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Critique de SZRAMOWO


«La charité vient du grenier» est-il écrit page 78, illustration coréenne de la théorie du ruissellement selon Kim UN-SU l'auteur des Planificateurs. Merci à Babelio et aux éditions Points Policier Seuil d'avoir permis ce premier contact réussi avec le thriller Sud Coréen, dans le cadre de la dernière masse critique "mauvais genre".
Ouf !
L'histoire pourrait s'intiltuler «Quand l'assassinat planifié devient un mode de résolution des conflits économiques et sociaux», plus efficace que de longues négociations, plus juteux que des diplômes de management forcément couteux et à l'efficacité aléatoire.
Le récit montre comment certaines dictatures passent du tout Etat au tout Marché avec aisance, sans honte, pour le plus grand bonheur de ces petites entreprises du meutre commandité qui ne connaissent pas la crise.
Une dictature militaire pratiquant l'assassinat avec l'habituelle kyrielle de dénonciations, tortures, aveux camouflée sous un apparat idéologique auquel plus personne ne croit, en vient à concéder ses basses besognes à des opérateurs privés.
Le pivot de ce nouveau crime organisé est le Père Raton Laveur, un vieil homme en charge de la biblithèque des chiens et aussi de l'exécution des missions des planificateurs dont on ignore tout sinon leur commande et le cahier des charges de l'exécution désignant qui, où et comment doit se dérouler le contrat.
Les choses dérapent lorsque Chu, pourtant un tueur aguerri, choisit de ne pas honorer un contrat.
L'autre tueur de la bibliothèque est Laeseng, un lecteur compulsif, orphelin devenu le fils spirituel du Père Raton Laveur et ami de Chu.
L'autre pivot de l'industrie est Poilu, un incinérateur pour cadavres de chiens qui est chargé d'incinérer les victimes humaines des contrats en toute discrétion.
Le faux pas de Chu va déclencher une guerre sur le marché du crime organisé entre ceux de la Bibliothèque et un jeune et nouvel entrepreneur ambitieux Hanja qui lui aussi est passé entre les mains du père Raton Laveur.
Guerre de marchés, mais aussi guerre de méthode, d'éthique et de philosophie du crime organisé.
Le style de Kim UN-SU nous entraîne dans les arcanes de ces sociétés de la disparition programmée en nous montrant comment là aussi, la concurrence, la sélection de clientèle, la recherche du profit maximum fait rage. Délocalisation, dérégulation, remise en cause du rôle de l'Etat sont le nouveau credo des tueurs à gages :
«Hanja a transformé le monde de la planification, aussi boueux et foutraque qu'un marché traditionnel, en un grand magasin propre et ordonné. Comment dire ? Un monde où une belle hôtesse vous salue : «Bienvenue cher client. Quelle type de mort voudriez-vous donner ?» avant de vous mener au salon d'essayage en toute courtoisie.»
Laeseng sent que sa relation avec Chu peut le conduire à la mort, même si chaque tueur sait qu'un jour ou l'autre il finira comme ses victimes. Souvent à un âge où le commun des mortels est en pleine ascension.
Kim UN-SU revisite avec talent le thème du tueur qui pète les plombs et sympathise avec ses victimes, signant le début de sa fin.
Thème exploré avec bonheur par exemple dans le film de Richard Shepard The Matador avec Pierce Brosnan ou encore Cible émouvante de Pierre Salvadori avec Jean Rochefort dans le rôle du tueur et son remake Petits meurtres à l'anglaise de Jonathan Lynn avec Emily Blunt et Rupert Everett.
Kim UN-SUN joue avec brio du personnage du tueur lecteur, qui cite le loup bleu de Yashushi Inoué et se réfugie chez lui auprès de ses deux chats Pupitre et Lampadaire après l'exécution de ses contrats.
Un univers protecteur qui l'isole de la rudesse du monde de la Bibliothèque. En cherchant à découvrir qui sont les planificateurs, Laeseng ouvre la boite de Pandore.
Roman inattendu d'un auteur à découvrir pour son style, sa façon de raconter, et sa capacité à créer des univers oniriques, crédibles mais aussi des univers noirs tout aussi crédibles et réalistes qui s'attirent et se repoussent tout à la fois plaçant les héros dans des abimes de perplexité et de désarroi dont ils ont du mal à sortir.
Lien : https://camalonga.wordpress...
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