Nous sommes en 1990, au coeur d'une banlieue pauvre, si proche géographiquement de Paris et si éloignée socialement. Adolescente, la narratrice, enfant d'une famille éclatée, a des rêves d'avenir plein la tête, devenir hôtesse de l'air ou avocate, mais dans l'immédiat, elle rêve de porter des vêtements et accessoires de marques. Malgré ses peurs, elle intègre le réseau clandestin Magritte, agite les zguègues en contrepartie d'une petite rémunération, qui, répétée régulièrement, va lui permettre de découvrir activement les rayons du BHV avec son amie Chanelle. En ajoutant quelques substances désinhibantes, elle poursuit son voeu d'adolescente « vivre à Paris, perdre mon pucelage avant le bug de l'an 2000 et retrouver ma mère comme elle était avant ».
Salomé Kiner dresse le tableau de la misère sociale d'une jeunesse sans repères. Sujet courant de nombreux romans, le schéma se répète : la séparation, la mère dépressive, le père absent, les enfants largués…
La détresse présentée, bien qu'enrichie de références littéraires sur les thèmes chers à
Romain Gary ou
Jean-Jacques Rousseau, de l'étoile jaune et d'humour noire, n'a pas vraiment de force émotionnelle. La sexualité comme remède à tous les maux , imagée de descriptions redondantes dans une oralité certes imprégnée des réalités et des valeurs culturelles des banlieues pauvres confère une note de vulgarité sur tout le roman.
Sans doute dérangée par le style, je n'ai pu apprécier le tableau dépeint de cette jeunesse des années 1990, proie facile de la consommation effrénée. Cette histoire s'inscrit-elle seulement dans cette période ?