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Critique de OverTheMoonWithBooks


1992, une femme de presque 65 ans est interrogée au poste de police. D'abord elle parle dans son implication dans la mort de son mari, Joe Saint George, puis elle doit s'expliquer sur ses relations et ses possibles motivations pour avoir tué sa patronne, Vera Donovan, une "vieille garce" friquée selon ses propos.

C'est un roman de Stephen King assez déconcertant, du moins les 100 premières pages. Il faut le temps de s'habituer à ce long monologue de cette femme un peu beauf sur les bords dirions-nous (vulgaire, tics de langage typiques des classes ouvrières les moins instruites). Puis on se laisse vite prendre par le récit de l'engrenage de l'emprise décrit par ce personnage. Sortie tôt du système scolaire parce qu'elle était enceinte d'un garçon qui lui plaisait qu'elle a ensuite épousée comme cela se faisait à une époque. Puis cet adolescent lambda est devenu un mari violent, abusif et tyran domestique.
J'ai trouvé la relation avec sa patronne maniaque, distante, manipulatrice et froide (telle qu'elle est décrite dans le récit de Dolores Claiborne du moins) tout aussi intéressante et ironiquement résiliente pour cette femme dure à cuire et animée par une juste rage.

Une fois de plus j'ai été plus qu'agréablement surprise par ce roman du grand Stephen King trop souvent sous-évalué ou relégué à un statut de romancier d'horreur alors qu'il a l'étoffe d'un sacré écrivain. Une fois de plus les portraits psychologiques de ses personnages sont saisissants de vérité au point qu'on croirait les avoir croisé dans la rue. Et je trouve ce roman-ci d'une modernité assez incroyable dans la mesure où ce qu'il décrit dès 1993 (la violence domestique, l'emprise dans laquelle sont les victimes, la façon dont elles peuvent "péter un plomb" d'un coup tout en ressentant de la culpabilité, le déni, etc) alors que ces thèmes ne sont apparus dans le débat public de manière assez récente - et ils sont encore mal compris.
Une preuve supplémentaire, s'il en fallait, du pouvoir de la littérature dans la sensibilisation à l'autre et à des phénomènes quotidiens mal interprétés par le plus grand nombre. En cela, on peut dire que les romans peuvent transcender les jugements à l'emporte-pièce et les débats de comptoirs.
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