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Critique de karmax211


Du "nouveau" dans le monde du polar !
J'avais lu et présenté il y a un peu moins de deux ans le livre de celle que certains qualifient de " reine du polar ", l'auteure sud-coréenne Jeong Yu-Jeong et son roman intitulé - Généalogie du mal - ( ma critique est toujours consultable ).
J'étais alors dans une démarche "découverte", c'est-à-dire chercher à savoir ce qui se faisait d'intéressant dans le monde en dehors de Connelly, de Nesbo, de Mankell, d'Harvey et autres notables du genre.
Cette première rencontre ne s'avéra pas vraiment convaincante... mais voilà que deux ans plus tard, j'entends parler d'un autre sud-coréen "à découvrir absolument".
Je m'informe, lis quelques critiques... professionnelles ou pas... et I cross the bridge.
Au-delà du pont m'attend un ouvrage paradoxal, agaçant, envoûtant et prenant.
Un mélange inattendu de Tarantino, de Melville, de Kurosawa, de Coppola ( père ) et de de Palma...
J'exagère ? À peine...
Il y a dans - Les planificateurs - de Kim Un-Su, à des degrés variés, certains des ingrédients ( oubliez la sémantique tambouillante du mot ) que l'on retrouve dans " Kill Bill -, dans - le Samouraï -, dans - Les Sept Samouraïs -, dans - le Parrain - et dans - Scarface -... Ce ne sont que des exemples parmi une foule de références que contient ce polar.
Laesaeng, orphelin, est adopté par père Raton Laveur, qui "dirige" "la Bibliothèque des Chiens", laquelle bibliothèque contient plus de 200 000 ouvrages que personne ne lit, et qui n'a comme seuls visiteurs que des sicaires.
Car dans cette Tour de Babel se concentrent, depuis des décennies, tout le savoir du crime et sa mystérieuse organisation.
Laesaeng va intégrer en tant qu'exécuteur ce monde régi par ceux que l'on appelle les planificateurs.
Ce monde a ses lois, ses rituels, ses traditions auxquels chacun se soumet. Ne pas les respecter, c'est mourir.
Père Raton Laveur adopte un deuxième "fils", Hanja, lequel va très vite aller à contre-courant de la "vénérable" bibliothèque et symboliser l'avenir, la "modernité".
Laesaeng, tueur "poète" ( lui, à défaut d'être allé à l'école, a dérogé à la règle et est un autodidacte lecteur et amoureux des livres ) va entrer en conflit avec son "frère".
Le premier chapitre qui s'intitule "Sur l'hospitalité" est une petite merveille de création. Cette rencontre, ce chassé-croisé entre le tueur à gages et sa cible, entre le chasseur et sa proie est un pur moment de grâce.
Ce premier chapitre plante le décor. Ce décor "samouraï", ce décor fait de codes acceptés et respectés, c'est ce monde du passé auquel Hanja veut substituer la technologie, le management, la rentabilité.
C'est la lutte qui s'engage entre la vieille bibliothèque empoussiérée et le CAC40 du crime organisé.
Au milieu de cette lutte s'insèrent la Séoul de la tradition, du passé, celle où se côtoient les usines et leurs ouvrier(ère)s, les commerçants et artisans de "la périphérie", les bas-fonds, les marginaux, et la Séoul globalisée avec ses gratte-ciels, ses TGV, ses golden boys, ses milliardaires et sa corruption... et ses opposant(e)s. Et Laensaeng est balloté entre ces deux univers, ces deux visions qui se cherchent sans vraiment vouloir se regarder.
Le rythme du roman est très progressif. Il est d'abord très lent, contemplatif et hésitant, puis monte peu à peu en puissance, pour terminer en apothéose, au sens de "ce qui s'élève au-dessus du commun".
C'est un livre "mine", un polar qui donne un coup de jeune au polar.
C'est un livre riche, plein de références, d'allusions, de sens, d'humour, de trouvailles et de créativité. Un livre à l'écriture travaillée, au style plus élaboré que la moyenne du "genre" ( un genre que je ne minimise ni ne dénigre... mais où il y a pas mal d'auteurs médiocres qui ont pignon sur rue... !)
Les deux "duels" entre Laesaeng et le Barbier sont de purs moments d'anthologie dans ce genre.
Je crois que l'auteur a écrit un autre polar "recommandable"... - Sang chaud -... j'espère pouvoir le lire bientôt...
PS : il faut lire ce roman comme un " Art Martial ".
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