutissant à une succession de compromis heureux.
Premier livre de l'auteure, elle touche du doigt les limites de notre tolérance aux changements de moeurs qui choquent notre conscience, de bonne foi car forgé dans une vérité mille fois assénée.
Les deux traductions de cette intolérance sont en opposition totale, pour de mauvaises et de bonnes raisons.
A lire, beaucoup d'humanité se dégage de ce texte.
Merci

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A propos de ma fille est le premier roman traduit en français de la Sud-Coréenne Kim Hye-Jin. Ce n'est pas particulièrement le genre de livres vers lesquels je vais, ni même que j'achète. Je l'ai lu parce qu'il faisait partie d'une liste dans laquelle il fallait que je pioche des lectures pour le boulot. Mais ça me fait connaître autre chose et finalement mieux conseiller les lecteurs au quotidien.

À Séoul la narratricc, une femme d'une soixantaine d'années accueille sa fille qui a dû quitter son appartement par manque d'argent – le système des locations et de l'accession à la propriété est très particulier en Corée du sud. Mais elle ne fait cela avec plaisir, car sa fille vient avec sa compagne. Et engoncée dans ses préjugés, la mère n'accepte pas du tout l'homosexualité de sa fille et son militantisme. Elle ne dit rien, mais son hostilité est telle qu'elle refuse de parler Lane, la copine de sa fille, qui pourtant la soulage beaucoup au quotidien. Son travail dans une maison de retraite la fatigue beaucoup.Elle se dédie à une patiente âgée et atteinte d'Alzheimer, tout en se battant contre une administration sans coeur et ne pensant qu'au profit. Et elle ne peut s'empêcher de se dire que sa fille finira seule comme sa patiente. Ne peut-elle pas rentrer dans le droit chemin et se trouver un mari ?

A propos de ma fille n'est pas un roman très gai, c'est le moins qu'on puisse dire. Il est plutôt court – moins de deux cents pages – et je me suis dit que c'était presque trop. Je n'ai pas adoré, même s'il est intéressant d'en savoir plus sur la société coréenne. Ce roman aborde en effet quelques sujets intéressants, comme la difficulté pour les jeunes actifs de se loger, le poids des traditions, la jeune génération qui veut faire changer les choses et ce vers quoi tend la société concernant le sort des personnes âgées.

En écrivant cette chronique, je ne peux pas m'empêcher de pense à l'expression « OK Boomer ». Deux générations cohabitent sous le même toit et ce n'est pas simple. La mère qui vit avec le poids des traditions sur les épaules et la fille qui veut que les choses changent, elle veut envoyer valser ce fichu carcan dans lequel elle ne peut pas vivre normalement.

Quand je parle de deux générations, en fait il y en a plutôt trois avec la patiente de la maison de retraite. Elle a eu une vie fascinante, mais plus personne ne vient la voir. Il n'y a que la narratrice qui s'intéresse encore à cette femme. Il n'y a plus qu'elle pour tenter de servir de rempart face à l'administration qui ne jure que par la rentabilité et non le confort des résidants de la maison de retraite.

Mais je n'ai pas tellement accroché. Sans doute le rythme un peu lent et sans doute aussi parce que je ne suis pas familière – et griande – de cette littérature classique et un poil monotone. Et oui, ça arrive de ne pas être enthousiaste, de passer à-côté d'un livre.
Lien : http://mademoisellemaeve.wor..
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Voyage en terres homophobes.

Le récit d'une mère coréenne embourbée dans ses carcans hétérornormés confrontée à sa fille lesbienne pleine de convictions queer.
Les questionnements sont intéressants mais cette femme est si paradoxale qu'elle en devient agaçante.

Tout est à revoir.
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Hye-Jin Kim nous offre un roman d'une intensité extrême offrant un regard sans concession sur la société conservatrice coréenne confrontée à l'évolution des moeurs de la société moderne, sujet encore très tabou aujourd'hui.

La narratrice, femme d'une soixantaine d'années, voit revenir sa fille, à son domicile. Celle-ci est chargée de cours à l'université, trentenaire et confrontée à des problèmes d'argent. Mais voilà, la jeune femme n'arrive pas seule mais avec sa compagne Lane. Par ailleurs, au niveau professionnel, elle s'est engagée dans une contestation de récents licenciements abusifs de son employeur envers des chargés de cours notamment homosexuels.

Pour la narratrice impossible d'accepter la situation, de mettre des mots sur la relation de sa fille, de cautionner le parcours différent choisi par sa fille, tant au niveau professionnel qu'intime.

L'auteure fait suivre à son lecteur le huis-clos plein de tensions qui s'installe entre les trois femmes.

En parallèle, elle nous raconte également le quotidien professionnel de la narratrice, aide-soignante dans une maison de retraite où elle s'occupe exclusivement de Jen, une vieille dame atteinte de la maladie d'Alzheimer et très seule qui a eu un parcours de vie admirable dédié aux autres. Elle est entraînée dans la défense de cette vieille dame face aux conditions de plus en plus inhumaines dans lesquelles elle évolue. Jen devient peu à peu quelqu'un d'important pour la narratrice, cette relation dépassant le cadre de son travail.

L'auteure nous fait suivre ainsi le quotidien d'une femme déstabilisée, apeurée, en colère en confrontation entre ses convictions profondes ancrées dans les traditions ancestrales de la société coréenne et son amour pour sa fille qu'elle ne comprend pas et dont elle ne cautionne pas le comportement. Un vrai combat intérieur.

C'est un premier roman admirable, un roman de femmes, un roman intense et nécessaire.

Je vous invite vivement à le découvrir.
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Surtout ne rien voir, car voir c'est savoir et savoir c'est devoir admettre. Admettre cette relation entre sa fille, sa chair, son propre sang et une autre femme, comment est-ce possible ? Ne pas en parler. Eviter le sujet. Ne surtout pas compromettre la dernière chance pour sa fille d'avoir une vie normale, un mari et des enfants, de fonder une famille.

Pourtant, les questions affluent et ne la quittent plus. Elles sont là, elles pulsent et se reflètent partout. Pourquoi ma fille me fait-elle subir une telle chose ? Qu'ai-je fait pour mériter cela ? Qu'ai-je raté dans son éducation ? Pourquoi n'ai-je pas réagi plus tôt ? Comment fera-t-elle sans famille pour s'occuper d'elle quand elle sera trop vieille ?

La narratrice voit revenir sa fille, une trentenaire chargée de cours qui a du quitter son appartement par manque d'argent, vivre avec elle. Seulement voilà, elle ne revient pas seule. Sa compagne, Lane est avec elle. La narratrice fait tout pour ignorer Lane. Elle essaye de contenir les mots violents et son dégoût à l'intérieur. Elevée dans l'obsession de se fondre dans la masse, d'être "une bonne personne", de vivre une vie normale, elle n'arrive pas à accepter que sa fille choisisse un chemin différent. Cette frustration mêlée de honte et de répugnance cache la peur de voir sa fille mourir seule et sans personne comme Jen, la femme âgée dont elle s'occupe à la maison de retraite dans laquelle elle travaille.

D'autant que sa fille ne s'arrête pas simplement à aimer une femme. Elle se bat pour faire entendre sa voix et celle des victimes de discrimination et de haine dues à leur orientation sexuelle.

Kim Hye-jin, en donnant voix à cette mère coréenne élevée dans une morale stricte dépeint le conflit permanent entre l'amour pour son enfant et cette peur de la différence qui ostracise et écarte de la société. Les valeurs qui lui ont été inculquées et qu'elle s'est efforcée de transmettre à son tour à sa fille ne fonctionnent plus, et alors comment s'en sortir ? Pourtant, notre narratrice se rend bien compte des failles de cette société embourbée dans des codes validant des comportements injustes. Dans une écriture simple, l'autrice nous emmène dans l'intimité d'une femme en colère mais aussi apeurée, essayant de se défaire des attentes et des ambitions qu'elle espérait 1pour sa fille.

"A propos de ma fille" est un roman important, nous parlant de femmes par une femme. D'une mère et de sa fille, de ce que ça peut être d'être lesbienne en Corée du Sud. J'ai été touchée par cette femme prenant de l'âge, à qui la mort fait peur et qui ne sait pas comment se débarrasser du carcan des normes pour accepter sa fille telle qu'elle est.
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Une histoire pleine de sensibilité qui explore les relations cahotiques entre une mère et sa fille trentenaire mais aussi entre cette même mère et une de ses "protégées", une vieille dame dont elle est l'aide-soignante.
En Corée, il est encore mal vu d'avoir des relations homosexuelles, et cette mère a terriblement honte de sa fille. Il lui faudra tout le roman pour enfin accepter sa fille et son amie venues habiter avec elle, faute de ressources suffisantes pour s'offrir une location.
Et en Corée, c'est comme en France, on maltraite de manière indigne les très vieilles personnes dans des établissements de soins. Les aides-soignantes ont ordre d'économiser sur tout, même les couches, et d'abrutir leurs patients de psychotropes ...La narratrice - la mère, donc- tentera de se rebeller contre cet état de fait.
J'ai vraiment beaucoup apprécié ce roman et j'y repense souvent.
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Ce roman est le premier publié de Hye-Jin Kim, auteure sud-coréenne.

La narratrice, aide-soignante en maison de retraite, âgée d'une soixantaine d'année, est contrainte de recevoir chez elle, le temps qu'elles retrouvent un logement, sa fille trentenaire et la compagne de celle-ci. Tout au long de l'histoire, cette mère va voir toutes ses convictions confrontées à sa réalité de vie, tant professionnelle que privée, et va nous en faire part dans une atmosphère tendue et pesante.

C'est un vrai choc culturel que j'ai vécu à la lecture de ce livre. Cette femme complètement déboussolée, se demandant ce qu'elle a pu rater en termes d'éducation et de transmission de valeurs, cette mère que l'homosexualité de sa fille répugne carrément, parce qu'une famille est la force, l'ancrage, et qu'elle est forcément constituée d'un homme et d'une femme qui ont des enfants, cette femme habitée par des valeurs ancestrales de respect et de prise en charge des anciens (quitte à se sacrifier lorsqu'elle trouve que les institutions n'ont pas la réponse adéquate… tout comme c'est le cas chez nous), cette femme qui croit profondément qu'il ne faut jamais se mêler de ce qui ne nous regarde pas, ne pas déranger… Cette femme nous parle, tout au long du livre, pour nous expliquer ses dégoûts, ses incompréhensions, ses désillusions, ses pertes de repères par rapport à ce qu'elle croit fondamental…

J'ai été profondément bouleversée par la lecture de ce roman. Tout d'abord, à cause du positionnement de la narratrice par rapport à sa fille : elle ne tente pas du tout de se mettre à la place de sa fille, de voir comment sa fille peut vivre son homosexualité, parce que c'est quelque chose qu'elle ne peut pas concevoir dans son schéma familial. Mon premier ressenti a été l'incompréhension face à cette mère hermétique… mais également une certaine empathie malgré tout, même si ses croyances sont, dans ce cas précis, assez à l'opposé des miennes, tant la détresse qui l'habite est perceptible : tous ses repères, toutes les croyances sur lesquelles elle a bâti sa vie, sont remises en question en même temps, que ce soit par sa fille qui a choisi une autre voie que la sienne (en-dehors de son homosexualité, son emploi choisi par conviction et le besoin de justice qu'elle affirme haut et fort n'est également pas compris par sa mère), ou par son lieu de travail, dans lequel l'aspect financier prime sur l'aspect humain.

Cette culture dans laquelle je n'ai retrouvé aucun repère, le lent cheminement que cette femme opère au fur et à mesure du livre, cette conclusion en porte ouverte, et cette écriture qui sonne si vrai… tous ces éléments m'ont fait apprécier, malgré tout ce qu'il contenait de difficile, ce voyage totalement dépaysant en Corée.

Lien : https://deslivredanslalune.w..
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Pour moi, ce roman est une prise de conscience d'une femme d'une soixantaine d'années, qui est homophobe. En prenant soin d'une personne âgée dans une maison de retraite, elle se rend compte de la Maltraitance envers les personnes âgées. Et cette prise de conscience va l'amener à réfléchir sur sa position vis à vis de sa fille qui est homosexuelle. Magnifique roman d'un éveil.
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