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Critique de domi_troizarsouilles


Quelle aventure que cette lecture ! Stephen King, je ne l'ai plus lu depuis… plus de 30 ans ! J'en ai parlé récemment sur un autre forum, me souvenant avec horreur (c'est le cas de le dire) d'un autre roman lu alors que j'avais 15 ans, et qui m'avait littéralement traumatisée. En parcourant ses différents titres vite fait, je me suis rappelé ensuite que, en fait, j'en ai déjà lu deux de lui, probablement à la même époque… peut-être dans une tentative de me réconcilier avec ma première impression. Mais il faut croire que ça n'a pas suffi alors, car je suis sûre et certaine que je n'en ai ensuite plus jamais lu. Je me vois même soupirer à chaque nouvelle sortie du King, largement relayée par la presse, au rang de best-seller à la moindre nouvelle parution… tandis que je me désolais de ne pas parvenir à dépasser ce qui était devenu un véritable « blocage », et me camouflant derrière cette idée de certains que, puisque c'est un best-seller, ce n'est pas de la littérature…
Bref, les coupables étaient « Simetierre » que je n'ai jamais digéré et dont le souvenir de l'ultime phrase me glace encore parfois ; et « Marche ou crève », qui ne m'a paradoxalement pas vraiment laissé de souvenir…

Mais voilà, je ne sais plus trop comment j'étais tombée sur celui-ci et l'avais placé en WL – après tout, après tant de temps, et même si j'ai gardé une évidente émotivité, j'ai un peu plus de maturité qu'à mes 15 ans (du moins je l'espère !). Ainsi, quand il a été proposé en lecture commune sur un challenge, je me suis dit que c'était l'occasion.

Évidemment, les connaisseurs avaient raison : cet opus de King n'a rien à voir avec les deux précédents cités plus haut – ou, du moins, rien à voir avec le souvenir que j'en ai ! Ici, on rencontre Jake, jeune prof d'anglais passionné par son métier (il y a quelques superbes passages sur la vocation d'un enseignant !), et ami d'Al, le vieux gérant d'une espèce de food-truck. al lui apprend qu'il existe un « passage » lui permettant de retourner encore et encore à une heure précise du 9 septembre 1958, et de revenir ensuite dans le monde d'aujourd'hui en 2011, où 2 minutes s'écoulent, quel que soit la durée de son séjour dans le passé à partir de ce 9 septembre 1958. Mais surtout, l'obsession d'al est de retourner dans ce passé et d'y rester assez longtemps pour empêcher l'assassinat de Kennedy, le 22 novembre 1963. Or, al est gravement malade, mais parvient à arracher à Jake la promesse de poursuivre son « travail »…

À partir de là, King nous offre un roman majeur, extrêmement bien documenté. J'ai déjà brièvement évoqué la façon convaincante dont il aborde le thème de l'enseignement, mais en fait tous les thèmes sont du même acabit. Quand on est en 1958, on est vraiment en 1958 : tout est rendu avec un réalisme époustouflant, au fil des pas de Jake, de ses découvertes et autre échos du passé – on a tous l'une ou l'autre image de ces années-là, même si on n'y a pas vévu (même pas moi hein !), et c'est exactement ça qui nous est rendu ici. L'ambiance y est, de même que les réalités de l'époque, tous ces objets (les voitures par exemple), ces mini-événements du quotidien, la façon d'envisager les relations homme-femme, etc. ; il n'y a pas un seul faux pas ! ou, s'il y en a (après tout, je ne suis pas spécialiste de ces années-là), ou si King a joué avec quelques détails comme il le laisse entendre en postface, ça passe complètement inaperçu. L'intrigue est convaincante de bout en bout, agrémentée d'une très belle histoire d'amour.

Tout cela se dévoile dans une écriture chirurgicale, ce qui est bien et pas bien tout à la fois – et je m'excuse d'emblée auprès des chirurgiens s'il s'en trouve l'un ou l'autre à lire un jour ce commentaire ! En effet, j'entends ici « chirurgical » dans le sens où c'est précis, ça va droit au but sans faux-semblant, c'est efficace et ça marche. En revanche, si ça provoque bien l'attachement à l'un ou l'autre personnage, si ça plonge dans le monde de 1958 à 1963 de façon magistrale, c'est par contre moins apte à créer une émotion vraie. J'en veux pour preuve que, pour moi l'hyper-sensible qui ne peux finir un film de Disney ou une quelconque romance sans verser un torrent de larmes, ici pas une seule n'a coulé. Certes, certains passages sont très doux et sont à un doigt de provoquer une émotion qui prendrait aux tripes, mais il manque systématiquement ce petit-quelque-chose, ce je-ne-sais-quoi qui fait que le coeur ouvre les vannes des yeux…

Une autre déception, qui fait que je ne donne finalement pas une note excellente à ce livre, c'est qu'il est très long en nombre de pages, ce qui en soi ne me dérange pas (du tout), mais en plus il présente des longueurs. En fait, il est divisé en 31 chapitres répartis en 4 parties, chaque chapitre étant lui-même divisé en plusieurs sous-chapitres numérotés, allant de 5 à 8 il me semble… Je n'ai toujours pas bien compris à quoi servait un tel découpage – c'est vrai que 31 chapitres chacun avec ses sous-chapitres, c'est moins « effrayant » que si on compte environ 160 chapitres (si on fait un peu plus de 5 x 31) ! mais du coup chaque chapitre est interminable en nombre de pages. Or, si certains se lisent tranquillement (jusqu'à la moitié environ), il y a tout un passage (en gros, entre 60 et 80%, je n'ai pas retenu à quelques % près) qui est extrêmement long en termes d'intérêt du contenu ! Je n'en pouvais plus, ma seule motivation à continuer malgré tout était qu'on se rapprochait inexorablement de cette date fatidique du 22 novembre 1963, et que j'avais irrémédiablement envie de savoir si oui ou non Kennedy allait être tué, dans ce roman qui prenait peu à peu des allures d'uchronie ! Mais, sérieusement, toute cette partie-là aurait valu moitié moins de pages, si pas moins encore, c'était terriblement lassant – heureusement qu'elle était entrecoupée de bouts de l'histoire d'amour, sinon j'aurais peut-être lâché quand même…

En tout cas, même si l'histoire n'était pas toujours passionnante, l'Histoire était bien présente et on plongeait avec délectation dans cette ambiance de la fin des années 1950 - début 1960, rendue avec grand art et minutie ! le récit ne m'a pas toujours convaincue, mais l'histoire d'amour était très belle. Au final, le pari est réussi : je suis réconciliée avec Stephen King.
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