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Critique de Wazlib


On m'a parlé d'une série sympa, on m'a parlé d'un gros pavé littéraire réchaiuffant le corps et l'esprit coupé en deux par la volonté éditoriale française, on m'a parlé d'un grand retour de Stephen King, on m'a parlé d'un dôme et de Chester's Mill. On m'a dit « Tu vas voir, c'est cool, c'est un dérapage contrôlé, ça fourmille d'idées, ça fait froid dans le dos, ça fait réfléchir, ça reflète notre société, ça anticipe notre société, c'est visionnaire, c'est travaillé, c'est émancipé, c'est le grand retour de Stephen King, merde.
Bon alors moi, je ne vais pas parler de grand retour de Stephen King, car il y a encore peu je lisais sur une plage les pages de Duma Key, et j'étais réellement aux anges. Ca, c'était vraiment du pur chef-d'oeuvre. Alors grand retour, écoutez, je ne sais pas... S'il faut bien avouer que « Blaze » n'était pas top, « Juste avant le crépuscule » très décevant et « Doctor Sleep » très mal vu par la critique (je n'ai pas eu la chance de le lire) ; « 22/11/63 » et Duma Key, c'était du haut de gamme, quand même ! Alors on cherche un peu les slogans-choc, mais le retour du King s'est fait dans les années 90. N'ayez pas un train de retard, les gars.

Néanmoins, ce premier tome de Dôme est un très bon Stephen King ! Loin d'être un de ses meilleurs (du moins pour le moment, j'aurai une opinion plus tranchée à la fin du tome 2), il se démarque tout de même par une volonté de contrainte surprenante de la part de Stephen King. Partant d'un postulat absurde et invariable (un dôme mystérieux et incompréhensible s'abat soudainement sur la petite bourgade de Chester's Mill), toute l'histoire va se dérouler dans une espèce de huis-clos maquillé où maintes caractéristiques de King sont réunies, mais simplement à des endroits où on ne les attend pas (sauf si l'on connait un peu le bonhomme).
Effectivement, là où l'intrigue pourrait devenir épique et typique des romans fantastiques à suspens, King élabore une végétation complexe à partir des personnages hauts en couleurs de Chester's Mill. On se rend vite compte que le dôme est ici un prétexte de plus à Stephen King pour décrire une humanité déraillée, où la raison et la morale sont des concepts ayant très mal vieillis depuis Kant.
de manière assez paradoxale, si l'intrigue est captivante par le foutoir relationnel et coups en douce se passant sous le dôme, j'ai été surpris de ne pas avoir une relative profondeur supplémentaire dans le développement des personnages. Si le lecteur saura bien aisément comprendre les principales caractéristiques de chacun (Rennie, Barbie...), il sera peut-être un peu désarçonné par cette surface intriguante que l'on ne dépasse parfois pas. Bien heureusement, la magie de l'écriture et les inter-relations fantastiquement complexes mises en place par King font rapidement oublier cela et livrent une lecture qui est, il faut le dire, extrêmement plaisante.
le grand retour de Stephen King, c'est peut-être dans sa capacité retrouvée à créer des « page-turners », des pavés de plus de mille pages qui se dévorent à une vitesse folle. Si l'échéance de mes examens universitaires ne m'avait pas éloigné de la lecture, j'aurais certainement eu mille fois le temps et l'envie de lire le tome 2 ! Chose que je vais rattraper sous très peu. En tous les cas, ces pages qui défilent à une vitesse folle trouvent leur explication dans le coup de pied au cul que nous met King au début du roman : pas de préliminaires , pas d'apéro : on est projeté dans le vif du sujet, et c'est très certainement vivifiant. Les méandres des personnages n'étant que peu explorées, on arrive globalement à ce gros livre qui paraît malgré tout bien épuré face à un « Ca », par exemple. Pour ce qui est de la coupure entre les deux tomes, elle me paraît plutôt bien choisie pour le moment, puisque l'aqme pointe le bout de son nez à la fin du tome 1, laissant présager un tome 2 à se vriller l'imagination.
Alors Dome c'est très bon. C'est pas le chef-d'oeuvre, du moins pendant le tome 1, que certains décrivent. Mais ce n'est clairement pas non plus une voie de facilité que King a emprunté (comme on le lit parfois). L'humanité et sa cruauté face à un épuisement des standards psychologiques, le délitement d'une logique que tout le monde croyait acquise, vous feront bien réfléchir aux portes de vos nuits.
Et même si l'intérêt de ce roman n'est pas là, je vais me presser de lire le tome 2 pour pouvoir répondre à cette question secouante : quel est ce putain de dôme ?
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